Résumé :
- Sanofi cède son usine de Maisons-Alfort (600 salariés) au façonnier allemand Adragos Pharma, spécialisée dans la production de l’anticoagulant Lovenox
- Sanofi a justifié cette décision par le fait que les technologies du site ne correspondent plus aux futurs produits biologiques de Sanofi, qui maintient une production alternative en Hongrie à coûts réduits
- Le groupe de repositionne avec un abandon progressif des médicaments courants pour se concentrer sur l’oncologie, l’immunologie et les maladies rares avec des investissements de 9 milliards sur BluePrint
- Sanofi exclut toute fermeture et s’engage à maintenir l’activité et l’emploi, rappelant qu’aucun site cédé n’a été fermé ces dix dernières années
- Les élus locaux dénoncent un « abandon progressif » des implantations françaises et demandent des garanties au repreneur lors de la réunion prévue le 1er juillet
Une cession pour Sanofi pour sa stratégie de recentrage
L’annonce a été faite aux syndicats en début de semaine dernière. Une réunion extraordinaire entre la direction et les représentants du personnel est programmée pour le 1er juillet afin de finaliser les modalités de cette opération. Sanofi justifie cette décision par l’inadéquation des technologies du site avec ses futurs produits biologiques.
Le groupe maintient une production alternative en Hongrie, où les coûts de fabrication du Lovenox s’avèrent plus compétitifs face à la concurrence extra-européenne.
La réorganisation industrielle de Sanofi en cours
Cette cession s’inscrit dans une réorganisation plus large des activités industrielles de Sanofi en France. Le groupe a récemment fermé son site de Gentilly tout en renforçant celui de Vitry-sur-Seine, où la production d’anticorps monoclonaux va doubler.
Ces mouvements traduisent le repositionnement stratégique de Sanofi vers les thérapies innovantes. Le laboratoire délaisse progressivement les médicaments courants au profit de segments à plus forte valeur ajoutée comme l’oncologie et l’immunologie.
Sanofi : des investissements massifs dans les maladies rares
Cette stratégie s’est concrétisée par l’acquisition de la biotech BluePrint pour 9 milliards de dollars en juin dernier. Cet investissement vise à renforcer les capacités du groupe dans le traitement des maladies rares de la moelle osseuse.
Parallèlement, Sanofi a cédé 50% des parts d’Opella, la filiale propriétaire du Doliprane, pour 10 milliards d’euros. Ces opérations permettent au groupe de financer sa transformation vers des thérapies plus spécialisées.
Les réactions politiques et les garanties de maintien de l’emploi
Les élus locaux, menés par Valérie Pécresse et Olivier Capitanio, ont dénoncé cette « annonce brutale » et réclament une rencontre rapide avec le repreneur. Ils évoquent un « abandon progressif par Sanofi de ses implantations départementales ».
Sanofi assure que la fermeture du site est « totalement exclue » et que tout sera mis en œuvre pour maintenir l’activité et l’emploi. Le groupe rappelle qu’aucun des sites cédés au cours des dix dernières années n’a été fermé après la transaction.
Contexte de désindustrialisation pharmaceutique
Cette cession intervient après les déclarations d’Audrey Duval, présidente de Sanofi, devant l’Assemblée nationale en juin. Elle avait alors distingué les fermetures des cessions, précisant que ces dernières peuvent « ramener des investissements et sauvegarder des emplois ».
L’usine de Maisons-Alfort, en activité depuis 1948, symbolise les mutations de l’industrie pharmaceutique française face à la mondialisation et à l’évolution des besoins thérapeutiques vers des traitements plus ciblés.