Résumé :
- Larry Fink, PDG de BlackRock, prédit une possible chute supplémentaire de 20% des marchés boursiers américains, liée aux droits de douane élevés imposés par l’administration Trump.
- Selon Fink, de nombreux dirigeants d’entreprises estiment que l’économie américaine est probablement déjà en récession.
- Les turbulences du marché affecteront directement les consommateurs américains (62% investissent en bourse) et devraient rapidement freiner la consommation.
- Fink exclut toute possibilité de voir la Fed baisser les taux d’intérêt 4-5 fois cette année en raison des pressions inflationnistes.
- Malgré ce tableau sombre, il considère la situation actuelle comme une opportunité d’achat à long terme plutôt qu’une menace systémique.
Dans un discours prononcé lundi devant l’Economic Club of New York, le dirigeant du plus grand gestionnaire d’actifs mondial n’a pas mâché ses mots. La cause principale de cette nouvelle secousse ? Les droits de douane astronomiques imposés par Donald Trump, revenus aux commandes de la Maison Blanche.
L’économie américaine déjà en récession ?
« La plupart des directeurs généraux à qui je parle diraient que nous sommes probablement en récession à l’heure actuelle », a confié Fink, dévoilant des conversations privées qui en disent long sur l’ambiance qui règne dans les conseils d’administration des plus grandes entreprises américaines.
Ces révélations interviennent alors que l’indice S&P 500 s’est déjà effondré de 20% depuis son sommet de février. Une situation qui s’est considérablement aggravée après que Donald Trump a menacé d’imposer des droits de douane de 50% sur les importations chinoises, déclenchant un véritable séisme sur les marchés.
La consommation intérieure directement touchée
L’impact de cette tempête financière ne sera pas limité aux salles de marché. Comme le souligne Larry Fink, « 62% des Américains investissent aujourd’hui dans des actions » ce qui signifie que « l’impact du marché se répercute directement sur la rue principale ».
La conséquence sera immédiate selon le patron de BlackRock : « Les turbulences vont geler de plus en plus la consommation, je pense que nous allons commencer à le voir très rapidement. »
Cette spirale infernale s’explique aisément. Les droits de douane entraînent une hausse des prix, accentuant la pression inflationniste. Face à cette situation, la Réserve fédérale américaine aura les mains liées. Fink ne voit d’ailleurs « aucune chance » de voir les taux d’intérêt américains baisser cinq fois cette année comme certains l’espéraient.
Une opportunité d’achat à long terme ?
Malgré ce tableau apocalyptique, le financier de 71 ans tente de rassurer les investisseurs à long terme. La faiblesse actuelle des marchés boursiers constituerait « plus une opportunité d’achat qu’une opportunité de vente » pour ceux qui ont la patience d’attendre. Selon lui, la situation actuelle ne poserait pas de « risques systémiques » pour l’économie mondiale.
L’administration Trump pourrait d’ailleurs compenser le ralentissement de la consommation en se concentrant sur la déréglementation et des politiques favorables à la croissance, notamment en facilitant les fusions entre grandes banques.
Des inquiétudes géopolitiques
Au-delà des marchés financiers, Fink a également exprimé des craintes quant à la place des États-Unis comme premier marché des capitaux mondiaux, un statut désormais menacé.
Il a par ailleurs évoqué l’accord stratégique entre BlackRock et CK Hutchison, basé à Hong Kong, pour le contrôle d’importants ports près du canal de Panama. L’examen réglementaire de cette opération pourrait prendre neuf mois supplémentaires, a-t-il reconnu, tout en se montrant optimiste quant à son approbation finale.
La succession chez BlackRock
Interrogé sur son avenir à la tête du géant de la gestion d’actifs, Larry Fink s’est dit prêt à se retirer et à conserver son rôle de président pendant une courte période. Un départ qui ne semble toutefois pas imminent, la nouvelle génération de dirigeants estimant qu’elle n’est « pas encore prête » à prendre la relève.
En attendant, le capitaine reste à la barre d’un navire qui doit affronter une mer particulièrement agitée. Et ses prévisions ne laissent présager aucune accalmie à l’horizon…