Résumé :
- François Bayrou étudie une suspension de la réforme des retraites de 2023, devant s’exprimer lors de sa déclaration de politique générale mardi à l’Assemblée nationale.
- Une réunion d’urgence s’est tenue samedi soir à Matignon avec les ministres clés du gouvernement pour examiner les différentes options.
- Le ministre de l’Économie propose une renégociation en 2025 suivie d’une suspension en 2026, une option critiquée par d’anciens ministres macronistes.
- Une conférence sociale avec les syndicats est prévue à Matignon d’ici la fin de la semaine.
- Le gouvernement doit trouver une solution d’ici jeudi pour éviter une motion de censure, tout en conciliant les exigences contradictoires du camp présidentiel et de l’opposition.
Une réunion cruciale à Matignon
Le week-end a été intense dans les bureaux de Matignon. Samedi soir, François Bayrou a convoqué une réunion d’urgence avec les poids lourds de son gouvernement, notamment les ministres de Bercy et du pôle social. Pendant deux heures, l’équipe a passé au peigne fin les différentes options budgétaires, avec une attention particulière sur le dossier des retraites.
La quadrature du cercle : « suspendre sans suspendre »
Le défi qui attend le Premier ministre relève de l’exercice d’équilibriste. D’un côté, les socialistes et la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, réclament une suspension immédiate de la réforme. De l’autre, Emmanuel Macron et Les Républicains s’opposent fermement à tout arrêt brutal du dispositif. « Il faut qu’on arrive à suspendre sans suspendre, et trouver ainsi la bonne sémantique », confie un conseiller de l’exécutif.
La stratégie Bercy : une suspension différée
Une piste se dessine du côté du ministère de l’Économie : renégocier la réforme Borne en 2025, avant d’envisager une suspension en 2026. Une proposition qui suscite de vives critiques, notamment chez les anciens ministres macronistes qui y voient « une erreur économique majeure pour un gain politique très faible ».
La carte syndicale comme solution ?
Pour sortir de l’impasse, François Bayrou mise sur une nouvelle approche : l’organisation d’une conférence sociale à Matignon avec les partenaires sociaux, prévue pour la fin de la semaine. Cette stratégie pourrait s’avérer payante : « Passer par les syndicats est la meilleure solution pour nous, car ils sont moins radicaux que les partis de gauche », explique un collaborateur gouvernemental.
Course contre la montre
Le temps presse pour le gouvernement. Aujourd’hui, les dernières consultations se poursuivent avec les différentes forces politiques. Mardi matin, un ultime tour de table est prévu avec les alliés du bloc central et LR, quelques heures seulement avant la déclaration de politique générale du Premier ministre à l’Assemblée nationale.
Les prochaines 48 heures décisives
L’enjeu est crucial : éviter la censure jeudi au Palais-Bourbon tout en préservant l’équilibre fragile entre les différentes forces politiques. La solution adoptée par François Bayrou devra satisfaire à la fois les exigences du camp présidentiel, les attentes des partenaires sociaux et les revendications de l’opposition. Un défi qui pourrait redessiner l’avenir de la réforme des retraites et, par extension, celui du gouvernement lui-même.