Résumé :
- L’IOSCO lance un appel officiel aux géants de la tech (Facebook, Google, Apple) pour qu’ils rejoignent activement la lutte contre les arnaques aux investissements qui prolifèrent sur leurs plateformes
- Lancement d’une base de données mondiale centralisée où plus de 150 régulateurs financiers signalent en temps réel les entreprises frauduleuses et les arnaques, accessible à tous les investisseurs
- Les plateformes technologiques doivent désormais bloquer les publicités frauduleuses, vérifier les annonceurs, développer des algorithmes de détection et se connecter à la base I-SCAN (International Securities & Commodities Alerts Network)
- Des milliards d’euros sont perdus chaque année par les investisseurs particuliers victimes de fraudes orchestrées via les publicités en ligne et les réseaux sociaux
- Cette initiative s’inscrit dans une stratégie plus large appelée « Roadmap for Retail Investor Online Safety » lancée fin 2024, avec plusieurs vagues d’actions à venir
Une déclaration de guerre aux fraudeurs
Le 21 mai dernier, l’IOSCO, comprenez l’Organisation internationale des commissions de valeurs mobilières, le gendarme mondial de la finance, a frappé un grand coup. Dans un communiqué qui a fait l’effet d’une bombe dans le petit monde de la réglementation financière, l’organisation a officiellement appelé les géants de la technologie à rejoindre leur croisade contre la fraude en ligne.
Facebook, Google, Apple, TikTok… tous ces mastodontes du numérique se retrouvent aujourd’hui dans le viseur des régulateurs. Et pour cause : leurs plateformes sont devenues de véritables autoroutes pour les escrocs modernes.
« Les investisseurs particuliers perdent des sommes considérables à cause de fraudes orchestrées via des publicités payantes et du contenu généré par les utilisateurs », martèlent les régulateurs. Une réalité que connaissent bien les milliers de victimes qui, chaque année, voient leurs économies partir en fumée.
L’innovation, une arme à double tranchant
Paradoxalement, c’est la révolution technologique elle-même qui a créé ce monstre. Les innovations numériques ont certes démocratisé l’accès aux marchés financiers, réduit les coûts et stimulé la concurrence. Mais elles ont aussi ouvert grand les portes aux apprentis sorciers de la finance.
Désormais, n’importe quel individu mal intentionné peut créer un site web rutilant, acheter quelques publicités ciblées sur les réseaux sociaux, et se faire passer pour le nouveau Warren Buffett. Le tour est joué.
I-SCAN : la nouvelle arme anti-fraude des régulateurs
Face à cette escalade, les régulateurs ne sont pas restés les bras croisés. Le 21 mars 2025, ils ont dévoilé leur nouvelle arme secrète : I-SCAN, pour International Securities & Commodities Alerts Network.
Cette plateforme révolutionnaire fonctionne comme une sorte de « fichier mondial des fraudeurs ». Imaginez un système où plus de 150 régulateurs financiers de la planète entière alimentent en temps réel une base de données des entreprises vereuses et des arnaques en cours.
Concrètement, avant d’investir votre argent durement gagné dans cette « opportunité en or » que vous venez de découvrir sur Instagram, vous pourrez désormais vérifier en quelques clics si l’entreprise en question n’est pas déjà fichée comme frauduleuse à l’autre bout du monde.
« Notre nouveau centre centralisé va rassembler les alertes de plus de 150 régulateurs dans le monde », explique Rodrigo Buenaventura, le secrétaire général d’IOSCO. « C’est un élément critique de notre objectif d’améliorer la protection des investisseurs. »
Le défi lancé aux géants de la tech
Mais les régulateurs ne comptent pas s’arrêter là. Ils exigent maintenant des plateformes technologiques qu’elles prennent leurs responsabilités. L’IOSCO leur demande explicitement de :
- Bloquer, signaler ou éliminer purement et simplement les offres d’investissement illégales de leurs plateformes
- Se connecter à la base de données I-SCAN pour identifier automatiquement les fraudeurs
- Mettre en place une vérification systématique des entreprises souhaitant faire de la publicité
- Développer des algorithmes capables de détecter et supprimer rapidement le contenu frauduleux
- Collaborer directement avec les autorités pour partager des informations sensibles
Un programme ambitieux qui pourrait bien changer la donne dans la lutte contre les arnaques en ligne.
Une bataille qui ne fait que commencer
Cette offensive coordonnée des régulateurs s’inscrit dans un contexte où la fraude aux investissements explose littéralement. Chaque année, des milliards d’euros disparaissent dans les poches des escrocs numériques, et le phénomène ne montre aucun signe de ralentissement.
La plateforme I-SCAN représente la deuxième vague d’un plan d’action plus vaste baptisé « Roadmap for Retail Investor Online Safety », lancé en novembre 2024. Autrement dit, ce n’est que le début d’une bataille qui s’annonce longue et acharnée.
« En travaillant ensemble, nous pouvons aider les investisseurs particuliers, maintenir l’intégrité des marchés et prévenir les préjudices financiers à l’échelle mondiale », promettent les régulateurs. Une promesse qui, si elle se concrétise, pourrait bien révolutionner la sécurité financière en ligne.
Les fraudeurs sont prévenus : leur âge d’or touche peut-être à sa fin. Reste à voir si les géants de la technologie suivront le mouvement, ou s’il faudra les y contraindre.