Économie bleue : pourquoi 175 milliards de dollars manquent chaque année pour sauver nos océans ?

25 000 milliards de dollars d'opportunités inexploitées gisent dans nos océans, mais un déficit de financement de 175 milliards par an bloque cette révolution économique. Au forum de Monaco, l'activiste Paul Watson et Christine Lagarde incarnent deux visions opposées : faut-il encore croire aux promesses institutionnelles ou agir différemment pour sauver l'économie bleue ?

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Résumé :

  • L’économie bleue représente un potentiel de 25 000 milliards de dollars d’opportunités mondiales
  • Un déficit de financement de 175 milliards de dollars par an empêche d’atteindre les objectifs ONU
  • Seulement 25 milliards de dollars mobilisables immédiatement en 2025 pour des projets opérationnels
  • L’économie maritime traditionnelle pèse déjà comme le 7e pays mondial en production de richesse
  • Paul Watson critique l’inefficacité des forums internationaux depuis cinquante ans
  • Christine Lagarde alerte sur le coût de l’inaction qui atteindra des centaines de milliards annuels

Christine Lagarde ouvre le forum de Monaco en récitant Baudelaire. Dans la salle, Paul Watson, 74 ans et cinq mois de prison au Groenland derrière lui, observe cette assemblée financière avec un sourire désabusé. Cette scène illustre les tensions de l’économie bleue entre discours institutionnel et réalisme militant.

L’océan couvre 72% de la surface terrestre et recèle 25 000 milliards de dollars d’opportunités selon Pascal Lamy. Mais cette richesse reste inexploitée, bloquée entre objectifs durables et contraintes financières. Le forum monégasque révèle autant les promesses que les obstacles de cette nouvelle économie.

L’économie bleue : un secteur de 25 000 milliards qui débute

L’économie bleue dépasse le transport maritime et la pêche classique. Robert Calcagno, directeur de l’Institut océanographique de Monaco, distingue économie maritime et économie bleue. La première pèse déjà comme le 7e pays mondial en richesse produite. La seconde commence à peine et regroupe des activités variées : culture d’algues, aires marines protégées, restauration de mangroves, navires verts.

Les secteurs de l’économie bleue :

  • Culture d’algues et aquaculture durable
  • Aires marines protégées et restauration d’écosystèmes
  • Énergies marines renouvelables
  • Biotechnologies marines
  • Tourisme côtier responsable
  • Ports et transport maritime verts
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La Commission européenne définit ce secteur comme l’ensemble des activités liées aux océans, mers et côtes. Le Secrétariat général de la mer français reconnaît que le concept reste parfois abstrait. Pascal Lamy, ancien directeur de l’OMC, évoque des opportunités de 25 000 milliards de dollars. Cette richesse ne se concrétisera que si l’humanité arrête de gaspiller les ressources océaniques.

Le manque de financement : 175 milliards de déficit par an

Les chiffres montrent l’ampleur du problème. Robert Calcagno révèle un manque de 175 milliards de dollars par an pour atteindre les objectifs ONU d’un océan durable. Ce montant représente sept fois le PIB de Monaco.

Financement disponibleMontant (milliards $)Échéance
Projets prêts252025
Projets en développement252026-2027
Besoin annuel total175Chaque année
Déficit actuel125À combler

Les annonces du forum paraissent modestes face à ce défi. 25 milliards de dollars peuvent être mobilisés en 2025 pour des projets prêts, plus 25 milliards pour des projets moins avancés. Même en atteignant 50 milliards, il faudrait tripler cette somme pour combler le déficit annuel. Christine Lagarde prévient que s’adapter coûtera cher, mais que l’inaction coûtera des centaines de milliards par an dès le milieu du siècle.

Les exemples concrets montrent cette diversité : récifs coralliens aux Maldives, coopératives d’algues en Tanzanie, crédits carbone aux Fidji, navires et ports respectueux de l’environnement. Chaque projet demande des financements spécifiques et des compétences particulières.

Le capital naturel : une nouvelle approche économique

Tiago Pitta e Cunha, directeur de la fondation portugaise Oceano Azul, propose de changer notre vision économique. Pour lui, la nature accumulée depuis l’apparition de la vie constitue un capital à valoriser économiquement. Cette approche va au-delà de la simple comptabilité environnementale.

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L’ancien conseiller ministériel portugais agit concrètement en signant un accord avec la London School of Economics. Un groupe de discussion réunira économistes, juristes et philosophes pour redéfinir la valeur de la nature. Sa comparaison est parlante : l’océan ressemble à un pays où l’immobilier coûte peu cher aujourd’hui mais vaudra beaucoup plus demain. Les aires protégées créeront une biodiversité précieuse car la nature devient rare.

Cette approche économique de la nature divise les experts. Elle peut mobiliser des capitaux privés importants mais risque de transformer l’océan en simple produit financier, oubliant sa valeur écologique.

Paul Watson contre Christine Lagarde : deux urgences différentes

Paul Watson tranche avec l’assemblée de financiers. Sans costume, un peu voûté mais souriant, le fondateur de Sea Shepherd apporte un regard direct. Il suit les discussions sans prétendre apporter grand-chose mais espère apprendre. Cette modestie cache une critique sévère du système.

L’activiste va à l’essentiel : dans ces forums internationaux, il ne voit jamais de solutions concrètes. Les participants parlent de solutions au lieu d’en créer. Son expérience de cinquante ans compte : Stockholm 1972, Rio 1992, Paris 2015, sans résultats tangibles.

Christine Lagarde garde confiance dans les institutions tout en terminant par Baudelaire. Ces vers résonnent avec l’analyse de Watson : des siècles de combats sans fin entre frères ennemis. Cette convergence inattendue entre la banquière et le militant montre l’urgence océanique. Antonio Guterres résume le paradoxe : l’océan qui nourrit la planète a maintenant besoin d’aide pour survivre.

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