Résumé :
- Les augmentations de salaire en France devraient se situer entre 1,5% et 3,6% en moyenne pour 2025.
- Les secteurs de l’informatique et de l’environnement pourraient bénéficier d’augmentations allant jusqu’à 12%.
- Des disparités importantes existent entre les différents métiers et secteurs d’activité.
- Les entreprises développent de nouvelles stratégies pour attirer et retenir les talents, au-delà des simples augmentations de salaire.
Dans un contexte économique en constante évolution, la question des salaires reste au cœur des préoccupations des travailleurs français. Alors que l’inflation et les tensions sur le marché de l’emploi ont marqué ces dernières années, que nous réserve 2025 en matière de rémunération ? Les récentes études menées par les cabinets WTW et PageGroup France apportent un éclairage intéressant sur les tendances à venir.
Si les chiffres globaux peuvent sembler peu enthousiasmants au premier abord, une analyse plus fine révèle des opportunités insoupçonnées dans certains secteurs. Entre modération salariale et hausses spectaculaires, le paysage des rémunérations en 2025 s’annonce plus contrasté que jamais. Plongeons dans les détails de ces prévisions qui pourraient bien redessiner le marché du travail français.
Un ralentissement général des augmentations salariales
Les prévisions pour 2025
Selon l’étude menée par WTW auprès de 1000 entreprises en France, les budgets prévisionnels médians d’augmentation pour 2025 s’élèvent à 3,6%. Cette projection est corroborée par l’enquête du cabinet PageGroup France, qui annonce des hausses comprises entre 1,5% et 2% en moyenne pour l’ensemble des professions. Ces chiffres, bien que positifs, marquent un net ralentissement par rapport aux années précédentes.
Secteur et fonction | Rémunération annuelle selon l’ancienneté (en milliers d’euros) | Hausse | |||
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0-2 ans | 2-5 ans | 5-10 ans | 10 ans et plus | ||
Industrie | |||||
Technicien HSE | 28 à 30 | 30 à 35 | 35 à 38 | 38 à 42 | 3% à 5% |
Technicien qualité | 28 à 30 | 30 à 35 | 35 à 38 | 38 à 42 | 7% à 10% |
Responsable maintenance | 50-55 | 55-65 | 65-75 | 75-85 | 5% à 7% |
Responsable de production | 40-50 | 50-60 | 60-70 | 70-90 | 3% à 5% |
Métiers à impacts positifs | |||||
Responsable climat | 60-80 | 75-85 | + de 85 | 8% | |
Chef de projet / consultant RSE | 40-60 | 65-85 | Plus de 95 | 10% | |
Chef de projet écoconception et recyclabilité | 45-50 | 50-55 | 55-60 | 10% | |
Informatique | |||||
Chef de projet SAP | 45-50 | 50-70 | 65-90 | 80-100 | 7% à 10% |
Architecte cloud | 65-75 | 75-90 | 90-110 | Plus de 110 | 7% à 12% |
Ingénieur cybersécurité | 42-55 | 55-70 | 70-80 | Plus de 80 | 5% à 12% |
Comptabilité | |||||
Comptable général | 32-35 | 35-40 | 40-50 | 50-65 | 5% à 10% |
Gestion administration des ventes (ADV), relation clients | |||||
Chargé de clientèle | 24-28 | 26-30 | 28-33 | 30-35 | 3% |
Gestionnaire ADV/clients | 27-33 | 33-37 | 35-42 | 40-45 | 3% |
Comparaison avec les années précédentes
Pour mettre ces prévisions en perspective, il est intéressant de les comparer aux augmentations observées ces dernières années. En 2024, l’augmentation réelle médiane des salaires en France était de 3,8%, déjà en baisse par rapport aux 4,3% enregistrés en 2023. Cette tendance à la modération salariale s’explique en partie par les préoccupations des entreprises concernant la gestion des coûts (37%) et la détérioration des résultats financiers (33%).
