Résumé :
- BNP Paribas, SG, Crédit Mutuel et CIC mutualisent leurs automates sous la bannière Cash Services
- Objectif : 7000 distributeurs interbancaires accessibles à tous leurs clients d’ici fin 2026
- Déjà 300 sites déployés, près de 3000 prévus fin 2025
- Plus de services pour les clients et une solution pour désenclaver les communes rurales
Nous n’y prêtons plus guère attention lorsque nous retirons de l’argent liquide au distributeur. Et pourtant, une petite révolution est en marche dans ce réseau de 48 000 automates bancaires que compte l’Hexagone. Depuis plus de 4 ans, BNP Paribas, la Société Générale, le Crédit Mutuel Alliance Fédérale et leurs filiales (CIC, Hello Bank, Monabanq…) préparent une vaste mutualisation de leurs parcs de guichets automatiques, sous la bannière commune Cash Services. Un chantier titanesque piloté par une coentreprise dédiée, baptisée 2SF (pour Société des Services Fiduciaires).
Le principe : faire migrer progressivement quelque 10 000 automates vers un nouveau réseau interbancaire unifié et interopérable, où chaque client pourra retirer des espèces, déposer des chèques et accéder à son compte, quel que soit sa banque d’origine. Un monde où les frontières entre établissements s’estompent au profit d’un maillage partagé, censé allier optimisation des coûts et qualité de service. Pour les banques fondatrices, Cash Services doit permettre de diminuer la facture d’entretien de ces machines coûteuses. Pour les clients, c’est la promesse de retrouver son argent et ses services habituels dans davantage de points, grâce aux regroupements.
Des distributeurs universels pour simplifier la vie des clients
Lancé en novembre 2023 avec une première poignée d’automates « communautaires » migrés, Cash Services a avancé à bas bruit ses pions durant plus d’un an. Le temps de mettre au point le délicat système permettant aux automates de reconnaître l’ensemble des cartes des réseaux partenaires et d’afficher l’interface idoine. Olivier Fournier, le président de 2SF, indique :
« Nous en sommes aujourd’hui à 300 sites opérationnels, après une longue phase de développements informatiques et de tests, notamment pour les automates multi-services en agence »
L’heure de la vitesse de croisière a sonné :
« Il y aura 1000 Cash Services déployés à la fin du premier semestre 2025 et près de 3000 à la fin de l’année »
Avec un objectif cible de 7000 automates interbancaires au second semestre 2026.
Concrètement, un automate Cash Services se reconnaît à son habillage vert et blanc et son logo en forme de main aux multiples couleurs. « Communautaire« , il est ouvert à tous les clients détenteurs d’une carte des banques partenaires. Lorsque le client insère sa carte, l’écran d’accueil s’affiche instantanément aux couleurs de son établissement bancaire. Mais les fonctionnalités et les options proposées sont strictement identiques, où qu’il se trouve, dans une agence BNP, un Corner Crédit Mutuel ou en pleine rue.
Techniquement, l’opération consiste à connecter des automates existants – 5000 en agences et 2000 hors agences – à une nouvelle plateforme informatique centrale, commune aux quatre enseignes. Olivier Fournier vulgarise :
« Nous partons de matériels différents selon les parcs d’origine et nous les rendons compatibles et interopérables »
Un vrai défi quand on sait qu’il existe quatre grands types de distributeurs automatiques – les mono-fonctions qui ne font que cracher des billets, les recyclants qui réutilisent l’argent déposé pour le redistribuer, ceux adossés aux guichets et les automates multi-services, avec à chaque fois plusieurs générations et des ergonomies propres. Le président de 2SF précise :
« Sur les sites hors agences, essentiellement des mono-fonctions, la migration est assez simple. Elle est beaucoup plus complexe pour les automates situés en agences, qui vont jusqu’à lire et compter les chèques. Cela demande des développements spécifiques pour que toutes les fonctionnalités soient accessibles quelle que soit la banque d’affiliation »
C’est notamment le cas pour les versements d’espèces qui transitent par les automates recyclants. Avec Cash Services, un client Société Générale peut désormais déposer des billets sur son compte depuis un automate CIC, puis les retirer dans les minutes qui suivent depuis un appareil BNP Paribas. La réconciliation entre les différents systèmes d’information est quasi instantanée.
