Résumé :
- Le taux moyen des fonds en euros de l’assurance vie pourrait chuter à 2,5% en 2024, contre 2,6% en 2023
- Les assureurs ne pourront plus puiser autant dans leurs réserves pour booster les rendements
- Une correction du marché actions est anticipée, impactant négativement les performances des fonds
- La baisse probable du taux du Livret A influencera également les rendements de l’assurance vie
Les prévisions des experts pour 2024
Alors que l’encre des relevés annuels (2023) de performance des contrats d’assurance vie est à peine sèche, les spécialistes du secteur tirent déjà la sonnette d’alarme pour 2024. Gildas Robert, directeur exécutif d’Accenture, avait initialement tablé sur une performance moyenne des fonds en euros oscillant entre 2,5% et 3%. Une prévision qui semblait prolonger la tendance haussière observée en 2023.
Cependant, le cabinet Facts & figures vient doucher ces espoirs. Dans son dernier baromètre épargne vie, publié en juillet, il estime que le taux moyen ne devrait pas dépasser les 2,5%. Un chiffre qui marque un recul par rapport aux 2,6% de l’année précédente. Cyrille Chartier-Kastler, fondateur du cabinet, explique : « Initialement, pour 2024, nous tablions sur une progression, avec un taux supérieur à 3%. Mais de nombreux facteurs nous amènent à penser que ce n’est plus plausible. »
Cette révision à la baisse n’est pas le fruit du hasard. Elle repose sur une analyse approfondie de l’environnement économique et des contraintes pesant sur les assureurs. Examinons de plus près les trois raisons principales qui poussent les experts à revoir leurs prévisions à la baisse.
Les raisons de la baisse anticipée
Le premier facteur expliquant cette baisse attendue concerne les réserves des assureurs, plus précisément la Provision pour Participation aux Bénéfices (PPB). Cette réserve a joué un rôle crucial dans le boost des rendements en 2022 et 2023. L’objectif de la PPB est de lisser les rendements des contrats d’assurance vie dans le temps. Elle permet aux assureurs de conserver une partie des bénéfices des bonnes années pour compenser les années moins performantes.Cependant, ce mécanisme montre ses limites.
Selon les chiffres de l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR), la PPB est passée de 5,4% fin 2022 à 4,9% fin 2023. Cette diminution traduit l’effort considérable consenti par les assureurs pour maintenir des taux attractifs. Comme l’explique Cyrille Chartier-Kastler : « Les taux servis en 2022 et 2023 ont été obtenus grâce à de larges prélèvements sur les provisions pour participations aux bénéfices. Ce schéma n’est pas durable dans le temps. »
L’exemple du fonds en euros du Crédit Agricole illustre parfaitement cette situation. En 2023, l’assureur a annoncé un taux servi de 2,80%. Or, le rendement naturel du fonds n’a pas dépassé 2,11%. Cet écart de 0,69 point a été comblé en puisant dans les réserves, une stratégie qui ne pourra pas être reconduite indéfiniment.
#Communiqué | Notre filiale d'assurance-vie, Predica, annonce dans la continuité de la nette hausse de 2022 un taux moyen de Participation Aux Bénéfices de 2,80 %.
— Crédit Agricole Assurances (@CA_Assurances) January 17, 2024
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Le deuxième facteur concerne les performances des actifs composant les fonds euros. Les experts anticipent une année 2024 plus difficile sur les marchés financiers, en particulier pour les actions.
Le cabinet Facts & Figures se montre particulièrement pessimiste sur ce point. Il prévoit une forte correction du marché actions à l’automne 2024, avec une baisse potentielle du CAC 40 de 10 à 15%. Une chute qui contrasterait fortement avec la hausse de 16,52% enregistrée en 2023.
Cette correction, si elle se matérialise, aurait un impact significatif sur les rendements des fonds euros. En effet, bien que ces fonds soient majoritairement composés d’obligations, la part actions joue un rôle non négligeable dans leur performance globale.
Enfin, le troisième facteur à prendre en compte est l’évolution attendue du taux du Livret A. En 2023, le gouvernement avait pris la décision de figer ce taux à 3%, une mesure qui avait poussé les assureurs à redoubler d’efforts pour rester compétitifs.
Or, les prévisions pour 2025 laissent entrevoir une baisse de la rémunération du Livret A. Cyrille Chartier-Kastler estime qu’elle pourrait perdre 0,25 ou 0,50 point au 1er février 2025. Cette anticipation influence dès à présent les stratégies des assureurs, qui pourraient être moins incités à surperformer le Livret A.
Les implications pour les épargnants
Face à ces perspectives, les épargnants sont en droit de s’interroger sur l’attractivité future de leur assurance vie. Il est important de comprendre que le taux affiché ne reflète pas toujours la réalité du rendement.
En 2023, alors que le taux moyen servi était de 2,6%, le rendement financier réel des fonds euros n’était que de 2,3%. Cet écart de 0,3 point représente, selon Cyrille Chartier-Kastler, « véritablement un très gros effort financier pour les assureurs ». Un effort qui pourrait ne pas être renouvelé en 2024.
Cette situation pose la question de la pertinence des fonds euros dans une stratégie d’épargne à long terme. Avec une inflation qui reste élevée, le risque de voir son épargne perdre en pouvoir d’achat devient réel.
Les épargnants pourraient être amenés à reconsidérer leur allocation d’actifs, en favorisant peut-être des supports plus dynamiques, certes plus risqués, mais potentiellement plus rémunérateurs sur le long terme. Alors que vous souhaitiez diversifier vos actifs ou simplement vous informer, n’hésitez pas à regarder notre page pour avoir toutes les clés pour investir votre argent et préparer au mieux votre futur financier.