Résumé :
- Un record absolu de 64 650 défaillances d’entreprises enregistrées en octobre 2023
- Une augmentation de 46,4% des faillites pour les moyennes entreprises
- Les secteurs de l’immobilier et du transport sont les plus touchés avec plus de 40% d’augmentation
- Plus de la moitié des entreprises défaillantes ont plus de 10 ans d’existence
- Le phénomène dépasse de 8,9% la moyenne historique d’avant-crise
L’économie française traverse actuellement une période particulièrement délicate. Les dernières statistiques publiées par la Banque de France dressent un tableau préoccupant de la situation des entreprises hexagonales. Avec 64 650 défaillances enregistrées sur douze mois en octobre, contre 64 191 en septembre, le pays fait face à une vague de faillites sans précédent dans son histoire récente.
Cette tendance, bien que partiellement attribuée à un effet de rattrapage post-Covid, soulève de sérieuses inquiétudes quant à la santé économique du pays. En effet, même si la croissance annuelle des défaillances montre des signes de ralentissement, passant de 24% à 21%, les chiffres actuels dépassent largement les moyennes historiques.
Une crise qui dépasse les prévisions
La situation actuelle est d’autant plus alarmante qu’elle dépasse significativement les tendances observées avant la crise sanitaire. Les statistiques montrent un dépassement de 8,9% par rapport à la moyenne 2010-2019, qui s’établissait à 59 342 défaillances. Cette augmentation significative indique que nous ne sommes pas simplement face à un retour à la normale, mais bien dans une dynamique de crise plus profonde.
Si la Banque de France souligne qu’une partie de cette hausse est liée à un effet de rattrapage après la période Covid, il est important de noter que les aides d’État avaient permis d’éviter environ 50 000 défaillances entre 2020 et 2022. La fin de ces dispositifs de soutien révèle aujourd’hui la fragilité sous-jacente de nombreuses entreprises.
L’analyse sectorielle révèle des disparités importantes. Les activités immobilières arrivent en tête avec une hausse de 40,4% des défaillances, suivies de près par le secteur du transport et de l’entreposage (+40%). Les activités financières et d’assurance ne sont pas épargnées avec une augmentation de 30,9%, tandis que le secteur de la construction affiche une hausse de 28,4%.
La Start-up Nation c'est fini !
— MoneyRadar (@MoneyRadar_FR) October 29, 2024
Selon une récente étude, les défaillances d'entreprises de la French Tech ont atteint un pic en 2023 .
Près de 70 % des start-up françaises concernées avaient levé des fonds au cours des trois dernières années.
On vous prépare une vidéo ? pic.twitter.com/ziQEI4o4ep
Un impact différencié selon la taille des entreprises
Le constat le plus alarmant concerne les moyennes entreprises, qui enregistrent une augmentation de 46,4% des défaillances. Comme le souligne Thierry Millon, directeur des études Altares : « Plus que le nombre, c’est la taille des entreprises en défaut qu’il faut surveiller », car leurs difficultés « font peser un risque fort sur l’économie et l’emploi des territoires ».
Les petites entreprises ne sont pas épargnées, avec une hausse de 30,9% des défaillances, suivies par les très petites entreprises (+25,3%). Les microentreprises et entreprises de taille indéterminée affichent quant à elles une augmentation de 20,4%.
Les entreprises de taille intermédiaire (ETI) et les grandes entreprises semblent mieux résister, avec une augmentation limitée à 8,6% des défaillances. Cette relative stabilité s’explique notamment par leur plus grande capacité à absorber les chocs économiques et à s’adapter aux évolutions du marché.
Les perspectives et enjeux pour 2024
Selon l’analyse du groupe BPCE, si les quelque 65 000 défaillances prévues en 2024 ne constituent pas un « tsunami », elles représentent néanmoins le niveau le plus élevé des 15 dernières années. Un constat d’autant plus préoccupant que Julien Laugier, économiste du groupe, souligne que « l’actuelle vague de défaillances n’est pas du tout alimentée par la vague de créations d’entreprises ».
Un aspect particulièrement inquiétant de cette crise est que plus de la moitié des PME-ETI défaillantes ont plus de dix ans d’existence. Cette situation remet en question l’idée reçue selon laquelle l’ancienneté serait un gage de stabilité, comme le note BPCE : « Taille significative et ancienneté, qui auraient dû être sources de résilience, ne le sont pas ».
La Confédération des PME exprime ses inquiétudes face aux nouvelles mesures gouvernementales qui pourraient aggraver la situation. L’augmentation du coût de l’embauche des apprentis, la hausse des charges au niveau du SMIC, et le transfert vers les entreprises d’une partie de l’indemnisation des arrêts maladie sont autant de facteurs qui risquent de fragiliser davantage le tissu économique français.