Résumé :
- L’or atteint 3300$ l’once après +34% en 2024, poussé par l’inflation et les tensions commerciales
- JP Morgan vise 3650$ fin 2025 et 4100$ mi-2026, révisant ses prévisions à la hausse
- La dédollarisation et les achats des banques centrales chinoises alimentent la demande
- Trois options d’investissement : ETF, or physique, produits structurés
- Allocation recommandée : jusqu’à 10% du patrimoine financier
- Performance sur 5 ans exceptionnelle, mais les actions restent supérieures sur 40 ans
Tout l’or extrait dans l’histoire de l’humanité ne remplirait que quatre piscines olympiques. Cette statistique saisissante illustre parfaitement la rareté naturelle du métal jaune, mais elle prend une dimension particulière aujourd’hui. Alors que les investisseurs du monde entier se tournent massivement vers cet actif, la tension entre une demande explosive et une offre structurellement limitée envoie les cours vers des sommets inédits. Cette mécanique économique implacable explique en partie pourquoi l’once a franchi les 3300$ en avril, établissant un nouveau record absolu.
Cette frénésie autour de l’or soulève des questions légitimes pour tous les investisseurs, qu’ils soient novices ou expérimentés. Le timing est-il encore favorable pour acheter après une telle envolée ? Comment se positionner intelligemment face à ces niveaux records ? Quels sont les véritables moteurs de cette ascension et peuvent-ils perdurer ? Les réponses des experts financiers dessinent un tableau complexe où opportunités exceptionnelles et risques calculés se côtoient, nécessitant une analyse approfondie des facteurs fondamentaux qui alimentent cette dynamique haussière sans précédent.
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Une hausse portée par des facteurs durables
L’envolée de l’or s’appuie sur des bases solides. Les craintes d’inflation constituent le premier moteur, renforcées par les tensions commerciales persistantes. Cette combinaison crée un climat d’incertitude où l’or retrouve son statut de valeur refuge.
Les moteurs de la hausse :
- Craintes inflationnistes mondiales
- Tensions commerciales internationales
- Dédollarisation progressive des réserves
- Incertitudes sur les droits de douane
- Stratégie d’accumulation des banques centrales
La dédollarisation mondiale change la donne. Les initiatives américaines fragilisent le statut du dollar dans les réserves internationales. Benjamin Dubois d’Edmond de Rothschild AM note qu’en l’absence d’alternative crédible au billet vert, l’or ne peut que gagner en attractivité.
L’incertitude économique perdure selon Olivier Dubs de JP Morgan :
« L’incertitude sur l’économie mondiale est là pour rester, notamment tant qu’il n’y aura pas de visibilité sur les droits de douane. »
Cette situation favorise naturellement l’or.
Les banques centrales, surtout chinoises, accumulent massivement le métal jaune. Edmund Shing de BNP Paribas Wealth Management observe que :
« les banques centrales se couvrent en or selon une stratégie globale à long terme, et ne s’inquiètent pas du prix de l’once. »
Cette demande institutionnelle garantit un socle solide.
Des prévisions revues à la hausse pour 2025-2026
Les grandes banques ajustent leurs prévisions face à l’accélération du mouvement. JP Morgan, qui tablait sur 3100$ fin 2025, vise désormais 3650$ à cette échéance et 4100$ mi-2026. UBS et Morgan Sachs rejoignent ce concert optimiste.
Institution | Prévision initiale 2025 | Nouvelle prévision 2025 | Prévision 2026 |
JP Morgan | 3100$ | 3650$ | 4100$ |
UBS | 3100$ | 3600$+ | Non communiqué |
Morgan Sachs | 3100$ | 3600$+ | Non communiqué |
Le retour des investisseurs particuliers confirme cette tendance. Après deux années de prises de bénéfices, Edmund Shing constate « un retour des particuliers depuis deux mois, confirmant une confiance pour le long terme. » BNP Paribas Wealth Management affiche des prévisions positives pour les 12 à 24 prochains mois.
Comment investir dans l’or aujourd’hui
Face à ces perspectives, plusieurs options s’offrent aux investisseurs, chacune avec ses spécificités.
Les ETF : simplicité et liquidité
Les ETF représentent la solution la plus accessible. Disponibles pour quelques euros, ils offrent une liquidité parfaite. Edmund Shing recommande les ETF « avec une réplication physique à 100%. » La différence compte :
ETF à réplication physique vs synthétique :
- Physique : détient réellement l’or, sécurité maximale
- Synthétique : utilise des contrats swap, risque de contrepartie
L’or physique : tangible mais contraignant
L’or physique séduit les plus prudents mais impose des contraintes. Le stockage devient un enjeu : coffre bancaire ou domicile avec assurance obligatoire. Les coûts grimpent vite : environ 3% par an pour un stockage externalisé en ligne.
Les produits structurés : sécurité bridée
Ces instruments garantissent le capital mais plafonnent les gains. Ils conviennent aux investisseurs craignant une chute brutale, au prix d’une performance limitée à la hausse.
Allocation et timing optimaux
Edmund Shing estime raisonnable une allocation de 10% du patrimoine financier en or, certains clients dépassant ce seuil. Pour le timing, un niveau sous 3300$ l’once reste acceptable, avec une approche progressive privilégiant les achats réguliers.
Stratégie d’investissement recommandée :
- Allocation : jusqu’à 10% du patrimoine
- Timing : entrée sous 3300$ l’once
- Méthode : achats progressifs réguliers
- Support : ETF à réplication physique privilégié
Olivier Dubs tempère l’enthousiasme en rappelant que :
« sur plusieurs décennies, les actions sont bien plus intéressantes en termes de performances que l’or. »
L’institut de l’épargne immobilière et foncière confirme : l’or surperforme sur cinq ans grâce au rallye récent, mais les actions et l’immobilier dominent sur 40 ans.
Une prise de bénéfices partielle peut permettre de réarbitrer vers d’autres actifs plus performants à long terme, tout en conservant une exposition à cette assurance-portefeuille qu’offre le métal jaune.
L’or traverse une période exceptionnelle qui redéfinit son rôle dans les portefeuilles modernes. Entre facteurs structurels durables et opportunités tactiques, le métal jaune mérite aujourd’hui une place mesurée mais réelle dans toute stratégie de diversification. L’investissement progressif reste la clé pour tirer parti de cette tendance haussière tout en maîtrisant les risques inhérents à ces niveaux élevés.