Résumé :
- Elon Musk quitte officiellement le DOGE le 30 mai après 130 jours de mandat
- Seulement 175 milliards d’économies réalisées sur les 2 000 milliards promis, soit 8,7% de l’objectif
- Plus de 280 000 agents fédéraux licenciés ou partis volontairement
- Tensions majeures avec Trump sur la loi budgétaire qui creuse le déficit de 3 300 milliards
- Le DOGE continue jusqu’en 2026 sous Russell Vought avec des ambitions réduites
Le rêve d’efficacité gouvernementale d’Elon Musk s’est écrasé contre la réalité washingtonienne. Vendredi 30 mai, l’homme le plus riche du monde a officiellement quitté le gouvernement Trump, laissant derrière lui un bilan qui interroge sur la faisabilité des réformes promises durant la campagne.
Donald Trump avait pourtant comparé ce programme au projet Manhattan, qui permit aux États-Unis de construire la première bombe nucléaire. Quatre mois plus tard, le DOGE ressemble davantage à un pétard mouillé qu’à une révolution administrative. Entre promesses démesurées et réalité du terrain, l’écart s’avère immense.
Un bilan désastreux qui pulvérise les promesses de campagne
Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Avec 175 milliards de dollars d’économies en 130 jours, le DOGE atteint péniblement 8,7% de l’objectif initial de 2 000 milliards. Pire encore, ces données officielles restent invérifiables et probablement gonflées selon plusieurs observateurs.
Tableau comparatif des objectifs vs résultats :
Objectif initial | Objectif révisé | Résultat final | Taux de réussite |
2 000 milliards $ | 1 000 milliards $ | 175 milliards $ | 8,7% |
Musk avait lui-même revu ses ambitions à la baisse en cours de route, passant de 2 000 à 1 000 milliards. Même avec cet objectif diminué de moitié, le résultat final ne représente que 17,5% de ses promesses « allégées ».
L’action du DOGE a pourtant été radicale sur le plan humain. Plus de 280 000 agents fédéraux sur 2,3 millions ont quitté l’administration. Cette purge témoigne de la volonté de Musk de transformer la machine étatique, mais selon une méthode qui s’est révélée contre-productive.
Répartition des départs d’agents fédéraux :
- Total des départs : 280 000 agents sur 2,3 millions
- Taux de rotation : 12,2% de l’effectif total
- Secteurs touchés : santé publique, sécurité nucléaire, régulation aérienne, éducation, recouvrement fiscal
La stratégie du bulldozer s’est heurtée à des écueils majeurs. L’épisode le plus parlant reste les 350 licenciements d’agents du programme nucléaire américain, une décision si dangereuse qu’elle a dû être annulée en urgence. Cette erreur illustre les limites d’une approche purement comptable appliquée sans discernement.
Washington résiste et neutralise la machine Musk
Les résistances ont émergé de partout, à commencer par Donald Trump lui-même. Le président a interdit à son protégé de toucher aux deux mastodontes budgétaires américains : les retraites fédérales et la couverture santé des plus démunis.
Les secteurs interdits par Trump :
- Régime fédéral de retraite par répartition
- Couverture santé des plus démunis (Medicaid)
- Budget de la défense
- Protection sociale
Cette limitation révèle les contraintes politiques insurmontables. Ces programmes, bien que coûteux, bénéficient d’une telle popularité que Trump n’ose s’y attaquer.
Les frictions se sont multipliées au sein du gouvernement. Marco Rubio (diplomatie) et Scott Bessent (Trésor) ont contesté les coupes demandées à leurs ministères. Sans périmètre d’action suffisant, le DOGE s’est rabattu sur des victimes expiatoires comme l’USAID, l’agence d’aide humanitaire internationale.
Cette décision démagogique a fait basculer la vie de millions de personnes à travers le monde pour des économies ridicules à l’échelle du budget américain. Le prix : un recul durable de l’influence américaine sur la scène internationale.
La justice a porté le coup de grâce. En mars, un juge fédéral a ordonné à six ministères de réintégrer des milliers de fonctionnaires limogés. Le magistrat a estimé que justifier ces licenciements par de « mauvaises performances » constituait « un prétexte pour contourner les obligations légales« .
Face à ces revers, Musk a admis que « la bureaucratie fédérale est bien pire que ce qu’il pensait » et que Washington représentait « un parcours du combattant« .
La rupture finale avec Trump sur le budget scelle la séparation
La goutte d’eau qui a fait déborder le vase porte un nom : la « grande et belle loi » budgétaire. Cette législation en cours d’examen au Congrès vise à prolonger les « crédits d’impôt Trump » qui expirent fin 2025.
Pour Musk, cette loi représente l’opposé de ce qu’il défendait. Selon une analyse parlementaire, ce texte creuserait le déficit fédéral de 3 300 milliards de dollars sur dix ans.
Impact budgétaire comparé :
Action | Montant | Effet sur le déficit |
Économies DOGE réalisées | 175 milliards $ | Réduction |
« Grande et belle loi » Trump | 3 300 milliards $ | Augmentation |
Solde net | +3 125 milliards $ | Explosion du déficit |
Musk n’a pas mâché ses mots :
« J’ai été déçu de voir ce projet de loi de dépenses massives qui augmente le déficit budgétaire. »
Cette critique publique marque une rupture définitive entre les deux hommes.
Pendant que Musk tentait de grappiller quelques milliards, Trump préparait une explosion budgétaire dix-huit fois supérieure aux économies réalisées. Cette contradiction révèle le manque de sincérité du président sur la réduction des dépenses.
Le départ d’Elon Musk du DOGE marque la fin d’une expérience mal préparée qui aura surtout créé du chaos dans la fonction publique. Malgré ses méthodes expéditives, le milliardaire n’aura réussi qu’à égratigner une administration plus résistante que prévu. Le DOGE continuera jusqu’en 2026 sous Russell Vought, mais avec des ambitions réduites à la dérégulation. Cette transition révèle les limites du management privé appliqué à la sphère publique et pose une question simple : entre des objectifs non atteints et un management qui braque ses équipes, quel patron d’entreprise survivrait à un tel bilan ? L’illusion qu’un État se gère comme une entreprise vient de prendre fin avec Musk.