Cash Services : un plan de déploiement millimétré à l’échelle nationale
Après plus d’un an de tests en situation réelle dans des agences pilotes, la migration vers Cash Services a été validée et peut désormais se déployer à grande échelle. Mais ce basculement ne se fait pas en un claquement de doigts pour autant. Il répond à un plan de déploiement progressif, établi par 2SF.
Car chaque mise en service d’un automate Cash Services mobilise une petite armée de l’ombre : des transporteurs de fonds pour livrer et charger la machine en billets, des prestataires informatiques pour le paramétrage et les branchements, parfois des entreprises de bâtiment pour les aménagements nécessaires…
« Impossible de basculer tous les automates d’une région d’un seul coup, ce serait la paralysie”
D’autant qu’il faut maintenir un service minimum dans la zone concernée durant les quelques heures que dure l’opération.
Le plan de marche de Cash Services suit donc une cadence millimétrée, avec environ 300 nouveaux sites par mois. Le choix des zones de déploiement dépend notamment du maillage existant et des éventuels doublons. Car l’un des enjeux de ce projet est aussi d’optimiser l’implantation territoriale des automates. Dans les centres urbains très denses, la mutualisation va de pair avec des fermetures de distributeurs redondants. À l’inverse, dans les zones peu équipées ou dépourvues de DAB, des implantations nouvelles ne sont pas exclues.
Des services inédits pour séduire tous les clients
Pour les clients bancaires, la promesse est double : disposer de plus de points de retrait dans l’Hexagone – un atout pour ceux des réseaux historiquement moins dotés comme le CIC ou les néobanques comme Hello Bank et Monabanq – tout en bénéficiant de services harmonisés et enrichis sur tous les automates. Les développements informatiques ont notamment permis de déployer le retrait sans contact sur tout le parc Cash Services équipé de lecteurs compatibles.
Le président de 2SF avance :
« D’autres innovations sont à venir, notamment le retrait d’espèces via un smartphone grâce à une carte numérique, sans passer par le circuit traditionnel des cartes physiques »
De quoi s’adapter aux nouveaux modes de consommation, tout en capitalisant sur la confiance des Français dans le réseau des distributeurs de billets. Car selon le dernier rapport annuel de la Banque de France, le nombre de retraits d’espèces aux automates bancaires reste stable en 2023, à 1,3 milliard d’opérations, pour un montant moyen de 137 millions d’euros par jour.
Cash Services se positionne aussi comme une réponse possible à la fracture territoriale qui touche de nombreuses communes rurales ou périurbaines privées de distributeurs. Olivier Fournier annonce :
« Dans le courant du deuxième trimestre 2025, nous serons en capacité d’étudier les demandes d’implantation de DAB émanant des collectivités locales »
Une façon de mieux mailler les zones blanches en privilégiant le modèle de mutualisation. L’année 2025 sera donc cruciale pour Cash Services, à la fois en termes de déploiement et d’innovations.
Avec Cash Services, BNP Paribas, la Société Générale, le Crédit Mutuel et le CIC font le pari d’un réseau de distributeurs automatiques mutualisé et optimisé, au bénéfice de tous leurs clients. Un projet d’envergure qui allie réduction des coûts et amélioration du service, avec à la clé de nouvelles fonctionnalités pratiques et une meilleure couverture territoriale. 2025 sera l’année de la vitesse de croisière pour ce chantier titanesque, qui vise 7000 automates interbancaires à horizon 2026.
Cash Services ouvre aussi la voie à de futures innovations, comme le retrait mobile, et à des partenariats inédits avec les collectivités locales privées de DAB. Une petite révolution en marche, qui pourrait agréger de nouvelles banques à l’avenir et faire bouger les lignes du paysage bancaire français. Les automates ont encore de beaux jours devant eux !