Résumé :
- Binance introduit BFUSD avec une supply totale de 20 millions de tokens
- Le rendement annuel de 19,55% est distribué quotidiennement sans verrouillage des fonds
- Les utilisateurs européens sous régulation MiCA sont exclus des récompenses
- Le mécanisme de garantie manque de transparence, ravivant les craintes d’un nouveau Terra
Une proposition alléchante dans un marché concurrentiel
Le lancement de BFUSD s’accompagne d’une promesse audacieuse : un rendement annuel de 19,55% distribué quotidiennement aux détenteurs. Une offre qui semble particulièrement attractive dans le paysage actuel des cryptomonnaies, même si elle reste inférieure aux 29% proposés par le concurrent Ethena avec son stablecoin sUSDe.
Le mécanisme se veut simple et accessible : pas de staking complexe, pas de période de blocage contraignante. Les utilisateurs reçoivent leurs récompenses chaque jour directement sur leurs comptes UM Futures, avec un calcul basé sur le plus bas solde horaire de leurs avoirs en BFUSD. Cette simplicité apparente cache cependant un système plus complexe, où les utilisateurs doivent maintenir une activité de trading régulière pour activer le mécanisme de récompense.
L’annonce a déjà eu un impact positif sur l’écosystème Binance, avec une hausse de 0,70% du cours du BNB à 621,94 dollars. Le token BFUSD peut également servir de collatéral en mode Multi-Asset avec un ratio de 100%, offrant ainsi des possibilités supplémentaires aux traders actifs.
Des zones d’ombre qui rappellent le désastre Terra
Si l’offre paraît séduisante, plusieurs éléments soulèvent des inquiétudes légitimes dans la communauté crypto. Le tableau de bord initial du BFUSD affichait des réserves et des fonds de garantie à zéro, une situation préoccupante rapidement masquée par la disparition des chiffres de la page dédiée. Cette opacité sur la composition des réserves ravive le souvenir douloureux de l’effondrement de Terra UST.
Bien que Binance annonce un ratio de collatéralisation de 105,54% et un fonds de réserve de 1,1 million USDT, l’absence de détails sur le mécanisme générant ces rendements exceptionnels suscite la méfiance. La stabilité d’un stablecoin repose essentiellement sur la transparence de ses garanties et la solidité de ses mécanismes de maintien du peg, deux aspects qui restent flous dans le cas du BFUSD.
🔥 JUST IN: Binance launches stablecoin $BFUSD.
— Cointelegraph (@Cointelegraph) November 18, 2024
The yield-bearing stablecoin can also be used as collateral for trading and borrowing. pic.twitter.com/ZKmIGsFRFv
Un lancement sous haute surveillance
Le déploiement de BFUSD s’accompagne de nombreuses restrictions qui témoignent d’une approche prudente, peut-être imposée par le contexte réglementaire tendu. Les quotas de détention sont strictement limités selon le niveau VIP des utilisateurs, créant une forme de ségrégation au sein de la communauté Binance.
Les contraintes géographiques sont également significatives. Les utilisateurs des pays où Binance Futures n’est pas autorisé, comme le Brésil, n’ont pas accès au stablecoin. Plus notable encore, les détenteurs situés dans la zone d’application de la régulation MiCA ne peuvent que vendre leurs BFUSD, sans bénéficier des récompenses promises.
Ces restrictions s’inscrivent dans un contexte où Binance tente de se reconstruire une image de plateforme responsable, après l’échec de BUSD. Rappelons que son précédent stablecoin avait dû être progressivement abandonné suite à l’intervention du régulateur new-yorkais NYDFS, conduisant à son retrait du fonds SAFU et à l’arrêt complet de son support en décembre 2023.