Résumé :
- Les Bourses européennes ont clôturé en nette baisse vendredi, avec le CAC 40 à -0,93%, le Dax à -0,98% et le FTSE 100 à -0,08%
- Les marchés mondiaux sont suspendus aux décisions douanières de Donald Trump qui a annoncé des tarifs de 25% sur le secteur automobile
- L’annonce des droits de douane « réciproques » est attendue le 2 avril
- Wall Street plonge également avec le Dow Jones à -1,44%, le S&P 500 à -1,76% et le Nasdaq à -2,48%
- L’inflation PCE aux États-Unis reste tenace à 2,5%, tandis que le moral des ménages américains se détériore
- L’or atteint un niveau record, jouant son rôle de valeur refuge dans ce contexte d’incertitude commerciale
Une vague de pessimisme a submergé les marchés financiers européens ce vendredi, alors que les investisseurs demeurent suspendus aux décisions tarifaires de Donald Trump. Cette incertitude, couplée à une inflation persistante aux États-Unis, crée un cocktail économique potentiellement explosif. Les craintes d’une guerre commerciale imminente, déclenchée par les mesures protectionnistes américaines, menacent désormais de freiner brutalement la reprise économique mondiale.
La semaine prochaine s’annonce décisive avec l’annonce attendue des droits de douane dits « réciproques », qui pourrait accélérer la spirale baissière des marchés ou, au contraire, apaiser temporairement les tensions. Dans ce climat d’incertitude, les investisseurs se préparent à tous les scénarios possibles.
Les Bourses européennes synchronisent leur descente face aux tensions commerciales
Les indices européens ont conclu la semaine sur une note clairement négative. Voici un tableau récapitulatif des performances des principaux indices :
Indice | Variation | Clôture |
CAC 40 (Paris) | -0,93% | 7.916,08 points |
Dax (Francfort) | -0,98% | 22.461,52 points |
FTSE 100 (Londres) | -0,08% | 8.658,85 points |
EuroStoxx 50 | -0,96% | 5.331,40 points |
FTSEurofirst 300 | -0,79% | 2.157,47 points |
Stoxx 600 | -0,79% | 542,10 points |
Malgré cette baisse, le CAC 40 conserve un niveau proche de la barre symbolique des 8.000 points franchie récemment. Londres a mieux résisté que ses homologues continentaux, probablement grâce à sa moindre exposition aux secteurs directement menacés par les tarifs douaniers. Cette synchronisation des replis illustre parfaitement l’inquiétude généralisée qui règne actuellement sur les places financières européennes.
Le 2 avril : date fatidique pour l’avenir des relations commerciales
L’annonce par Donald Trump, mercredi dernier, de l’imposition de tarifs douaniers de 25% sur le secteur automobile a provoqué un véritable séisme sur les marchés. Cependant, ce n’est que le prélude aux inquiétudes, car l’attention se focalise désormais sur les droits de douane dits « réciproques » que le président américain doit encore dévoiler. Cette décision, programmée pour le 2 avril, pourrait engendrer des répercussions bien plus significatives sur l’économie mondiale.
La préoccupation majeure des investisseurs réside dans le risque qu’une escalade des mesures protectionnistes ne déclenche une guerre commerciale globale. Si ce scénario se matérialisait, l’économie américaine s’exposerait à une situation redoutée: la conjonction d’une croissance anémique et d’une inflation tenace, ce phénomène que les économistes désignent sous le terme de « stagflation ».
De l’autre côté de l’Atlantique, les marchés américains ont également subi de plein fouet ces appréhensions. Au moment de la clôture européenne:
Indice américain | Variation |
Dow Jones | -1,44% |
S&P 500 | -1,76% |
Nasdaq Composite | -2,48% |
Ces chiffres témoignent d’une aversion au risque qui transcende largement les frontières européennes.
