Résumé :
- Le DOJ exige formellement que Google cède Chrome, son navigateur phare
- Cette action fait suite à un jugement d’août 2024 établissant le monopole de Google
- La publicité liée aux recherches représente 49,4 milliards $ pour Google au dernier trimestre
- Le verdict final, attendu en 2025, pourrait transformer radicalement l’internet
Le 20 novembre 2024 restera gravé dans l’histoire de la tech comme le jour où le gouvernement américain a décidé de démanteler l’un des plus puissants empires numériques. Dans une proposition qui fait l’effet d’une bombe, le Department of Justice, soutenu par plusieurs États, demande la cession forcée de Chrome, le navigateur emblématique de Google. Cette initiative marque l’action antitrust la plus audacieuse depuis la célèbre affaire Microsoft de 2001.
UN GÉANT SOUS PRESSION
L’empire Google, bâti sur des années de domination du marché de la recherche en ligne, fait face à un défi sans précédent. Le juge Mehta a confirmé en août 2024 ce que beaucoup suspectaient : Google a violé la Section 2 du Sherman Act, la loi antitrust américaine, en maintenant illégalement son monopole sur la recherche en ligne.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Au dernier trimestre, la publicité liée aux recherches a généré 49,4 milliards de dollars, représentant 75% des revenus publicitaires totaux de l’entreprise. Une domination écrasante qui, selon le DOJ, étouffe toute concurrence effective sur le marché.
LES EXIGENCES QUI FONT TREMBLER LA SILICON VALLEY
Chrome n’est pas qu’un simple navigateur. Lancé en 2008, il est devenu la porte d’entrée privilégiée vers internet pour des milliards d’utilisateurs. Le DOJ le qualifie de « point d’accès critique à la recherche », soulignant son rôle stratégique dans la collecte de données utilisées pour le ciblage publicitaire.
La cession forcée de Chrome représenterait un bouleversement majeur dans l’écosystème numérique. Elle vise à créer des conditions plus équitables pour les concurrents et à briser le cercle vertueux qui renforce continuellement la position dominante de Google.
Le DOJ exige également que Google partage ses résultats de recherche américains avec les moteurs de recherche concurrents pendant dix ans. Cette mesure, combinée à l’obligation de donner aux sites web le choix de refuser la collecte de leurs données pour l’IA, vise à réduire l’avantage concurrentiel de Google. Concrètement, cela signifie que des moteurs comme Bing ou DuckDuckGo pourraient accéder à la même qualité de résultats que Google, créant ainsi une concurrence plus équitable.
💥 Le gouvernement US veut démanteler Google !
— MoneyRadar (@MoneyRadar_FR) November 21, 2024
Le dossier est accablant, la justice américaine frappe fort après avoir prouvé le monopole de Google.
Le plan est radical :
✅ la vente forcée de Chrome (potentiellement Android)
✅ le partage des données avec les concurrents… pic.twitter.com/aCvdNAWiZh
UN BOULEVERSEMENT MAJEUR EN PERSPECTIVE
L’histoire semble se répéter. Dans les années 90, Microsoft s’est retrouvé dans une situation similaire, accusé de groupage illégal d’Internet Explorer avec Windows. Le règlement de 2001, qui a forcé Microsoft à partager ses interfaces de programmation, a paradoxalement ouvert la voie à l’ascension de… Chrome.
Bien que Google ait déjà annoncé son intention de faire appel, les experts juridiques esquissent plusieurs scénarios possibles. Si une scission complète semble peu probable, la fin des accords d’exclusivité pourrait devenir réalité. Le géant de Mountain View devra probablement faire des concessions significatives pour préserver son empire.
L’enjeu est d’autant plus crucial que Google fait simultanément face à une autre bataille antitrust en Virginie concernant sa technologie publicitaire numérique. Ces procédures parallèles pourraient affaiblir significativement la position de l’entreprise dans les négociations à venir.