Résumé :
- Nissan enregistre une perte nette de 782 millions de dollars au premier trimestre 2025, marquant son quatrième trimestre consécutif de pertes, avec un chiffre d’affaires en baisse de 9,7%
- L’impact financier sur Renault s’élève à 11,6 milliards d’euros au premier semestre, comprenant 2,3 milliards de pertes directes et 9,3 milliards de dévalorisation comptable de sa participation
- Les tarifs douaniers américains de 25% imposés par Trump (réduits à 15% après négociation) et l’effondrement de 27,5% des ventes en Chine sont les principales causes de cette crise
- Le plan de restructuration « Re:Nissan » prévoit 20 000 suppressions d’emplois et la fermeture de 7 usines sur 17 d’ici 2028, avec un objectif de réduction des coûts de 500 milliards de yens
- Renault devra publier une perte semestrielle historique le 31 juillet, conséquence directe de la débâcle de son ex-allié japonais dont l’action a perdu plus de la moitié de sa valeur
Une hémorragie financière qui s’accélère
Les derniers résultats de Nissan font froid dans le dos. Le constructeur nippon vient d’enregistrer une perte nette de 782 millions de dollars sur le seul trimestre avril-juin, marquant ainsi son quatrième trimestre consécutif dans le rouge. Avec un chiffre d’affaires en chute libre de près de 10%, la spirale négative semble impossible à enrayer.
Nissan prévoit déjà une perte opérationnelle de 100 milliards de yens (584 millions d’euros) pour le trimestre en cours, et les analystes redoutent que la situation empire encore. Sur l’ensemble de l’exercice précédent, le groupe avait déjà accusé une perte colossale de 4,6 milliards de dollars.
Renault, victime collatérale d’une alliance en déroute
Pour Renault, la facture s’annonce particulièrement salée. Les pertes de son ex-allié japonais vont directement impacter ses comptes à hauteur de 2,3 milliards d’euros. Mais ce n’est que la partie émergée de l’iceberg.
La chute vertigineuse du cours de Bourse de Nissan oblige le constructeur français à une douloureuse opération comptable : dévaloriser sa participation dans le groupe nippon. Cette dépréciation représente un impact supplémentaire de 9,3 milliards d’euros. Au total, c’est donc un trou béant de 11,6 milliards d’euros que Renault devra inscrire dans ses comptes.
Cours de Nissan Moto Co Ltd. en direct
Les tarifs Trump et la Chine, double coup de massue
Les tarifs douaniers de 25% imposés par Donald Trump en avril ont frappé de plein fouet le constructeur, qui réalise 39% de ses ventes aux États-Unis. Même si un accord récent a permis de ramener ces tarifs à 15%, l’impact reste dévastateur : jusqu’à 300 milliards de yens de pertes estimées.
En parallèle, le marché chinois s’effondre. Les ventes y ont plongé de 27,5% face à une concurrence locale de plus en plus agressive. Les constructeurs chinois, portés par l’électrique et des prix ultra-compétitifs, mangent littéralement les parts de marché des acteurs historiques.
Un plan de restructuration radical mais tardif
Face à l’urgence, Nissan a dégainé un plan de restructuration baptisé « Re:Nissan » aux allures de thérapie de choc. Au programme : 20 000 suppressions d’emplois et la fermeture de 7 usines sur 17 d’ici mars 2028. L’objectif affiché est ambitieux : réduire les coûts de 500 milliards de yens d’ici 2027.
Les premières victimes sont déjà connues. L’usine historique de Civac au Mexique fermera ses portes en mars 2026, suivie par deux sites au Japon, dont l’emblématique usine d’Oppama. « C’est une décision douloureuse », a reconnu Ivan Espinosa, le PDG de Nissan, visiblement ému lors de l’annonce.
Les chiffres de Nissan sont tombés, c'est CA-TA-STRO-PHIQUE !
— MoneyRadar (@MoneyRadar_FR) July 31, 2025
🚨 Perte nette : 680 millions €
🚨 Chiffre d'affaires : -10%
🚨 Ventes USA : -6,5%
🚨 Ventes Chine : -27,5%
🚨 Ventes Japon : -11,1%
L'impact sur Renault approche les 11,6 milliards € en à peine 6 mois.
👉 2,3… pic.twitter.com/9bR5p73vbY
L’alliance Renault-Nissan, chronique d’une mort annoncée
Cette crise marque peut-être le dernier chapitre d’une alliance qui fut jadis présentée comme un modèle. Alors que Nissan tentait encore de fusionner avec Honda en février dernier, les liens avec Renault ne cessent de se distendre.
Pour le constructeur français, l’heure est aux choix difficiles. Cette perte historique va peser lourd dans les comptes et pourrait forcer une révision stratégique complète. La question n’est plus de savoir si l’alliance peut être sauvée, mais plutôt comment limiter les dégâts d’un naufrage qui semble inéluctable.
Les marchés financiers ont déjà tranché : l’action Nissan a perdu plus de la moitié de sa valeur en un an. Pour Renault, qui détient encore une participation significative dans le groupe japonais, chaque point de baisse représente des centaines de millions d’euros qui s’évaporent. Une hémorragie qui pourrait bien redessiner le paysage automobile mondial dans les mois à venir.