Les indicateurs économiques témoignent d’une fragilité persistante
Les opérateurs de marché ont dû intégrer une série d’indicateurs économiques dressant un portrait nuancé de la conjoncture actuelle. Au Royaume-Uni, les ventes au détail ont rebondi plus vigoureusement que prévu en février, tandis que le PIB a progressé de 0,1% au quatrième trimestre.
En Allemagne, le moral des consommateurs devrait se maintenir à un niveau quasi-stable en avril selon l’institut GfK. Par ailleurs, le taux de chômage a légèrement augmenté en février, mais dans des proportions inférieures aux projections des analystes.
En France, la situation économique semble plus préoccupante. Les prix à la production ont diminué de 0,8% en février, tandis que les dépenses des ménages ont accusé un recul inattendu. L’inflation s’est stabilisée à 0,8% sur un an en mars, un niveau nettement inférieur à celui observé aux États-Unis.
C’est précisément l’inflation américaine qui continue d’alimenter les craintes. L’indice PCE, baromètre privilégié par la Fed, s’établit à 2,5%, conformément aux prévisions mais toujours au-dessus de l’objectif de 2%. Parallèlement, le moral des consommateurs américains s’est dégradé plus rapidement qu’anticipé selon l’Université du Michigan, signe que les citoyens commencent à ressentir l’impact de cette inflation persistante.
Spiritueux et tech : deux destins opposés dans la tourmente des marchés
Face à cette atmosphère morose, tous les secteurs n’ont pas réagi de manière uniforme. Le secteur des spiritueux a notamment tiré son épingle du jeu après que le ministère chinois du Commerce a prolongé de trois mois son enquête antidumping sur les eaux-de-vie de vin en provenance de l’Union européenne. Cette nouvelle a insufflé un vent d’optimisme chez les acteurs du secteur, comme en témoigne la progression de plus de 3% des cours de Pernod Ricard et Remy Cointreau.
Dans l’univers technologique, Ubisoft a traversé une journée particulièrement volatile. Après avoir bondi de près de 12% à l’ouverture, le titre a finalement terminé en repli de 1,7%. Selon une source citée par un analyste, plusieurs fonds spéculatifs ont adopté une position « short » sur le titre, estimant que la filiale annoncée avec Tencent ne permettrait à l’éditeur de jeux vidéo que d’alléger un peu moins de la moitié de sa dette actuelle.
Les marchés des matières premières et des devises
Sur le marché des changes, le dollar a fléchi vendredi 28 mars, les investisseurs faisant preuve de prudence dans l’attente de la décision de Trump. Le billet vert a reculé de 0,30% face à un panier de devises de référence, tandis que l’euro s’est apprécié de 0,22% pour atteindre 1,0825 dollar.
Les rendements obligataires ont également connu une correction significative:
Obligation | Variation (points de base) | Niveau final |
Trésor US à 10 ans | -9,8 | 4,2705% |
Trésor US à 2 ans | -7,0 | 3,9283% |
Bund allemand à 10 ans | -4,5 | 2,7300% |
Bund allemand à 2 ans | -4,1 | 2,0260% |
Concernant les matières premières, les cours du pétrole s’acheminent vers une hausse hebdomadaire pour la troisième semaine consécutive, portés par l’intensification de la pression exercée par les États-Unis sur l’Iran et le Venezuela. Toutefois, les craintes liées aux droits de douane américains ont freiné cette tendance:
Pétrole | Variation | Prix ($/baril) |
Brent | -0,86% | 73,39 |
WTI | -1,17% | 69,10 |
Dans ce contexte d’incertitude, l’or a pleinement assumé son rôle de valeur refuge. Le métal précieux a établi un nouveau record historique ce vendredi, atteignant 3.086,21 dollars l’once avant de clôturer à 3.081,36 dollars, en hausse de 0,83%. Cette ruée vers l’or confirme l’inquiétude grandissante des investisseurs face aux tensions commerciales qui s’intensifient.