Résumé :
- Christophe Castaner, ancien ministre de l’Intérieur (2018-2020), a été nommé en décembre 2024 au sein du comité RSE de Shein, géant chinois de la fast-fashion.
- Cette nomination a suscité une vive polémique, notamment de la part du secteur du prêt-à-porter français qui dénonce un « partenariat honteux ».
- Dans une interview à La Tribune Dimanche, Castaner défend sa position en affirmant que Shein « démocratise la mode pour tous » et rejette les accusations de simple lobbying.
- L’ancien ministre s’oppose à la proposition de loi visant à taxer les produits de fast-fashion, la qualifiant de « moralisatrice ».
- Cette nomination s’inscrit dans une stratégie plus large de Shein, qui produit 7 200 nouveaux modèles par jour et cherche à améliorer son image en matière de responsabilité sociale et environnementale.
Une nomination qui fait débat dans le monde de la mode
Révélée en décembre 2024, la nomination de Christophe Castaner comme conseiller au sein du comité RSE de Shein a rapidement déclenché une controverse. L’ancien ministre rejoint ainsi l’enseigne chinoise aux côtés de personnalités comme Nicole Guedj, ancienne secrétaire d’État, et Bernard Spitz, ex-dirigeant du Medef. Cette décision intervient alors que l’entreprise, qui lance en moyenne 7 200 nouveaux modèles par jour, est régulièrement critiquée pour son impact environnemental et ses conditions de travail.
Entre défense et justification : Castaner sort du silence
Dans une interview accordée à La Tribune Dimanche, l’ancien ministre sort de sa réserve pour expliquer sa position. Pour lui, Shein représente « une entreprise jeune » qui atteint une « maturité » lui permettant d’évoluer positivement. Il défend notamment sa vision d’une « démocratisation de la mode pour tous », rejetant les accusations selon lesquelles il aurait été recruté uniquement pour son carnet d’adresses.
Un débat qui s’inscrit dans un contexte législatif tendu
La prise de position de Castaner intervient dans un contexte particulier, alors qu’une proposition de loi visant à taxer les produits de fast-fashion attend son examen au Sénat. L’ancien ministre s’oppose fermement à cette mesure, qu’il qualifie de « moralisatrice » et qu’il considère comme une « TVA sur des produits jugés trop populaires ».
Les enjeux d’une reconversion politique contestée
Cette nomination soulève également des questions sur la reconversion des personnalités politiques dans le secteur privé. Castaner dénonce un « mépris » à l’égard des anciens politiques, estimant que ses détracteurs le réduisent à son seul réseau. Il précise que Shein fait partie d’une douzaine d’entreprises qu’il conseille dans leur stratégie de développement.
Une reconversion pour le moins surprenante.
— Le Parisien (@le_Parisien) December 21, 2024
L'enseigne de fast fashion Shein, dont l’impact économique et social est régulièrement dénoncé, a nommé Christophe Castaner au sein d’un comité traitant des sujets de responsabilité sociétale des entreprises
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Fast-fashion et responsabilité sociale : un équilibre délicat
L’arrivée de Castaner chez Shein illustre les tensions actuelles entre accessibilité de la mode et responsabilité environnementale. Alors que l’entreprise affiche sa volonté d’amélioration continue, le secteur du prêt-à-porter français reste critique, qualifiant ce rapprochement de « partenariat honteux ».
Reste à voir si l’expertise de Castaner et du comité RSE permettra réellement de concilier les objectifs commerciaux de l’entreprise avec les exigences croissantes en matière de développement durable ou si, comme le pense ses détracteurs, il ne s’agit que d’un jeu d’influence et d’une ligne de plus dans un carnet d’adresse.