Résumé :
- Les ventes de Tesla dans l’UE se sont effondrées de 45% au premier trimestre 2025, tombant à 36 167 véhicules (contre 65 774 en 2024), malgré une hausse générale du marché automobile européen de 2,8%.
- Les profits trimestriels de Tesla ont chuté de 71% (409 millions de dollars), avec un chiffre d’affaires en baisse de 9% (19,34 milliards de dollars).
- Cette débâcle est largement attribuée au rapprochement d’Elon Musk avec Donald Trump et son rôle dans l’administration américaine, entraînant boycotts et actes de vandalisme contre la marque.
- Les politiques commerciales protectionnistes de Trump (tarifs de 25% sur les importations automobiles) aggravent la situation en perturbant les chaînes d’approvisionnement mondiales.
- Face à cette crise, Musk a annoncé qu’il réduirait son implication dans l’administration Trump dès mai pour se reconcentrer sur Tesla, qui promet de lancer de nouveaux modèles « plus abordables » au premier semestre 2025.
Une descente aux enfers en chiffres
Les données sont implacables. Alors que les immatriculations de voitures neuves en Europe progressent de 2,8%, portées par l’engouement pour les véhicules électriques, Tesla s’enfonce dans la crise. Le constructeur n’a écoulé que 36 167 véhicules contre 65 774 sur la même période en 2024. Pour le seul mois de mars, la chute atteint 36% par rapport à l’année précédente.
Cette débâcle commerciale se traduit par un effacement progressif de Tesla sur le Vieux Continent : sa part de marché s’est réduite comme peau de chagrin, passant de 2,9% à seulement 2% en un an. Un recul d’autant plus douloureux que des constructeurs comme Renault et Volkswagen, eux, surfent sur la vague verte européenne.
L’effet Trump, un boulet pour Tesla
Comment expliquer ce naufrage ? L’élément déclencheur semble avoir un nom : Donald Trump. Le rapprochement spectaculaire d’Elon Musk avec le président américain, jusqu’à prendre les rênes du très controversé « département de l’efficacité gouvernementale », a transformé le PDG de Tesla en figure politique clivante.
Ce virage politique a eu des conséquences concrètes et brutales : des concessions Tesla vandalisées, des manifestations hostiles et des appels au boycott se sont multipliés des deux côtés de l’Atlantique. L’image de marque progressiste et écologique que Tesla avait soigneusement construite s’est effilochée à mesure que son patron s’impliquait dans une administration critiquée pour ses coupes budgétaires et son accès controversé à des bases de données personnelles sensibles.
Face à l’hémorragie, Musk a finalement annoncé qu’il allait réduire son rôle dans l’administration Trump dès le mois prochain pour se reconcentrer sur Tesla. Une décision qui intervient peut-être trop tard pour enrayer la spirale négative.
Une débâcle financière généralisée
Les chiffres financiers publiés par Tesla mardi dressent un tableau tout aussi sombre. Le bénéfice trimestriel s’est effondré de 71%, plongeant à 409 millions de dollars. Le chiffre d’affaires n’a pas été épargné avec un recul de 9%, à 19,34 milliards de dollars.
Toute la chaîne de production est touchée : la fabrication a reculé de 16% à 362 615 unités, tandis que les livraisons ont chuté de 13% à 336 681 véhicules. Le bénéfice par action s’est également effondré, passant de 0,45 à 0,27 dollar, bien en-dessous des 0,42 dollar attendus par les analystes.
Tesla a tenté d’expliquer cette dégringolade par « l’évolution du sentiment politique » et l’incertitude croissante sur les marchés automobile et énergétique. Une façon à peine voilée de reconnaître que l’engagement politique de Musk a entaché l’image de la marque.
La guerre commerciale de Trump aggrave la situation
Comme si cela ne suffisait pas, les politiques commerciales agressives de Trump ajoutent une couche de difficultés. L’instauration de droits de douane de 25% sur les voitures importées aux États-Unis perturbe toute la chaîne d’approvisionnement mondiale et la structure des coûts de Tesla.
Sur le crucial marché chinois, Tesla a déjà dû retirer deux de ses modèles. Une décision lourde de conséquences alors que la concurrence des constructeurs chinois se fait de plus en plus pressante en Europe comme ailleurs.
Des promesses en l’air ?
Face à cette tempête parfaite, Tesla tente de rassurer en promettant l’arrivée de « nouveaux véhicules plus abordables » pour le premier semestre 2025. La marque américaine mise notamment sur un modèle à moins de 25 000 euros dont la production devrait atteindre 250 000 unités aux États-Unis en 2026, avant un déploiement en Chine et en Europe.
Mais le mystère qui entoure ce véhicule salvateur et le silence étonnant de Tesla à son sujet alimentent les doutes. L’objectif initial d’Elon Musk d’une croissance des ventes de 20 à 30% en 2025 semble aujourd’hui relever de la pure fantaisie.
La question est désormais de savoir si Tesla parviendra à redresser la barre une fois qu’Elon Musk aura pris ses distances avec l’administration Trump. Le mal est-il déjà fait ? Les prochains mois seront décisifs pour l’avenir du pionnier de la voiture électrique qui, pour la première fois de son histoire, voit son aura s’assombrir considérablement sur le marché européen.