Résumé :
- Bill Gates, cofondateur de Microsoft présente des « preuves » scientifiques démontrant que les coupes budgétaires dans l’aide sanitaire mondiale causeront 8 millions de décès d’enfants supplémentaires d’ici 2040
- Les programmes de lutte contre la tuberculose et le paludisme subissent des interruptions, avec des retards dans la distribution de médicaments vitaux au Nigeria et en Éthiopie
- PEPFAR (lutte contre le sida) et le Fonds mondial risquent des coupes drastiques malgré leur soutien bipartisan traditionnel au Congrès
- La Fondation Gates investira 200 milliards de dollars sur 20 ans, principalement en Afrique, pour compenser partiellement les réductions gouvernementales
- L’administration Trump propose 2,7 milliards de coupes dans la recherche cancer et 880 milliards dans Medicaid pour financer 4,5 billions d’allègements fiscaux

Une expertise de 25 ans mise au service d’un plaidoyer urgent
Gates, fort de ses 25 années d’expérience dans la santé mondiale, ne mâche pas ses mots. « Je connais ce domaine aussi bien que le logiciel », déclare-t-il, avant d’asséner : « Quand les États-Unis et d’autres gouvernements coupent soudainement leurs budgets d’aide comme ils le font, je sais pour un fait que davantage d’enfants mourront. »
Le philanthrope s’appuie sur une étude récente publiée dans The Lancet. Cette recherche projette qu’à l’horizon 2040, 8 millions d’enfants supplémentaires pourraient décéder avant leur cinquième anniversaire en raison des réductions d’aide étrangère américaine.
Des conséquences déjà visibles sur le terrain
Les effets des coupes budgétaires se font déjà sentir dans les programmes sanitaires critiques. Les initiatives de détection de la tuberculose s’arrêtent, la prévention du paludisme bat de l’aile, et la distribution de médicaments vitaux accuse des retards significatifs.
Gates rapporte ses observations directes lors de récents déplacements au Nigeria et en Éthiopie. Dans ces pays, les systèmes de santé locaux subissent déjà les perturbations causées par la réduction de l’aide américaine.
When the United States and other governments suddenly cut their aid budgets, I know for a fact that more children will die. Here’s the proof I’m showing Congress. https://t.co/Oa05MTyDoU
— Bill Gates (@BillGates) June 25, 2025
PEPFAR et le Fonds mondial en ligne de mire
Parmi les programmes menacés figurent PEPFAR, le plan d’urgence présidentiel américain contre le sida, et le Fonds mondial contre le sida, la tuberculose et le paludisme. Ces initiatives, qui ont sauvé des millions de vies depuis leur création, voient leur financement remis en question.
La sénatrice républicaine Susan Collins du Maine a pourtant rappelé que PEPFAR « reste une priorité bipartisane du Congrès ». Elle qualifie les réductions de financement visant à prévenir la transmission des maladies d' »extraordinairement mal avisées et à courte vue ».
La Fondation Gates mobilise 200 milliards de dollars
Face à ces réductions, Gates annonce que sa fondation dirigera la majorité de ses 200 milliards de dollars d’investissements prévus sur les 20 prochaines années vers l’Afrique. Le milliardaire s’engage également à donner 99% de sa fortune restante à sa fondation philanthropique.
Cette mobilisation privée intervient alors que Gates critique ouvertement Elon Musk et Donald Trump pour leur soutien aux coupes abruptes de l’USAID. Il met en garde contre une résurgence de maladies comme la rougeole, le VIH et la polio, particulièrement meurtrières pour les enfants les plus pauvres.
Un contexte budgétaire tendu aux États-Unis
Les réductions d’aide internationale s’inscrivent dans un plan d’austérité plus large de l’administration Trump. Le budget 2026 propose une coupe de 2,7 milliards de dollars, soit 37% du financement de l’Institut national du cancer.
Les républicains de la Chambre avancent par ailleurs 880 milliards de dollars de réductions sur Medicaid pour financer l’extension des allègements fiscaux de Trump, estimée à 4,5 billions de dollars. Selon l’Office budgétaire du Congrès, ces mesures pourraient priver 2,3 à 8,6 millions d’Américains de leur couverture santé d’ici 2034.
Gates maintient qu’il n’est « pas trop tard pour changer de cap » et appelle le Congrès à restaurer le financement des programmes vitaux. Son message au législateur américain est clair : les preuves scientifiques démontrent que ces coupes budgétaires coûteront des millions de vies d’enfants dans les pays les plus vulnérables.