Résumé :
- Barry Silbert, PDG de Digital Currency Group, reconnaît qu’il aurait généré plus de profits en gardant ses bitcoins qu’en investissant dans des startups crypto
- Une opportunité manquée de réaliser une plus-value de 1 050 000% sur des bitcoins achetés à seulement 8 dollars
- Le Bitcoin s’échange désormais autour de 84 000 dollars, atteignant des sommets inédits
- L’administration Trump prévoit de constituer une réserve nationale stratégique en Bitcoin
- Les analystes prévoient que le prix du Bitcoin pourrait atteindre sept chiffres dans la décennie à venir
En 2011, alors que le Bitcoin valait à peine 8 dollars, Barry Silbert faisait partie des rares personnes à investir dans cette nouvelle forme de monnaie numérique. Peu connu du grand public à l’époque, il achetait déjà des bitcoins quand la plupart des investisseurs ignoraient encore leur existence ou les considéraient comme une simple curiosité technologique sans avenir.
Cette avance considérable aurait pu le transformer en multi-milliardaire, mais il a choisi une autre voie. Dans une interview récente accordée à Raoul Pal pour le podcast Journey Man, le fondateur de Digital Currency Group a fait une révélation surprenante : utiliser ses bitcoins pour financer des startups s’est avéré bien moins rentable que de simplement les conserver. Un aveu qui bouscule les certitudes sur les stratégies d’investissement dans le milieu des cryptomonnaies.
Le pari risqué d’un pionnier de la cryptomonnaie
Barry Silbert n’est pas un investisseur ordinaire. Dès 2011, il a misé sur le Bitcoin alors que celui-ci restait méconnu et valait entre 7 et 8 dollars. Mais au lieu de simplement stocker ses actifs numériques, il a pris en 2012 une décision qui semblait logique : utiliser une partie de ses bitcoins comme capital pour investir dans les premières entreprises du secteur crypto naissant.
Parmi ses investissements notables figure Coinbase, devenue aujourd’hui l’une des plus grandes plateformes d’échange de cryptomonnaies au monde. Cette approche l’a conduit à fonder Digital Currency Group (DCG), qui possède maintenant plusieurs sociétés majeures du domaine, dont Grayscale Investments, le plus grand gestionnaire d’actifs numériques actuel.
À l’époque, cette stratégie semblait judicieuse. Le secteur des cryptomonnaies commençait tout juste à se structurer, et l’idée d’investir dans les infrastructures qui allaient soutenir cette nouvelle classe d’actifs paraissait plus sûre que de miser uniquement sur la valeur future d’une monnaie virtuelle encore contestée.
Les dates clés du parcours de Barry Silbert :
- 2011 : Premiers achats de Bitcoin à environ 8 dollars
- 2012 : Débuts de ses investissements dans les startups crypto en utilisant ses bitcoins
- 2015 : Création officielle de Digital Currency Group
- 2020 : Acquisition de Luno, élargissant sa présence internationale
- 2021 : Valorisation de DCG estimée à plus de 10 milliards de dollars
- 2024 : Confession publique sur sa stratégie d’investissement lors du podcast Journey Man
Cette démarche d’entrepreneur a fait de lui une figure incontournable du secteur, capable d’influencer le marché et d’avoir accès aux meilleures opportunités. Pourtant, malgré ce succès apparent, sa récente confession révèle un regret profond sur ce choix fondamental.
L’ampleur vertigineuse d’une opportunité manquée
Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Aujourd’hui, le Bitcoin s’échange autour de 84 000 dollars. Pour quelqu’un qui aurait acheté du Bitcoin à 8 dollars en 2011 et l’aurait simplement gardé jusqu’à aujourd’hui, la plus-value atteindrait 1 050 000%.
