Blackrock à l’assaut du monde alors que Larry Fink prévoit une année 2025 tumultueuse

L'économie mondiale traverse une période d'incertitude, mais cela n'empêche pas le géant de la gestion d'actifs Blackrock de voir grand. Alors que son PDG, Larry Fink, prévoit une année 2025 "mouvementée", le mastodonte financier vient de conclure la plus importante acquisition de son histoire dans le domaine des infrastructures privées.

Les prévisions de Larry Fink pour 2025

Résumé :

  • Larry Fink, PDG de BlackRock, prédit une année 2025 volatile tout en maintenant un optimisme à long terme.
  • BlackRock vient de réaliser sa plus grande acquisition d’infrastructure privée avec l’achat de plus de 40 ports dans 22 pays pour 22,8 milliards de dollars auprès de CK Hutchison.
  • Fink avertit que les politiques nationalistes américaines, notamment les expulsions massives et les menaces de droits de douane, risquent d’alimenter l’inflation dans les six à neuf prochains mois.
  • Malgré les turbulences à court terme, il recommande d’acheter lors des baisses de marché et prévoit un boom économique futur grâce aux nouvelles technologies.
  • Il souligne également le potentiel de renaissance économique de l’Europe et l’impact « déflationniste » à long terme de l’intelligence artificielle.

Le grand pari portuaire de Blackrock

En pleine turbulence économique mondiale, Blackrock vient de frapper un grand coup. Le premier gestionnaire d’actifs mondial a annoncé la semaine dernière l’acquisition de plus de 40 ports répartis dans 22 pays, pour la modique somme de 22,8 milliards de dollars. Cette transaction massive avec le conglomérat hongkongais CK Hutchison marque un tournant stratégique pour l’entreprise.

« Grâce à cette acquisition, nous allons avoir 100 ports dans notre portefeuille, et nous y voyons une véritable opportunité », a déclaré Larry Fink lors de la conférence CERAWeek à Houston. Cette opération d’envergure inclut notamment deux ports stratégiques près du canal de Panama et six autres à proximité du canal de Suez, des infrastructures cruciales pour le commerce mondial.

Le PDG de Blackrock ne cache pas sa vision optimiste du commerce international : 

« Nous croyons fermement que l’économie mondiale sur un cycle long va bien se porter. Le besoin de commerce mondial ne fera que grandir et se renforcer, pas s’affaiblir. »

La partie concernant les ports panaméens, qui représente 4% de la valeur totale de la transaction, devrait être finalisée début avril, bien qu’un audit ordonné par le gouvernement du Panama sur la concession portuaire de 25 ans accordée à CK Hutchison soit encore en cours.

Larry Fink, entre inquiétudes à court terme et optimisme à long terme

Malgré cet investissement massif, le patron de Blackrock ne se voile pas la face concernant les défis immédiats. Lors de la conférence RBC Capital Markets Global Financial Institutions à New York le 4 mars, il a prédit que 2025 serait une « année mouvementée » pour les marchés mondiaux.

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« Les marchés sous-estiment l’inflation et nous verrons de nouvelles hausses de coûts dans les six à neuf prochains mois », a-t-il prévenu. Le milliardaire pointe notamment du doigt les politiques nationalistes américaines comme facteur d’inflation.

« Si nous devenons tous un peu plus nationalistes – et je ne dis pas que c’est une mauvaise chose, vous savez, ça me parle – cela va entraîner une inflation élevée« , a expliqué Fink à Houston. Il s’inquiète particulièrement des expulsions massives de travailleurs migrants prônées par Donald Trump, qui pourraient selon lui créer des problèmes dans le secteur agricole.

« Aurons-nous assez de travailleurs pour récolter maintenant ? J’ai même dit à des membres de l’équipe Trump que nous allons manquer d’électriciens dont nous avons besoin pour construire des centres de données d’IA. Nous n’en avons tout simplement pas assez. »

Autre sujet d’inquiétude : les menaces de droits de douane élevés brandies par l’administration Trump contre les partenaires commerciaux, qui pourraient fortement augmenter les coûts d’importation. « Quand je vais à Washington et qu’ils parlent de ces politiques, je leur demande : quel coût êtes-vous prêts à tolérer ? » affirme le PDG.

Un optimisme à toute épreuve malgré les turbulences

Pourtant, malgré ces zones d’ombre, Larry Fink conserve une vision résolument positive pour l’avenir. « Laissez-moi commencer par dire que le monde va bien. Il y a beaucoup de bruit, mais nous passerons à travers tout ça. Les États-Unis surmonteront toutes les tensions sociales entre deux groupes opposés », a-t-il déclaré, ajoutant que « ce n’est pas aussi grave que dans les années 60 aux États-Unis.« 

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Fink voit même dans cette période tumultueuse une opportunité pour les investisseurs avisés : « Pour les investisseurs à long terme, s’il y a une forte baisse, tant mieux. C’est le bon moment pour acheter », a-t-il affirmé. Et Blackrock semble suivre ce conseil à la lettre, comme en témoigne son acquisition portuaire massive.

Le géant de la gestion d’actifs ne compte pas s’arrêter là. Après avoir levé 641 milliards de dollars de nouveaux flux l’année dernière, la société poursuit son expansion agressive dans les marchés privés et les infrastructures.

Entre IA « déflationniste » et renaissance européenne surprenante

Larry Fink a également mis en avant l’impact transformateur de l’intelligence artificielle, la qualifiant de « très déflationniste » sur le long terme, malgré ses coûts actuellement prohibitifs.

« L’IA reste pour l’instant le domaine des grandes entreprises car les coûts associés sont extraordinaires », a-t-il reconnu, tout en prédisant une diminution de ces coûts qui rendrait la technologie plus accessible et stimulerait davantage l’innovation.

Autre point intéressant soulevé par le milliardaire : le potentiel de renaissance économique de l’Europe. « L’Europe suit une mauvaise trajectoire depuis dix, douze ans », a-t-il observé, avant d’ajouter que désormais, avec l’augmentation des dépenses de défense et un regain de responsabilité économique, « l’Europe a une réelle opportunité de recommencer à croître véritablement. »

Le message de Larry Fink est clair : 2025 sera difficile, mais ceux qui resteront investis pourraient voir de solides rendements. « Ce sera une année mouvementée en 2025, je dirais, pour les marchés alors que nous essayons de nous réorienter », a-t-il admis, tout en restant confiant que « le monde et les États-Unis s’en sortiront. »

Cette vision à double facette – lucidité à court terme et optimisme à long terme – semble guider la stratégie actuelle de Blackrock, dont les mouvements sont scrutés par l’ensemble de l’industrie financière. Reste à voir si le pari audacieux du géant de la gestion d’actifs sur les infrastructures portuaires mondiales s’avérera judicieux dans un contexte géopolitique de plus en plus complexe.

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