Résumé :
- Trump accorde un troisième sursis de 90 jours à TikTok, repoussant l’échéance de vente ou d’interdiction jusqu’à mi-septembre 2025, via un décret exécutif prévu cette semaine
- L’application échappe à la loi depuis janvier 2025 grâce aux extensions présidentielles successives, malgré une législation votée avec un soutien bipartisan et validée par la Cour suprême
- Les négociations de vente restent bloquées entre les exigences américaines de sécurité nationale et l’approbation nécessaire de la Chine, après l’échec d’un accord en avril suite aux nouveaux tarifs douaniers de Trump
- 170 millions d’utilisateurs américains restent dans l’incertitude tandis que plusieurs acheteurs potentiels (Amazon, Perplexity AI, fonds d’investissement) attendent une résolution
- TikTok est devenu un enjeu géopolitique dans les négociations commerciales sino-américaines, Trump espérant que Xi Jinping approuvera finalement un accord de vente
Trump, TikTok et interdiction : Un feuilleton qui s’éternise
L’histoire aurait dû s’arrêter le 19 janvier dernier. Ce jour-là, la loi exigeant la vente ou l’interdiction de TikTok aux États-Unis entrait officiellement en vigueur. Résultat ? L’application a disparu pendant 14 heures avant de revenir miraculeusement, portée par les promesses de Trump de ne pas appliquer la sanction. Depuis, le président multiplie les extensions comme autant de bouées de sauvetage lancées à l’application préférée des jeunes Américains.
« Le président Trump ne veut pas que TikTok disparaisse », martèle Karoline Leavitt, porte-parole de la Maison Blanche. Une position qui tranche radicalement avec celle de l’ancien Trump, celui qui voulait bannir l’application en 2020. Aujourd’hui, fort de ses 15 millions d’abonnés sur la plateforme, le président affirme avoir « une place chaleureuse dans son cœur » pour TikTok.
Interdiction de TikTok : La Chine comme arbitre du match
Mais voilà, sauver TikTok ne dépend pas que de la volonté présidentielle. L’équation reste complexe : trouver un accord qui satisfasse à la fois Washington et Pékin, tout en préservant les intérêts de ByteDance, la maison-mère chinoise. Un deal semblait sur le point d’aboutir en avril, les fonds américains Blackstone et Andreessen Horowitz étaient sur les rangs, ByteDance conservant une participation minoritaire de 20%. Puis Trump a annoncé de nouveaux tarifs douaniers sur les produits chinois. Résultat : négociations au point mort.
« Il y a des questions clés à résoudre. Tout accord sera soumis à l’approbation de la loi chinoise », rappelle froidement ByteDance. Une façon de dire que sans le feu vert de Xi Jinping, rien ne se fera. Trump reste optimiste : « Je pense que le président Xi approuvera finalement, oui », a-t-il déclaré aux journalistes à bord d’Air Force One.

TikTok : 170 millions d’Américains en suspens
Pendant ce temps, TikTok continue de vivre comme si de rien n’était. L’application a même organisé un événement tape-à-l’œil à New York le mois dernier pour séduire les annonceurs, avec l’humoriste Hasan Minhaj en maître de cérémonie. « Nous sommes absolument confiants dans une résolution », assure Khartoon Weiss, vice-présidente de TikTok, depuis le festival publicitaire de Cannes.
Cette confiance affichée masque mal l’incongruité de la situation. Comme le souligne Alan Rozenshtein, ancien conseiller en sécurité nationale : « C’est une situation folle – le président a essentiellement annulé une loi parce qu’il ne l’aime pas ». Une loi votée avec un large soutien bipartisan, validée par la Cour suprême, et censée protéger les données de millions d’Américains face aux risques d’espionnage chinois.
Au-delà de TikTok : Une partie d’échecs géopolitique
La liste des prétendants continue de s’allonger : Amazon, Perplexity AI, AppLovin, et même un consortium incluant la star YouTube MrBeast. Tous attendent leur tour pour mettre la main sur ce qui est devenu bien plus qu’une simple application, un véritable enjeu dans le bras de fer commercial entre Washington et Pékin.
Certains législateurs républicains préconisent la manière forte. « Le moyen le plus efficace de négocier serait de laisser l’application disparaître et voir si la Chine vient à la table des négociations », suggère John Moolenaar, représentant du Michigan. Mais Trump a choisi une autre voie, transformant TikTok en monnaie d’échange dans des négociations commerciales plus larges.Alors que septembre approche, une question demeure : combien de temps encore Trump pourra-t-il jongler avec la loi ? Car chaque extension ressemble davantage à un pari risqué qu’à une stratégie viable. Pour les 170 millions d’utilisateurs américains de TikTok, l’incertitude continue. Mais une chose est sûre : tant que Trump sera aux commandes, l’application a encore de beaux jours devant elle. Du moins jusqu’au prochain ultimatum.