Alors que la France s’apprête à voter, une réalité économique frappe de plein fouet : le nombre de smicards atteint des sommets historiques. Plongez dans les chiffres chocs et les raisons de cette explosion qui bouleverse le paysage salarial français.
Résumé :
- Le nombre de smicards en France a grimpé à 17,3% des salariés du privé en 2023
- Cette augmentation représente 3,1 millions de personnes au SMIC
- Les femmes sont majoritaires parmi les smicards (57%)
- Les secteurs de l’hébergement et de la restauration sont les plus touchés
- Les revalorisations successives du SMIC expliquent en grande partie ce phénomène
À l’approche des élections législatives anticipées des 30 juin et 7 juillet 2024, une question brûlante s’impose dans le débat public : le pouvoir d’achat des Français. Au cœur de cette préoccupation, un chiffre fait l’effet d’une bombe : jamais le nombre de smicards n’a été aussi élevé en France. Cette réalité économique, qui touche désormais 3,1 millions de travailleurs, révèle les profonds bouleversements du marché du travail et soulève de nombreuses interrogations sur l’avenir du salariat en France.
Le boom des smicards en France
Le constat est sans appel : la France compte aujourd’hui plus de smicards que jamais. En 2023, 17,3% des salariés du secteur privé (hors agriculture) étaient rémunérés au salaire minimum. Ce chiffre, qui peut paraître abstrait, représente en réalité 3,1 millions de personnes. Pour prendre la mesure de cette évolution, il faut se pencher sur les années précédentes. En 2021, « seulement » 12% des salariés étaient au SMIC. En deux ans, la proportion a donc bondi de plus de 5 points de pourcentage, une progression fulgurante qui dépasse même le précédent record de 16,3% atteint en 2005.
Comment expliquer une telle augmentation ? La principale raison réside dans les revalorisations successives du SMIC face à l’inflation galopante. Depuis 2021, le salaire minimum a connu pas moins de sept augmentations. Entre janvier 2021 et janvier 2024, le SMIC horaire brut est passé de 10,25 euros à 11,65 euros, soit une hausse d’environ 14% en seulement trois ans.
Les grands patrons gagnent en moyenne 97 fois plus que leurs salariés
— MoneyRadar (@MoneyRadar_FR) July 3, 2024
En 10 ans, l’écart de rémunération est passé de 64 à 97.
Les progressions de revenus n'ont pas été homogènes :
💼 Les PDG des entreprises du top 100 🇫🇷 : +66%
🧑⚕️ Les salariés : +21%
💶 Le SMIC : +14% pic.twitter.com/PWHtzDgJ8s
Cette progression rapide a eu un effet pervers : elle a rattrapé les salaires qui étaient auparavant légèrement supérieurs au SMIC. Ainsi, de nombreux travailleurs qui gagnaient un peu plus que le salaire minimum se sont retrouvés au SMIC, faute d’augmentations suffisantes de la part de leurs employeurs. Ce phénomène de « tassement » des salaires explique en grande partie l’explosion du nombre de smicards.
Portrait des smicards français
Qui sont ces nouveaux smicards ? Les chiffres révèlent une réalité souvent méconnue : la majorité (57%) sont des femmes. Cette surreprésentation féminine est d’autant plus frappante que les femmes constituent moins de la moitié de la population active.
Certains secteurs sont particulièrement touchés par ce phénomène. Hors agriculture, ce sont l’hébergement et la restauration qui comptent le plus grand nombre de salariés au SMIC. Ces métiers, souvent précaires et aux conditions de travail difficiles, se retrouvent en première ligne de cette évolution du marché du travail.
Les propositions des partis politiques
Face à cette situation, les partis politiques rivalisent de propositions pour séduire l’électorat. La coalition de gauche, le Nouveau Front populaire, promet une revalorisation du SMIC à 1 600 euros net par mois. De son côté, le camp présidentiel mise sur une réforme des cotisations sociales pour inciter les employeurs à augmenter les salaires. Enfin, le Rassemblement national propose d’exonérer de cotisations patronales les hausses de salaires.
Mais comme toujours en période électorale, difficile de faire le tri entre les vraies volontés de changements, les idées applicables et les promesses électorales.