Résumé :
- Les indices Nasdaq et S&P 500 ont reculé, notamment à cause de prises de bénéfices sur les valeurs technologiques, avec une rotation des investisseurs vers des secteurs moins valorisés comme l’énergie, la santé ou la consommation courante.
- La chute des valeurs tech a été alimentée par des inquiétudes sur leur valorisation excessive : l’IA est jugée surévaluée, appuyé notamment par des propos de dirigeants comme celui d’OpenAI qualifiant le secteur de bulle et une étude du MIT montrant la difficulté des entreprises à monétiser l’IA.
- Des signes d’ingérence gouvernementale se font sentir : l’administration Trump envisage de prendre des participations dans des fabricants de puces en échange de subventions (CHIPS Act), accentuant la prudence des marchés.
- Le contexte de marché est marqué par l’attente du discours du président de la Fed, Jerome Powell, prévu ce week-end à Jackson Hole : les investisseurs scrutent toute indication d’une baisse des taux (avec une probabilité estimée à ~85 %).
- Les signatures de réactions contrastées chez les distributeurs US alimentent l’aversion au risque : Target chute sur annonce de nomination d’un nouveau CEO et de perspectives ternes, tandis que Lowe’s progresse après une hausse de ses prévisions de vente.
Les acteurs du repli : puces et IA en difficulté
Le secteur des semi-conducteurs et de l’intelligence artificielle a particulièrement souffert. Des valeurs comme Micron (–5 %), Palantir (–3 %), AMD (–2 %), Broadcom (–1,6 %), Nvidia (–1 %) et Meta (–1 %) ont enregistré des reculs significatifs. Ces baisses illustrent la sélectivité des ventes : les investisseurs prennent leurs bénéfices sur des titres jugés trop surévalués.
Une crainte amplifiée par les rapports sur l’IA
Ces tensions s’ajoutent à une décrue de l’optimisme autour de l’IA, suite à la publication d’un rapport du MIT selon lequel seulement 5 % des projets en intelligence artificielle apportent une croissance rapide des revenus. Cette étude a semé le doute sur la rentabilité réelle des investissements massifs réalisés dans les technologies génératives ces dernières années. Le Financial Time estime cependant que cette « sell-off » reste modeste et peut-être surestimée, en raison de l’envie du marché d’attribuer une cause à chaque fluctuation.
Cours du Nasdaq en direct
Attente avant Jackson Hole : facteur de prudence généralisée
Cette période de repli survient dans un contexte d’attentisme intense en vue du symposium annuel des banques centrales à Jackson Hole. Le discours du président de la Réserve fédérale, Jerome Powell, est particulièrement attendu et pourrait peser sur les anticipations de politique monétaire. Le compte-rendu de la réunion de juillet confirme que la Fed est prête à rester patiente, mais que deux membres plaident déjà pour une baisse de taux imminente — une signalisation qui renforce l’incertitude sur la direction à laquelle se dirige la politique monétaire.
Rotations sectorielles et rééquilibrages
Selon Reuters, les investisseurs opèrent un basculement vers des secteurs jugés « moins chers » — comme l’énergie, la santé ou les biens de consommation — dans un contexte où les secteurs tech demeurent avantagés par la reprise post-vente du printemps, mais jugés vulnérables aux incertitudes politiques et économiques.
Dans un climat de marché délicat, certains experts estiment qu’on pourrait assister à une correction modérée de 5 à 10 % si des signaux négatifs venaient à s’accumuler, malgré des valorisations élevées en quasi tous points du marché.
Des tensions persistantes et un discours clé en ligne de mire
En résumé, le repli des Bourses sur fond de tech traduit une prise de profit ciblée et un recentrage vers des actifs jugés plus sûrs, dans l’attente d’éléments concrets sur la politique monétaire. Plusieurs facteurs alimentent ce mouvement :
- Faiblesse des valeurs liées à l’IA et aux semi-conducteurs.
- Remise en question de l’efficacité des investissements IA.
- Rotation vers les secteurs traditionnels.
- Anticipation du discours de Powell à Jackson Hole.
Cette phase de consolidation reflète la prudence croissante des investisseurs face à un contexte global marqué par une politique monétaire incertaine et une technologie aux perspectives de rentabilité désormais plus encadrées.
Cet épisode pourrait marquer un tournant vers un marché moins dominé par les géants de la tech, et plus attentif à la valeur réelle des performances des entreprises.