La situation en France par rapport aux pays voisins
Malgré ce ralentissement, la France se situe dans la moyenne européenne en termes d’augmentations salariales. Pour 2025, les prévisions dans les pays voisins sont similaires : 3,7% en Italie, 3,9% en Allemagne et en Espagne, et 4,1% au Royaume-Uni. Ces chiffres montrent que la modération salariale n’est pas un phénomène uniquement français, mais s’inscrit dans une tendance européenne plus large.
Les secteurs qui tirent leur épingle du jeu
L’informatique, grand gagnant des augmentations
Malgré la tendance générale à la modération, le secteur de l’informatique se démarque nettement avec des perspectives d’augmentation allant jusqu’à 12% pour certains profils. Cette hausse spectaculaire s’explique par la demande croissante de compétences dans des domaines clés tels que la cybersécurité, l’intelligence artificielle, le cloud et la data.
Le marché de l’informatique devrait connaître une croissance de 6% en termes de chiffre d’affaires, générant pas moins de 76 200 embauches de cadres d’ici la fin de l’année 2024. Cette dynamique positive devrait se poursuivre en 2025, faisant de ce secteur l’un des plus attractifs en termes de rémunération et d’opportunités de carrière.
Les métiers de l’environnement et du climat en plein essor
Un autre secteur qui se démarque est celui des métiers dits à « impact positif« , en lien avec les questions d’environnement et de climat. Les responsables RSE (Responsabilité Sociétale et Environnementale) dans les entreprises pourront voir leurs revenus augmenter de 8%, tandis que les consultants en RSE peuvent espérer une hausse moyenne de 10%.
Cette tendance s’explique par la prise de conscience croissante des enjeux climatiques et par l’entrée en vigueur de nouvelles réglementations, comme la directive européenne CSRD au 1er janvier 2024. Les entreprises investissent massivement dans ces postes pour accélérer leur stratégie de décarbonation et former leurs équipes aux enjeux environnementaux.
Les disparités entre les différents secteurs
Il est important de noter que tous les secteurs ne bénéficieront pas de ces augmentations significatives. Par exemple, les responsables de production dans le domaine de l’industrie ne peuvent espérer qu’une augmentation de 3 à 5%. Ces écarts importants entre les secteurs reflètent les mutations profondes de l’économie, avec une prime aux compétences liées à la transition numérique et écologique.
Les nouvelles stratégies des entreprises face aux enjeux de recrutement
L’importance croissante de la flexibilité du travail
Face aux difficultés de recrutement et de rétention des talents (41% des entreprises déclarent avoir éprouvé des difficultés dans ce domaine), les employeurs ne misent pas uniquement sur les augmentations de salaire. La flexibilité du travail est devenue un atout majeur, avec 84% des entreprises sondées qui affirment offrir des conditions de travail flexibles.
Cette évolution répond à une demande forte des salariés : 76% d’entre eux optent désormais pour un modèle hybride, mixant télétravail et présentiel. Seuls 24% choisissent de se rendre tous les jours au bureau. Cette nouvelle organisation du travail, née de la crise du Covid-19, semble s’être durablement installée dans le paysage professionnel français.
Les initiatives en matière de diversité et d’inclusion
Au-delà de la flexibilité, les entreprises misent également sur d’autres leviers pour attirer et fidéliser leurs collaborateurs. 54% d’entre elles ont déjà mis en place des actions en matière de diversité, d’équité et d’inclusion. Ces initiatives visent à créer un environnement de travail plus inclusif et à répondre aux attentes des nouvelles générations en termes de valeurs et d’engagement sociétal.
Repenser la rémunération à l’ère du télétravail
Malgré l’adoption massive du télétravail, peu d’entreprises ont pour l’instant adapté leur politique de rémunération en conséquence. Seules 28% d’entre elles ont revu ou envisagent de revoir les primes, 18% les avantages sociaux et seulement 7% le salaire de base. Cette situation pourrait évoluer dans les années à venir, avec une réflexion plus poussée sur la valorisation du travail à distance et ses implications en termes de rémunération.