Résumé :
- Taiwan a placé les géants chinois Huawei et SMIC sur sa liste noire d’exportation le 10 juin 2025
- Les entreprises taïwanaises doivent désormais obtenir l’autorisation gouvernementale avant toute exportation vers ces 601 entités nouvellement blacklistées
- L’élément déclencheur fut la découverte d’une puce TSMC dans le processeur IA de Huawei, provoquant la suspension immédiate des livraisons et l’intervention du département américain du Commerce
- Cette décision s’aligne sur la stratégie américaine d’endiguement technologique de la Chine, visant particulièrement les secteurs de l’IA et des semi-conducteurs avancés
- L’impact économique est déjà visible avec Nvidia qui a perdu 2,5 milliards de dollars de revenus au premier trimestre et exclut désormais la Chine de ses prévisions financières
Taiwan blackliste la Chine : une mesure radicale
L’annonce, rendue publique seulement ce week-end, a de quoi surprendre par sa radicalité. Huawei et Semiconductor Manufacturing International Corporation (SMIC) se retrouvent désormais sur la même liste que… les Taliban et Al-Qaïda. Un rapprochement symbolique qui en dit long sur la gravité avec laquelle Taiwan perçoit la menace que représentent ces entreprises pour sa sécurité nationale.
Au total, ce sont 601 entités qui ont rejoint cette liste noire, incluant des organisations russes, iraniennes et birmanes. Mais c’est bien l’ajout des deux champions technologiques chinois qui retient toute l’attention. Concrètement, les entreprises taïwanaises devront désormais obtenir le feu vert du gouvernement avant d’exporter le moindre produit vers ces sociétés.
La goutte d’eau qui a fait déborder le vase
Cette escalade n’est pas tombée du ciel. L’élément déclencheur ? La découverte par le cabinet canadien TechInsights d’une puce TSMC, le joyau de la couronne technologique taïwanaise, dans le processeur d’intelligence artificielle 910B de Huawei. Une trouvaille qui a provoqué un séisme dans l’industrie et poussé TSMC à suspendre immédiatement ses livraisons.
Pour Taiwan, c’en était trop. L’île accuse depuis longtemps les entreprises chinoises, SMIC en tête, de mener des opérations de vol technologique et de débauchage systématique de ses ingénieurs. Des pratiques qui menacent directement la position dominante de Taiwan dans l’industrie mondiale des semi-conducteurs.
Cours de l’action TSMC
Un alignement stratégique avec Washington
Cette décision s’inscrit parfaitement dans la stratégie américaine d’endiguement technologique de la Chine. Taiwan rejoint ainsi le front uni occidental qui cherche à priver Pékin de l’accès aux technologies de pointe, particulièrement dans le domaine crucial de l’intelligence artificielle.
Les conséquences sont déjà palpables. Nvidia, le géant américain des puces IA qui dépend largement de TSMC pour sa production, a annoncé une perte de revenus de 2,5 milliards de dollars au premier trimestre à cause des restrictions d’exportation vers la Chine. Son PDG Jensen Huang a même déclaré que l’entreprise exclurait désormais la Chine de ses prévisions financières futures.
Cours de l’action Nvidia
Un coup dur pour les ambitions chinoises
Pour Huawei et SMIC, qui sont au cœur du plan chinois visant à construire une industrie des semi-conducteurs autonome, cette nouvelle restriction représente un obstacle majeur. Malgré leurs efforts pour développer des technologies domestiques, comme le processeur 7 nanomètres de Huawei, les analystes soulignent que la montée en gamme reste extrêmement difficile sans accès aux technologies étrangères avancées.
Le ministère taïwanais de l’Économie ne mâche pas ses mots :
« Les fabricants doivent respecter les réglementations de contrôle des exportations, remplir leurs obligations de vérification et évaluer soigneusement les risques de transaction. »
Un message clair qui transforme ce qui était autrefois de simples relations commerciales en enjeu de sécurité nationale.Cette escalade marque un nouveau chapitre dans la bataille technologique sino-américaine, où Taiwan joue désormais un rôle de premier plan. Dans cette guerre des puces où chaque nanomètre compte, l’île démocratique vient de montrer qu’elle ne compte pas rester neutre face à ce qu’elle perçoit comme une menace existentielle pour son industrie et sa souveraineté technologique.