Résumé :
- Donald Trump a annoncé l’imposition d’une taxe de 100% sur tous les films produits à l’étranger, considérant cette situation comme une « menace pour la sécurité nationale »
- Les détails de cette mesure restent flous, notamment concernant son application aux studios américains tournant à l’étranger ou aux plateformes de streaming
- Cette décision vise à protéger l’industrie cinématographique américaine qui aurait perdu environ 18 000 emplois ces trois dernières années, principalement en Californie
- Trump avait déjà nommé trois acteurs (Mel Gibson, Sylvester Stallone et Jon Voight) comme « ambassadeurs spéciaux » pour revitaliser Hollywood
- Les gouvernements australien et néo-zélandais ont déjà exprimé leur soutien à leurs industries cinématographiques nationales face à cette mesure protectionniste
Le président américain vient d’autoriser Jamieson Greer, représentant américain au Commerce, à lancer le processus d’imposition de cette taxe draconienne. Par une publication sur son réseau Truth Social, Trump n’y va pas par quatre chemins : « L’industrie cinématographique en Amérique est en train de MOURIR très rapidement ».
Selon lui, les incitations fiscales proposées par des pays comme le Royaume-Uni, la Hongrie, l’Australie ou le Canada représentent « un effort concerté » pour attirer les productions américaines et constituent ni plus ni moins qu’une « menace pour la sécurité nationale ». Et d’ajouter : « C’est, en plus de tout le reste, du message et de la propagande ! »
Un flou artistique préoccupant
Les contours exacts de cette mesure restent aussi flous qu’un plan séquence brumeux. La taxe s’appliquera-t-elle uniquement aux productions étrangères ou également aux studios américains qui tournent à l’étranger ? Qu’en sera-t-il des plateformes de streaming comme Netflix ou des films avec seulement quelques scènes tournées hors des États-Unis ?
Techniquement, la grande majorité des films diffusés dans les cinémas américains sont produits aux États-Unis, scénarios écrits, planification de préproduction gérée, acteurs principaux castés, montage et son ajoutés sur le sol américain. Mais pour des raisons de coûts, beaucoup de tournages s’expatrient, comme pour « Deadpool & Wolverine », « Wicked » ou encore « Gladiator II ».
L’industrie californienne en péril
Cette situation a des conséquences dramatiques pour les travailleurs américains du cinéma. Selon l’Alliance internationale des employés de théâtre, environ 18 000 emplois à temps plein ont été supprimés ces trois dernières années, principalement en Californie.
« Nous laissons la Californie devenir pour l’industrie du divertissement ce que Detroit est devenu pour l’industrie automobile », déplore Michael F. Miller Jr., vice-président du syndicat.
La réalité économique est implacable : avec des budgets toujours plus serrés, les producteurs cherchent des économies où ils peuvent. Le streaming a atteint son apogée, moins de spectateurs se rendent dans les salles, et les ventes de DVD appartiennent au passé.
Une « dream team » pour sauver Hollywood
La solution de Trump face à cette hémorragie ? En janvier, juste avant son investiture, il avait déjà nommé un trio de choc composé de Mel Gibson, Sylvester Stallone et Jon Voight comme « ambassadeurs spéciaux ». Leur mission : ramener Hollywood, « qui a perdu beaucoup d’activités au profit de pays étrangers ces quatre dernières années, PLUS GRAND, MEILLEUR ET PLUS FORT QUE JAMAIS ! »
Pour l’instant, ces trois acteurs, fervents soutiens du président, n’ont pas fait grand-chose publiquement. Seul Jon Voight, père d’Angelina Jolie, aurait rencontré quelques syndicats et dirigeants de studios dans le cadre d’une mission d’enquête privée.
Le monde réagit
Face à cette annonce fracassante, les réactions ne se sont pas fait attendre à l’international. L’Australie et la Nouvelle-Zélande ont rapidement pris la défense de leurs industries cinématographiques nationales.
« Personne ne devrait douter que nous défendrons sans équivoque les droits de l’industrie cinématographique australienne », a déclaré Tony Burke, ministre australien des Affaires intérieures. De son côté, le Premier ministre néo-zélandais Christopher Luxon a indiqué que son gouvernement attendait plus de détails sur les tarifs proposés, mais qu’il serait « un grand défenseur, un grand champion de ce secteur et de cette industrie ».
Cette nouvelle offensive commerciale s’inscrit dans une stratégie plus large de Trump qui, depuis son retour à la Maison Blanche en janvier, multiplie les taxes sur les importations de nombreux pays. Une politique qui, selon lui, stimulera les fabricants américains et protégera les emplois, mais qui plonge déjà l’économie mondiale dans le chaos et pourrait faire grimper les prix des biens partout dans le monde.
Malgré ces défis, les États-Unis demeurent un centre majeur de production cinématographique avec 14,54 milliards de dollars de dépenses l’année dernière. Ce chiffre est toutefois en baisse de 26% depuis 2022, tandis que des pays comme l’Australie, la Nouvelle-Zélande, le Canada et le Royaume-Uni ont vu leurs investissements augmenter sur la même période.