Comparaison des performances d’investissement :
Type d’investissement | Performance approximative |
Bitcoin (2011-2024) | +1 050 000% |
Or (50 dernières années) | < 4 000% |
Facebook (premiers investisseurs) | 10 000% à 100 000% |
S&P 500 (50 dernières années) | +4 500% |
Apple (1980-2024) | +225 000% |
Silbert a reconnu :
« Si j’avais conservé mes bitcoins, j’aurais fait mieux qu’en investissant en start-up »
Cette admission est particulièrement frappante venant de l’un des investisseurs les plus informés du secteur crypto.
Pour mettre cette performance en perspective, même les premières personnes ayant investi dans des entreprises technologiques aujourd’hui considérées comme des réussites exceptionnelles n’ont pas atteint de tels rendements. Les premiers investisseurs de Facebook, souvent cités en exemple, ont réalisé des gains impressionnants, mais qui restent bien inférieurs à ceux qu’aurait générés un simple achat de Bitcoin conservé sur la même période.
Ce constat remet en question un principe fondamental de l’investissement : est-il toujours préférable de diversifier ? Dans le cas du Bitcoin, la stratégie de simple conservation à long terme (ou « HODL » comme on dit dans le jargon) semble avoir surpassé celle d’un portefeuille diversifié, même au sein du secteur crypto.
La stratégie de diversification remise en question
Cette révélation de Barry Silbert arrive à un moment où de nombreux investisseurs s’interrogent sur leurs stratégies dans le domaine des cryptomonnaies. Traditionnellement, la diversification est considérée comme la pierre angulaire d’un investissement prudent.
Mais le Bitcoin semble défier cette sagesse conventionnelle. Depuis sa création en 2009, il a surpassé pratiquement toutes les autres classes d’actifs, malgré des fluctuations parfois spectaculaires. Sa performance sur le long terme a rendu modestes même les investissements les plus réussis dans les entreprises qui construisent l’infrastructure crypto.
Cette situation paradoxale s’explique par plusieurs facteurs :
- La rareté programmée : Contrairement aux actions d’entreprises qui peuvent être diluées par de nouvelles émissions, le nombre de bitcoins est limité à 21 millions d’unités.
- L’adoption croissante : Le Bitcoin est passé d’un projet expérimental à un actif reconnu par des institutions financières majeures.
- L’effet réseau : Plus le nombre d’utilisateurs augmente, plus la valeur du réseau Bitcoin s’accroît, créant un cercle vertueux.
- La résistance à la censure : La nature décentralisée du Bitcoin lui confère des propriétés uniques que même les meilleures entreprises du secteur ne peuvent reproduire.
Pour les investisseurs, ce constat soulève une question fondamentale : quelle part de leur portefeuille crypto devrait être simplement conservée en Bitcoin plutôt qu’investie dans des entreprises du secteur ?
Le témoignage de Silbert semble suggérer que même les experts les plus avisés ont sous-estimé la capacité du Bitcoin à générer des rendements supérieurs sur le long terme. Une leçon d’humilité pour l’industrie du capital-risque crypto tout entière.
Le Bitcoin comme réserve stratégique nationale
Le témoignage de Barry Silbert arrive à un moment où le Bitcoin gagne une légitimité institutionnelle sans précédent. La première cryptomonnaie n’est plus seulement l’apanage des technophiles et des investisseurs particuliers, mais attire désormais l’attention des gouvernements.
L’exemple le plus marquant vient des États-Unis, où Donald Trump a récemment annoncé des plans pour constituer une réserve nationale en Bitcoin. Cette initiative s’appuie sur un stock déjà existant : le gouvernement américain détiendrait environ 200 000 BTC, principalement issus de saisies judiciaires lors du démantèlement de plateformes comme Silk Road.
Cette évolution marque un changement radical dans la perception officielle des cryptomonnaies. Après des années de méfiance, voire d’hostilité, certains gouvernements semblent désormais considérer le Bitcoin comme un actif stratégique à accumuler.
