Résumé :
- Record historique de 67 830 défaillances d’entreprises en France en 2024, menaçant plus de 255 737 emplois à l’échelle nationale
- Plus de 46 000 procédures (2/3 des cas) aboutissent à une liquidation judiciaire, avec un taux de conversion en liquidation de 75% pour les redressements judiciaires
- Forte hausse des défaillances dans les services aux entreprises (+35% vs 2023), l’industrie et le transport, tandis que seul le commerce de détail montre des signes d’amélioration
- Les grandes PME (50+ salariés) sont particulièrement touchées avec +27% de défaillances sur un an, notamment à cause des difficultés de remboursement des PGE
- L’Île-de-France, les Bouches-du-Rhône et le Nord sont les départements les plus impactés, avec des cas emblématiques comme Milee (10 000 emplois) et Pimkie
Un tsunami de défaillances post-Covid
L’année 2024 marque un tournant dramatique dans l’histoire économique française avec 67 830 procédures collectives enregistrées. Ce chiffre record s’explique en grande partie par l’effet de rattrapage suite au gel des procédures pendant la période Covid-19. « Des moratoires avaient été mis en place pour permettre aux entreprises en difficulté d’étaler leurs dettes sur plusieurs années », explique Thierry Millon, directeur d’étude chez Altares. Mais cette parenthèse est désormais refermée, et les tribunaux de commerce croulent sous les dossiers depuis fin 2023.
Des liquidations judiciaires en cascade
Le constat est alarmant : plus de 46 000 procédures, soit deux tiers des cas, aboutissent à une liquidation judiciaire pure et simple. Plus inquiétant encore, parmi les procédures de redressement judiciaire restantes, trois quarts se transformeront également en liquidation. Cette situation traduit une fragilité profonde du tissu économique français, avec des entreprises qui peinent à retrouver leur équilibre financier.
Tous les secteurs dans la tourmente
Le rapport d’Altares révèle une dégradation générale touchant la quasi-totalité des secteurs :
Les services aux entreprises sont particulièrement affectés avec une hausse de 35% des défaillances par rapport à 2023, et même +125% par rapport à 2019. Le secteur de la sécurité privée et du nettoyage des bâtiments paye notamment un lourd tribut à la généralisation du télétravail.
L’industrie n’est pas épargnée, notamment dans l’automobile et le textile, comme l’illustre le cas emblématique du Coq Sportif placé en redressement judiciaire. Le transport routier de marchandises traverse également une période critique, confronté à une baisse d’activité et des marges très réduites.
Seul le commerce de détail semble tirer son épingle du jeu, mais cette apparente amélioration masque une forte détérioration dans le commerce de gros.

Les grandes PME également touchées
Fait marquant de 2024 : même les entreprises de plus de 50 salariés n’échappent pas à la crise. Les défaillances dans cette catégorie ont bondi de 27% sur un an et de 56% par rapport à 2019. « Une partie de ces structures tombent notamment parce qu’elles peinent à rembourser leurs prêts garantis par l’État« , précise Thierry Millon, qui pointe également des problèmes structurels comme le manque de fonds propres et une rentabilité insuffisante.
Une crise qui frappe tout le territoire
L’Île-de-France concentre naturellement une part importante des défaillances, avec plus de 26 000 emplois menacés à Paris (+102% par rapport à 2019). Mais d’autres régions sont durement touchées :
Les Bouches-du-Rhône arrivent en deuxième position avec 23 000 emplois menacés, marquées notamment par la liquidation de Milee qui a entraîné plus de 10 000 licenciements.
Le Nord enregistre près de 10 000 emplois menacés, avec plusieurs cas retentissants dans le secteur de l’habillement, dont Pimkie et Chaussexpo.
🚨 ALERTE : Nouveau record historique de faillites d'entreprises en France !
— MoneyRadar (@MoneyRadar_FR) January 29, 2025
Plus de 67 000 sociétés en défaillance en 2024, un niveau jamais vu.
La situation est alarmante👇🧵 pic.twitter.com/GY2qWUPoQS
Perspectives 2025 : la vigilance reste de mise
« Je pense que nous ne sommes pas loin du plafond. Mais il est probable que nous ne soyons pas sur un pic mais plutôt sur un plateau« , analyse Thierry Millon. Cette prévision suggère que 2025 pourrait maintenir un niveau élevé de défaillances d’entreprises, appelant à une vigilance accrue des acteurs économiques et des pouvoirs publics.
Face à cette situation préoccupante, la question de la résilience du tissu économique français se pose avec acuité. Entre l’effet domino qui menace les sous-traitants des grandes entreprises en difficulté et l’accumulation des dettes Covid, les défis restent nombreux. Pour approfondir votre compréhension de la situation économique actuelle et ses implications, consultez les analyses détaillées du cabinet Altares et suivez les indicateurs économiques de la Banque de France.