Résumé :
- Jensen Huang qualifie d' »échec total » les restrictions américaines sur l’exportation de puces IA vers la Chine, estimant qu’elles ont paradoxalement stimulé l’innovation chinoise
- La part de marché de Nvidia en Chine s’effondre : de 95% sous Obama à seulement 50% aujourd’hui, avec une dépréciation de 5,5 milliards de dollars sur les stocks
- Les sanctions ont renforcé la détermination chinoise : les entreprises locales ont reçu un soutien gouvernemental massif pour développer leurs propres technologies
- La Chine dispose d’atouts considérables : 50% des chercheurs mondiaux en IA et d’excellentes capacités en développement logiciel selon le PDG de Nvidia
- Trump inverse la stratégie américaine : exit les restrictions, place aux accords commerciaux massifs avec les pays du Golfe pour vendre un maximum de puces dans le monde
Le retour de bâton inattendu
En 2022, l’administration Biden décide de serrer la vis à la Chine en limitant l’accès aux semi-conducteurs les plus performants. L’objectif ? Freiner l’essor technologique chinois et garder une longueur d’avance sur les technologies de pointe.
Sauf que trois ans plus tard, le résultat est exactement inverse.
« Les entreprises locales sont très, très talentueuses et très déterminées, et le contrôle des exportations leur a donné l’esprit, l’énergie et le soutien gouvernemental pour accélérer leur développement », a déclaré Huang sans mâcher ses mots.
En d’autres termes : interdire quelque chose à quelqu’un, c’est parfois le meilleur moyen de le motiver à se débrouiller tout seul.
Des chiffres qui font mal
Les données parlent d’elles-mêmes et elles ne sont pas tendres pour Washington. Quand Joe Biden a pris ses fonctions, Nvidia détenait 95% du marché chinois des puces IA. Aujourd’hui ? Seulement 50%.
La chute est vertigineuse, mais ce n’est pas tout. Le mois dernier, Nvidia a dû encaisser une dépréciation de 5,5 milliards de dollars sur ses stocks, directement liée aux nouvelles exigences de licence imposées par les États-Unis.
Pour une entreprise habituée à caracoler en tête du classement des valeurs technologiques, la pilule est amère.
La Chine, ce géant qui ne dort plus
Jensen Huang a une vision claire de ce qui se passe de l’autre côté du Pacifique : « La Chine possède 50% des chercheurs en IA mondiaux, et la Chine est incroyablement douée en logiciel. »
Le message est limpide : que Nvidia soit présent ou non, les Chinois continueront leurs recherches. Et s’ils n’ont pas assez de puces américaines ? Ils fabriqueront les leurs.
C’est exactement ce qui est en train de se produire. Les restrictions ont créé un effet d’aubaine pour l’industrie chinoise des semi-conducteurs, qui investit massivement pour rattraper son retard et gagner en autonomie.
Trump change la donne
L’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche rebat les cartes. Le nouveau président a une approche radicalement différente : il veut que Nvidia vende « autant de GPU que possible partout dans le monde ».
Exit les restrictions, place au business. Des accords multimilliardaires ont déjà été signés avec l’Arabie Saoudite et les Émirats Arabes Unis, histoire de montrer que l’Amérique mise sur l’offensive plutôt que sur la défensive.
La leçon de cette guerre technologique
Cette histoire nous rappelle une vérité fondamentale : dans un monde interconnecté, essayer d’étouffer l’innovation, c’est souvent l’accélérer ailleurs.
Les restrictions américaines n’ont pas affaibli la Chine. Elles l’ont rendue plus déterminée, plus inventive, et paradoxalement plus indépendante.
Jensen Huang l’a compris. Reste à voir si Washington tirera les bonnes leçons de cet échec retentissant.