« C’est le mieux qu’on pouvait obtenir » : L’Europe plie face à Trump et va débourser 1350 milliards !

Un coup de théâtre s'est joué dimanche sur les greens écossais de Turnberry. Après quatre mois de bras de fer intense, Donald Trump et Ursula von der Leyen ont trouvé un terrain d'entente pour éviter le pire. Les exportations européennes seront taxées à 15% - un taux certes douloureux, mais deux fois moins élevé que les 30% brandis comme une épée de Damoclès par le président américain.

USA Europe droit de douanes 15%
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Résumé :

  • Accord commercial UE-USA signé le 27 juillet 2025 : Donald Trump et Ursula von der Leyen trouvent un compromis à Turnberry (Écosse) après 4 mois de négociations tendues, évitant une guerre commerciale majeure
  • Droits de douane fixés à 15% sur la plupart des exportations européennes vers les États-Unis, contre 30% initialement menacés – mais reste une augmentation significative par rapport aux 4,8% d’avant Trump
  • Engagements européens massifs : 750 milliards de dollars d’achats énergétiques américains et 600 milliards d’investissements aux USA sur 3 ans, incluant du matériel militaire
  • Secteurs épargnés et pénalisés : exemption totale pour l’aéronautique, certains produits chimiques et semi-conducteurs, mais maintien de 50% de taxes sur l’acier européen
  • Impact géopolitique majeur : l’accord marque la fin du libre-échange transatlantique traditionnel et confirme le virage protectionniste américain, avec l’Europe contrainte d’accepter pour éviter pire

Une négociation au couteau sous la pluie écossaise

L’ambiance était électrique quand la présidente de la Commission européenne a débarqué au luxueux resort de golf appartenant à la famille Trump. « 50-50 », avaient-ils tous deux estimé leurs chances de succès avant de s’enfermer pour 40 minutes de discussions qualifiées de « très difficiles » par von der Leyen. « Vous avez vu la tension au début », confiera-t-elle plus tard aux journalistes, encore marquée par l’intensité de l’échange.

Le timing ne devait rien au hasard. L’ultimatum du 1er août approchait dangereusement, menaçant d’écraser sous 30% de taxes l’ensemble des produits européens entrant aux États-Unis. Une catastrophe annoncée pour l’économie du Vieux Continent, particulièrement pour l’Allemagne dont l’industrie exportatrice tremblait déjà.

Un accord à 1350 milliards de dollars

Mais que contient vraiment ce « plus grand accord commercial de l’histoire » comme l’a qualifié Trump ? D’abord, ces fameux 15% de droits de douane sur la majorité des exportations européennes – un compromis amer quand on se souvient que la moyenne était de 4,8% avant l’ère Trump.

En échange, l’Europe s’engage sur des montants vertigineux : 750 milliards de dollars d’achats énergétiques américains sur trois ans (pétrole, gaz liquéfié, nucléaire) et 600 milliards d’investissements supplémentaires, incluant du matériel militaire. Un pari colossal pour réduire la dépendance européenne au gaz russe tout en remplissant les caisses américaines.

Les gagnants et les perdants d’un compromis forcé

Certains secteurs respirent : l’aéronautique, une partie de la chimie, les semi-conducteurs et quelques produits agricoles échappent totalement aux taxes. Mais pour l’acier européen, c’est la douche froide avec un maintien des droits punitifs à 50%. Les constructeurs automobiles allemands VW, Mercedes et BMW, déjà frappés par des taxes de 27,5%, espéraient mieux.

L’Irlande se retrouve dans une position kafkaïenne : pendant que la République paiera 15%, l’Irlande du Nord bénéficiera de seulement 10% – une division tarifaire de l’île qui promet des complications diplomatiques autour des accords du Vendredi saint.

« C’est le mieux qu’on pouvait obtenir »

Cette phrase de von der Leyen résume la résignation européenne face à la nouvelle réalité commerciale transatlantique. Les industriels allemands ne cachent pas leur déception : « Quand on s’attend à un ouragan, on se réjouit d’une simple tempête », ironise amèrement la fédération chimique VCI.

Le chancelier Friedrich Merz tente de positiver en parlant d’une « escalade inutile » évitée, mais reconnaît à demi-mot qu’il « aurait souhaité davantage ». La Fédération allemande de l’industrie est plus directe : c’est « un signal fatal » pour l’économie interconnectée des deux rives de l’Atlantique.

Trump, le grand vainqueur de cette partie de poker

Le président américain peut savourer. Non seulement il engrange potentiellement 90 milliards de dollars de revenus douaniers annuels, mais il obtient aussi des investissements massifs et des achats énergétiques records. Cerise sur le gâteau : il garde en réserve la possibilité d’augmenter les tarifs si l’Europe ne tient pas ses engagements.

Cette victoire tactique s’inscrit dans sa stratégie globale de réorganisation du commerce mondial à coups de menaces tarifaires. Après le Japon, le Vietnam et les Philippines, c’est l’Europe qui plie. La Chine pourrait être la prochaine sur la liste, avec des négociations prévues à Stockholm.

Un nouveau monde commercial se dessine

L’accord de Turnberry marque symboliquement la fin d’une époque. Celle du libre-échange transatlantique cède la place à un protectionnisme américain assumé et triomphant. Les marchés financiers, soulagés d’éviter le chaos d’une guerre commerciale totale, valideront probablement ce nouveau paradigme dès l’ouverture lundi.

Mais au-delà des chiffres, c’est l’équilibre géopolitique qui bascule. L’Europe, coincée entre les ambitions américaines et la menace énergétique russe, découvre le prix de sa dépendance. Les 27 États membres devront encore valider cet accord dans les prochaines semaines, mais le choix semble déjà fait : payer le tribut ou risquer l’isolement commercial.

« Nous avons conclu un accord », ont déclaré en chœur Trump et von der Leyen dimanche soir. Un accord, certes. Mais à quel prix pour l’autonomie stratégique européenne ? La question restera suspendue au-dessus des capitales du Vieux Continent bien après que les échos de Turnberry se seront dissipés.

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