Résumé :
- L’État français détient un portefeuille de participations de 200 milliards d’euros dans 82 entreprises, dont 68,6 milliards dans 11 sociétés cotées (principalement Airbus, Safran et Thales)
- François Bayrou annonce des cessions possibles pour financer des programmes de recherche et d’investissement, sans réduire l’influence de l’État ni la dette publique
- Les participations cotées ont gagné 37% en un an grâce à l’envolée des valeurs de défense, avec Thales en hausse de 78% depuis janvier
- L’État a perçu 2,34 milliards d’euros de dividendes en 2023, avec un rendement souvent supérieur au coût de financement public
- Les experts alertent sur le caractère stratégique de ces participations et déconseillent des cessions précipitées qui pourraient s’avérer financièrement inopportunes
L’État français possède un portefeuille de participations valorisé à près de 200 milliards d’euros, réparti dans 82 entreprises dont 11 sociétés cotées en Bourse. Les participations cotées représentent à elles seules 68,6 milliards d’euros, en progression de 37% sur un an grâce notamment à l’envolée des valeurs de défense et d’aéronautique.
Les trois principales participations de l’Agence des participations de l’État (APE) sont Airbus avec 10,8% du capital pour 15,7 milliards d’euros, Safran avec 11,6% pour 14 milliards d’euros et Thales avec 26,6% pour 13,5 milliards d’euros. Cette valorisation record s’explique par les performances exceptionnelles du secteur de la défense, l’action Thales ayant progressé de 78% depuis janvier, dans un contexte de hausse généralisée des budgets militaires européens.
Le Premier ministre François Bayrou a annoncé le 15 juillet que l’État pourrait réduire ses participations dans certaines entreprises tout en conservant son influence. Les fonds dégagés serviraient exclusivement à financer des investissements et des programmes de recherche, et non à réduire la dette publique, cette dernière option n’étant pas comptabilisée dans les critères de Maastricht selon les règles européennes.
Bercy confirme qu’une réflexion est en cours sans préciser quelles entreprises seraient concernées. Les participations les plus susceptibles d’être allégées incluent FDJ United où l’État détient 21,1%, Engie avec 23,6%, voire Aéroports de Paris avec 50,4%, bien que cette dernière option présente des risques politiques importants.
Les experts financiers mettent en garde contre des cessions précipitées. Vincent Juvyns, directeur de la stratégie d’investissement chez ING Belgium, souligne que ces participations concernent des entreprises stratégiques et que leur rendement en dividendes dépasse souvent le coût de financement de l’État. En 2023, l’État a perçu 2,34 milliards d’euros de dividendes, dont 1,6 milliard provenant des sociétés cotées.
L’État a déjà procédé à des cessions par le passé, notamment dans Safran en 2015 et 2018, et dans Engie en 2017. Le portefeuille coté est passé de 85 milliards d’euros en 2014 à 68,6 milliards aujourd’hui, illustrant une tendance au désengagement progressif.
La Cour des comptes rappelle que l’État n’est pas un actionnaire ordinaire et que les enjeux de souveraineté priment sur la performance financière pure. L’APE a pour mission d’accompagner le développement et la transformation d’entreprises jugées stratégiques pour le pays.Au-delà de l’État, d’autres organismes publics détiennent des participations significatives dans des sociétés cotées, notamment Bpifrance qui est présent au capital de Stellantis, Worldline et Eutelsat, ainsi que la Caisse des dépôts et consignations qui détient des parts dans Euronext, Icade et la Compagnie des Alpes.