Résumé :
- Moody’s a abaissé la note de crédit des États-Unis de « Aaa » à « Aa1 » le 16 mai 2025, retirant le dernier « triple A » du pays après S&P (2011) et Fitch (2023).
- La dégradation est justifiée par l’endettement croissant et l’incapacité des gouvernements successifs à réduire les déficits importants.
- La Maison Blanche a réagi agressivement, Steven Cheung attaquant personnellement l’économiste Mark Zandi de Moody’s.
- Cette décision survient alors que le mégaprojet de loi budgétaire de Trump, incluant 880 milliards de coupes budgétaires, est bloqué par des républicains dissidents.
- Malgré cette dégradation, Moody’s reconnaît la force unique de l’économie américaine et maintient une perspective stable.
La fin d’une ère pour la première puissance mondiale
Jamais depuis sa création, Moody’s n’avait osé toucher à la note maximale des États-Unis. Cette décision, aussi symbolique que concrète, vient parachever un processus entamé par ses concurrentes : Standard & Poor’s avait ouvert la brèche dès 2011, suivie par Fitch en 2023. Le triple A américain n’est désormais plus qu’un souvenir.
La justification de Moody’s est sans appel : « Les gouvernements et élus successifs n’ont pas su s’entendre pour prendre les mesures permettant d’inverser la tendance conduisant à un déficit annuel important », peut-on lire dans leur communiqué. En d’autres termes, l’agence pointe du doigt l’incapacité chronique de Washington à mettre de l’ordre dans ses finances.
La Maison Blanche contre-attaque violemment
La réaction de l’administration Trump ne s’est pas fait attendre. Sur le réseau social X, Steven Cheung, directeur de la communication de la Maison Blanche, a lancé une attaque frontale contre Mark Zandi, économiste en chef chez Moody’s Analytics : « Personne ne prend ses analyses au sérieux. Il a été prouvé qu’il avait tort à maintes reprises. »
Cette stratégie de discréditation illustre l’embarras palpable d’une administration prise en tenaille entre ses promesses de relance économique et la réalité d’une dette qui s’emballe.
Le mégaprojet de Trump déjà en péril
Ce coup dur survient au pire moment pour Donald Trump. Son ambitieux projet de loi budgétaire, pièce maîtresse de son second mandat, s’est fracassé vendredi contre un mur d’opposition… venant de son propre camp. Malgré ses appels pressants sur Truth Social, cinq élus républicains ont rejoint les démocrates pour bloquer ce texte qui prévoit pourtant l’extension des crédits d’impôt chers au président.
Le projet comporte également des coupes drastiques de 880 milliards de dollars sur dix ans, ciblant principalement l’assurance santé de 70 millions d’Américains aux revenus modestes. Une pilule que certains républicains refusent d’avaler, créant des fissures béantes dans la majorité présidentielle.
🚨 ALERTE : Moody's dégrade la note des États-Unis, fin du triple-A !
— MoneyRadar (@MoneyRadar_FR) May 17, 2025
Pour la 1ère fois de l'Histoire, les USA perdent leur note AAA auprès des 3 grandes agences !
Les raisons de cette chute selon l'agence :
👉 Déficit attendu à 9% du PIB en 2035 (contre 6,4% en 2024)
👉… pic.twitter.com/a8GPQ7eXsR
Un avertissement qui tombe à point nommé pour les opposants
La décision de Moody’s offre des munitions inespérées aux critiques du programme économique trumpien. L’élu démocrate Brendan Boyle n’a pas manqué de souligner l’ironie de la situation : « L’abaissement de la note est un avertissement direct : nos perspectives budgétaires se détériorent, et les républicains de la Chambre des représentants sont déterminés à les aggraver. »
Et d’enfoncer le clou : « La question est de savoir si les républicains sont prêts à se rendre compte des dégâts qu’ils sont en train de causer. »
Même dans le camp républicain, certains voix comme celle de French Hill y voient « un rappel puissant que les choses ne sont pas dans l’ordre », appelant à « réinstaurer la stabilité budgétaire ».
Une économie qui reste solide… pour l’instant
Malgré ce coup de semonce, Moody’s tempère son jugement en reconnaissant le caractère « unique » de l’économie américaine, citant « sa profondeur, les revenus élevés qu’elle génère, la forte croissance potentielle et sa capacité à innover ». C’est d’ailleurs ce qui justifie le maintien d’une perspective stable pour cette nouvelle note.
Mais l’agence avertit : sans « réformes fiscales permettant de ralentir significativement et même inverser la détérioration de la dette et des déficits publics », l’horizon pourrait rapidement s’assombrir. Une invitation à peine voilée à revoir la copie budgétaire actuellement en discussion.
La balle est désormais dans le camp de l’administration Trump, qui devra jongler entre ses promesses électorales de réductions d’impôts et la nécessité impérieuse de contenir une dette qui a fait perdre aux États-Unis leur dernier triple A. Un exercice d’équilibriste qui s’annonce particulièrement périlleux.