Les facteurs favorisant l’adoption institutionnelle du Bitcoin :
- Approbation des ETF Bitcoin au comptant par la SEC en janvier dernier
- Reconnaissance croissante comme valeur refuge face à l’inflation
- Offre limitée à 21 millions d’unités (rareté programmée)
- Intérêt grandissant des entreprises et des fonds d’investissement
- Plans gouvernementaux pour constituer des réserves stratégiques
Cette institutionnalisation progressive modifie profondément le profil de risque du Bitcoin. Ce qui était autrefois considéré comme un pari hautement spéculatif devient peu à peu un élément légitime d’allocation d’actifs, y compris pour des investisseurs conservateurs.
Les prévisions audacieuses des « maximalistes »
Zach Shapiro, directeur du Bitcoin Policy Institute, voit dans cette évolution un accélérateur potentiel pour la valeur future du Bitcoin. Cette vision est partagée par d’autres figures du secteur, comme Michael Saylor, cofondateur de Strategy, qui prévoit que le prix du Bitcoin pourrait dépasser le million de dollars dans la prochaine décennie.
Ces prévisions, qui auraient semblé farfelues il y a quelques années, gagnent en crédibilité à mesure que des acteurs institutionnels entrent sur le marché. L’approbation des ETF Bitcoin au comptant par la SEC américaine en janvier 2024 a notamment ouvert la voie à des flux de capitaux considérables vers cette classe d’actifs.
Saylor, dont l’entreprise a converti une grande partie de sa trésorerie en Bitcoin, défend depuis longtemps l’idée que le Bitcoin représente une forme de « propriété numérique » supérieure à tout autre actif. Sa stratégie, autrefois considérée comme risquée, semble aujourd’hui validée par les performances du Bitcoin et l’intérêt croissant des institutions.
Dans un contexte économique mondial marqué par des tensions commerciales et des incertitudes sur les droits de douane, le Bitcoin apparaît comme une alternative de plus en plus crédible aux actifs traditionnels. Sa nature décentralisée et son offre limitée en font, aux yeux de ses défenseurs, un rempart contre l’instabilité financière et les turbulences politiques mondiales.
La simplicité paie : les leçons à tirer pour l’investisseur crypto
Le cas de Barry Silbert illustre parfaitement ce paradoxe : même un expert du secteur, ayant créé l’un des plus grands empires d’investissement crypto, aurait réalisé un meilleur rendement en adoptant la stratégie la plus simple – acheter et conserver.
Pour les investisseurs particuliers, cette révélation offre plusieurs enseignements précieux :
- La patience récompensée : Dans un marché aussi volatile que celui des cryptomonnaies, la capacité à conserver ses positions à travers les cycles peut s’avérer plus rentable que les stratégies de trading actif.
- L’importance de garder une exposition directe : Même en investissant dans le secteur crypto, conserver une partie significative de son portefeuille directement en Bitcoin semble être une approche judicieuse.
- La difficulté de battre le marché : Même les investisseurs les plus informés et les mieux connectés peuvent avoir du mal à surpasser la performance brute du Bitcoin par des investissements plus sophistiqués.
- Le piège de la sur-diversification : Dans certains cas, la diversification excessive peut diluer les rendements plutôt que de les améliorer.
Cette confession publique de Silbert pourrait marquer un tournant dans la manière dont les investisseurs, particuliers comme institutionnels, abordent leurs stratégies d’allocation dans le secteur des cryptomonnaies. Elle suggère qu’une approche plus simple, centrée sur la détention directe de Bitcoin, mérite une place importante dans toute stratégie d’investissement crypto.
Dans un monde financier où la complexité est souvent valorisée et où les frais de gestion sont proportionnels à cette complexité, le témoignage de Silbert nous rappelle que parfois, la stratégie la plus simple est aussi la plus efficace. Une leçon d’humilité pour l’industrie financière tout entière, et un rappel que même les experts peuvent passer à côté des opportunités les plus évidentes.