Résumé :
- Trump et Starmer ont signé le premier accord de réduction tarifaire majeur lors du G7, faisant du Royaume-Uni le premier pays à obtenir de telles concessions de l’administration Trump
- Les tarifs sur les voitures britanniques passent de 25% à 10% (pour 100 000 véhicules/an) et sont totalement supprimés pour l’aérospatial, évitant ainsi des tarifs de 50% prévus le 9 juillet
- Les négociations ont échoué sur l’acier et l’aluminium en raison des inquiétudes américaines sur la propriété chinoise de British Steel, laissant ce secteur dans l’incertitude
- L’accord ouvre 5 milliards de dollars d’opportunités mais reste limité vu la faible part du Royaume-Uni dans le commerce US total
- Cette réussite bilatérale pourrait inspirer d’autres pays à négocier directement avec Trump, démontrant que des accords sont possibles malgré les tensions commerciales globales
Un soulagement immédiat pour l’industrie automobile britannique
L’accord arrive à point nommé pour les constructeurs automobiles britanniques qui faisaient face à une échéance critique. Sans cette entente, ils auraient été frappés par des tarifs punitifs de 50% dès le 9 juillet. Au lieu de cela, les tarifs sur les voitures britanniques chutent de 25% à seulement 10% pour les 100 000 premiers véhicules exportés chaque année vers les États-Unis.
Cette bouffée d’oxygène est particulièrement bienvenue pour des entreprises comme Jaguar Land Rover, qui avaient déjà suspendu leurs expéditions outre-Atlantique face à l’incertitude tarifaire. Le secteur aérospatial britannique sort encore plus gagnant : les tarifs sont tout simplement supprimés, offrant un avantage concurrentiel immédiat aux entreprises du secteur.
Une victoire diplomatique pour Starmer, mais des zones d’ombre persistent
« C’est une très bonne journée pour nos deux pays, un vrai signe de force », s’est félicité Keir Starmer après la signature. Le Premier ministre britannique peut effectivement se targuer d’avoir obtenu ce que personne d’autre n’avait réussi : le Royaume-Uni devient le premier pays à sécuriser un tel accord avec l’administration Trump.
Pourtant, l’enthousiasme reste mesuré dans certains secteurs. La question cruciale de l’acier et de l’aluminium demeure en suspens. Les négociateurs n’ont pas réussi à s’entendre sur ces matériaux stratégiques, notamment en raison des inquiétudes américaines concernant la propriété chinoise de British Steel. Le secrétaire au Commerce américain, Howard Lutnick, devra établir des quotas d’importation, mais les modalités restent floues.
Trump mise sur les relations personnelles
L’approche très personnelle de Trump transparaît dans ses déclarations. Lorsqu’on lui demande si l’accord protège le Royaume-Uni de futures menaces tarifaires, sa réponse est révélatrice : « Le Royaume-Uni est très bien protégé. Vous savez pourquoi ? Parce que je les aime bien. C’est leur protection ultime. »
Cette déclaration, qui pourrait sembler désinvolte, illustre en réalité la stratégie transactionnelle du président américain. Dans un moment presque comique, Trump a même brièvement laissé tomber le document qu’il venait de signer, avant de le ramasser en déclarant « C’est signé et c’est fait », confondant initialement l’accord avec un traité concernant l’Union européenne.
Des retombées économiques significatives mais limitées
L’accord ouvre 5 milliards de dollars de nouvelles opportunités pour les exportateurs américains, tout en garantissant aux manufacturiers britanniques un accès prévisible au marché américain. Les deux pays ont également convenu d’un accès réciproque à 13 000 tonnes métriques de bœuf, avec l’assurance que les importations américaines devront respecter les normes alimentaires britanniques strictes.
Cependant, les économistes tempèrent l’enthousiasme. Si l’accord apporte un soulagement bienvenu à des secteurs spécifiques, son impact économique global reste modeste. Le Royaume-Uni ne représente qu’une part relativement faible du commerce américain total, limitant ainsi la portée réelle de ces concessions tarifaires.
Un précédent pour d’autres négociations ?
Cet accord bilatéral pourrait servir de modèle pour d’autres pays cherchant à éviter les tarifs punitifs de l’administration Trump. Il démontre que des négociations directes peuvent aboutir, même dans un contexte de tensions commerciales globales. Le ministre britannique du Commerce, Jonathan Reynolds, n’a pas caché sa satisfaction : « Mettre en œuvre des accords commerciaux peut prendre plusieurs mois, pourtant nous livrons les premiers résultats en quelques semaines. »
L’entente, qui entrera en vigueur sept jours après sa publication au Federal Register américain, représente une victoire tactique pour le gouvernement Starmer. Elle prouve que le Royaume-Uni post-Brexit peut encore négocier des accords avantageux avec les grandes puissances économiques, même si le chemin vers un accord commercial complet avec les États-Unis reste semé d’embûches.
Pour l’industrie pharmaceutique britannique, autre secteur clé, les négociations se poursuivent. Les deux parties se sont engagées à obtenir des « résultats significativement préférentiels », mais aucune percée n’a été annoncée pour l’instant. Le travail continue également pour protéger l’industrie britannique d’éventuels futurs tarifs dans le cadre des enquêtes de la Section 232 menées par le département du Commerce américain.