Résumé :
- Donald Trump impose une réduction immédiate des prix des médicaments de 30% à 80% aux États-Unis
- Les laboratoires pharmaceutiques perdent des milliards en bourse avec des chutes atteignant 10%
- Les prix risquent d’augmenter en Europe, dont la France, pour compenser les pertes américaines
- Cette décision remet en question le modèle de financement de la recherche pharmaceutique
Le secteur pharmaceutique traverse actuellement une période de grande instabilité. Dimanche soir, Donald Trump a annoncé sur les réseaux sociaux qu’il allait signer un décret présidentiel qu’il considère comme l’un des plus importants de l’histoire américaine. Son objectif : faire baisser les prix des médicaments sur ordonnance de 30% à 80%, et ce presque immédiatement. Cette annonce a envoyé une onde de choc dans toute l’industrie pharmaceutique mondiale, qui dépend fortement des prix élevés pratiqués sur le marché américain.
Cette offensive contre les prix que Trump juge excessifs reflète sa volonté de transformer en profondeur le marché mondial des médicaments. Le président souhaite que les États-Unis, qui paient actuellement les médicaments beaucoup plus cher que partout ailleurs, bénéficient désormais des mêmes tarifs avantageux que les autres pays. Cette mesure vise à alléger les dépenses de santé du gouvernement fédéral, tout en répondant à une promesse électorale importante pour de nombreux Américains confrontés à des coûts parfois prohibitifs.
Effondrement boursier : comment l’industrie pharmaceutique perd des milliards en quelques heures
La réaction des marchés financiers a été immédiate et sévère. Dès l’annonce du président américain, une vague de ventes a submergé les bourses asiatiques, les premières à ouvrir après cette déclaration. Au Japon, les grands laboratoires ont subi des pertes importantes :
Pertes des principaux laboratoires pharmaceutiques après l’annonce:
- Takeda (Japon): -5%
- Daiichi Sankyo (Japon): -8%
- Chugai (Japon): -10%
- Samsung Biologics (Corée du Sud): -3%
- Novo Nordisk (Danemark): -9%
- Sanofi (France): -1,6%
- Pfizer (États-Unis): -3% (avant même l’annonce)
Cette baisse s’est propagée rapidement à travers les marchés mondiaux. À Hong Kong et en Inde, les valeurs pharmaceutiques ont aussi plongé, avec des géants comme Aurobindo voyant leur cours s’effondrer.
L’Europe a également été touchée par cette tempête boursière. Le danois Novo Nordisk, fabricant du médicament anti-diabète et amaigrissant Ozempic, a vu son action chuter de près de 9%. En France, Sanofi a mieux résisté mais accusait tout de même un recul de 1,6%.
Cette réaction boursière montre les répercussions que cette mesure pourraientt avoir sur l’économie du secteur pharmaceutique. Le marché américain, avec ses prix élevés, représente la principale source de profits pour l’ensemble de l’industrie. Une baisse massive des prix sur ce territoire menace directement les finances de ces entreprises et leur capacité à investir dans la recherche. Les analystes prévoient que les effets de cette mesure se feront sentir encore plus fortement lors de l’ouverture de Wall Street, où les géants comme Pfizer, Merck et Johnson & Johnson pourraient voir leur valorisation chuter significativement.
Comment fonctionne la révolution des prix annoncée par Trump
Au cœur de cette offensive se trouve un mécanisme précis : la clause de la nation la plus favorisée. Donald Trump a expliqué que les États-Unis paieront désormais le même prix que la nation bénéficiant des tarifs les plus avantageux, où que ce soit dans le monde. En pratique, cela signifie que le gouvernement américain refusera de payer pour un médicament plus cher que le pays obtenant le meilleur tarif à l’échelle mondiale.
Cette mesure cible spécifiquement les programmes de santé fédéraux, notamment Medicaid qui couvre les Américains à faible revenu (environ un Américain sur cinq) et Medicare destiné aux personnes de plus de 65 ans. Bien que l’État fédéral n’ait pas d’autorité sur tout le marché pharmaceutique américain, ces deux programmes représentent une part importante des dépenses en médicaments du pays et constituent donc un levier puissant pour influencer l’ensemble du marché.
Ce n’est pas la première tentative de Trump pour diminuer les coûts des médicaments. Lors de son premier mandat, il avait déjà essayé de réduire les prix dans le cadre de Medicare, mais cette tentative s’était heurtée à des obstacles juridiques. Le lobby pharmaceutique américain, l’un des plus puissants à Washington, avait contesté avec succès la légalité de la mesure, arguant que l’administration outrepassait ses pouvoirs.
Cette fois-ci, Trump semble plus déterminé et mieux préparé, même si des experts juridiques indiquent que cette nouvelle tentative pourrait aussi être contestée. Les laboratoires vont probablement remettre en question la légalité de cette ordonnance présidentielle, mais l’administration paraît avoir anticipé ces recours. Les détails précis de l’ordonnance, qui n’ont pas encore été publiés, seront déterminants pour évaluer sa solidité juridique face aux inévitables contestations.
Le dilemme des prix : entre accessibilité des traitements et financement de la recherche
Les États-Unis ont actuellement les prix de médicaments les plus élevés au monde, environ 2,5 à 2,7 fois plus chers que dans les autres pays développés. Cette différence vient du système américain de fixation des prix. Aux États-Unis, les prix sont librement fixés et les remboursements dépendent principalement d’assureurs privés. En Europe et dans d’autres pays, les prix sont négociés directement avec les laboratoires pour le système de santé national, ce qui donne un pouvoir de négociation bien plus important aux acheteurs.
Si la baisse des prix est une bonne nouvelle pour les patients américains et pour le budget fédéral, elle soulève des questions fondamentales sur le financement de la recherche pharmaceutique. Le secteur affirme depuis longtemps que les prix élevés aux États-Unis sont nécessaires pour financer le développement de nouveaux traitements, qui coûtent souvent des milliards de dollars et prennent plus de dix ans avant d’arriver sur le marché.
Trump reconnaît partiellement cet argument, mais estime que la charge de financer la recherche pharmaceutique ne doit pas reposer uniquement sur les États-Unis. Dans son message, il a clairement indiqué que son décret aurait pour conséquence que les prix augmenteraient à travers le monde pour s’équilibrer et conduire à plus d’équité pour l’Amérique.
Cette déclaration suggère un rééquilibrage global des prix qui pourrait affecter les systèmes de santé européens, notamment en France, connue pour négocier parmi les prix les plus bas du continent. Les laboratoires, face à une baisse importante de leurs revenus sur le marché américain, pourraient durcir leurs positions lors des négociations avec les autorités sanitaires européennes et refuser d’accorder des rabais aussi importants qu’auparavant.
Les pays européens, que Trump a plusieurs fois qualifiés de « profiteurs », risquent donc de voir leur facture pharmaceutique augmenter dans les années à venir. La Chine pourrait aussi être touchée, elle qui obtient souvent les prix les plus bas car les laboratoires veulent accéder à son immense marché potentiel. Ce rééquilibrage mondial des prix représente un changement majeur dans l’économie de la santé, dont les effets se feront sentir bien au-delà des frontières américaines.