Résumé :
- La SEC a accusé Unicoin et ses dirigeants d’une fraude de 100 millions de dollars ayant trompé plus de 5 000 investisseurs via des « certificats de droits » liés à des crypto-actifs.
- Unicoin aurait faussement prétendu que ses jetons étaient adossés à un portefeuille immobilier international de grande valeur et enregistrés auprès de la SEC.
- L’entreprise a menti sur le montant des fonds levés, affirmant avoir récolté 3 milliards de dollars alors qu’elle n’avait levé qu’environ 110 millions.
- Le PDG Alex Konanykhin rejette ces accusations, accusant des « fonctionnaires voyous » de l’administration précédente et promet de se défendre en justice.
- Cette affaire survient alors que sous Trump, la SEC a abandonné plusieurs poursuites contre des entreprises crypto, tout en maintenant sa vigilance contre les fraudes manifestes.
Des promesses en or… mais un château de cartes
Unicoin ne lésinait pas sur les moyens pour attirer le chaland. La société new-yorkaise avait déployé un arsenal marketing impressionnant : publicités dans les aéroports, sur des milliers de taxis à New York et même à la télévision. Le message ? Investir dans leurs « certificats de droits » liés aux jetons Unicoin représentait un placement sûr, « de nouvelle génération », adossé à un solide portefeuille d’actifs immobiliers internationaux.
Mais selon Mark Cave, directeur associé de la Division de l’application de la SEC, la réalité était bien moins reluisante :
« Nous alléguons qu’Unicoin et ses dirigeants ont exploité des milliers d’investisseurs avec des promesses fictives selon lesquelles ses jetons, une fois émis, seraient adossés à des actifs du monde réel, notamment un portefeuille international de biens immobiliers de valeur. »
Cave ajoute que ces actifs immobiliers ne valaient en réalité « qu’une infime fraction » de ce que prétendait l’entreprise.
Des chiffres gonflés et des mensonges éhontés
Le dossier d’accusation est accablant. Unicoin aurait non seulement menti sur la valeur de ses actifs, mais aussi sur l’enregistrement de ses jetons auprès de la SEC,une fausse certification censée rassurer les investisseurs. Plus troublant encore, alors que la société se vantait d’avoir récolté la somme pharaonique de 3 milliards de dollars, les enquêteurs ont découvert qu’elle n’avait en réalité levé qu’un peu plus de 110 millions.
Alex Konanykhin, PDG d’Unicoin, n’en serait pas resté là. Selon la SEC, il aurait personnellement vendu près de 38 millions de certificats à des investisseurs qui n’auraient normalement pas dû pouvoir participer à cette offre.
Une défense véhémente face à des « fonctionnaires voyous »
Face à ces accusations, le PDG d’Unicoin contre-attaque avec véhémence. « J’ai pleinement l’intention de gagner cette affaire au tribunal, » a déclaré Konanykhin. « C’est grotesque que l’entreprise crypto la plus conforme aux États-Unis reste la seule à être persécutée par la SEC. »
Le dirigeant va plus loin, pointant du doigt un complot interne au sein du régulateur : « Cette affaire est menée par des fonctionnaires voyous restants de l’administration Gensler qui tentent de se couvrir en nous intimidant pour nous forcer à admettre une culpabilité qui n’existe pas. » Une défense audacieuse qui fait écho aux tensions politiques entourant la régulation des crypto-monnaies.
Un contraste frappant avec le nouveau cap de la SEC
L’ironie de cette affaire réside dans son timing. Sous l’administration de Donald Trump, favorable aux crypto-monnaies, la SEC a récemment abandonné plus de dix affaires très médiatisées, notamment contre des géants comme Coinbase, Binance, Ripple et Kraken.
Le nouveau président de la SEC, Paul Atkins, avait même annoncé sa volonté d’établir « une base réglementaire solide pour les actifs numériques grâce à une approche rationnelle, cohérente et fondée sur des principes. » Visiblement, cette approche plus clémente ne s’applique pas aux cas de fraude manifeste.
D’ailleurs, malgré ce recul général, la SEC n’a pas complètement abandonné sa surveillance du secteur. En avril dernier, elle avait déjà accusé Praetorian Group International Corp. d’avoir orchestré un système de Ponzi et une arnaque pyramidale de 198 millions de dollars dans le domaine des crypto-monnaies et du forex.
Des conséquences potentiellement dévastatrices
La SEC ne fait pas dans la demi-mesure. L’organisme de régulation réclame des mesures injonctives, la restitution des gains mal acquis et des sanctions civiles contre tous les accusés. Plus grave encore pour les dirigeants mis en cause, l’agence demande que Alex Konanykhin, Silvina Moschini et Alex Dominguez soient interdits d’occuper des postes de direction à l’avenir.À noter que Richard Devlin, conseiller juridique d’Unicoin, également visé pour des déclarations trompeuses dans des mémorandums de placement privé, a déjà accepté de payer une amende de 37 500 dollars et une injonction permanente, sans toutefois reconnaître sa culpabilité.