Résumé :
- L’indice de volatilité VIX bondit à son plus haut niveau depuis octobre 2022
- Le taux de chômage américain grimpe à 4,3%, déclenchant un indicateur de récession
- Les actions des géants technologiques chutent lourdement, Intel perd plus de 28%
- Les marchés anticipent une baisse des taux d’intérêt par la Fed dès septembre
Le 2 août 2024 restera gravé dans les mémoires des investisseurs comme le jour où l’optimisme a cédé la place à la panique sur Wall Street. Alors que les marchés naviguaient depuis des mois dans des eaux calmes, bercés par l’espoir d’un « atterrissage en douceur » de l’économie américaine, un rapport sur l’emploi alarmant est venu brutalement réveiller les craintes d’une récession imminente.
Cette nouvelle a provoqué un véritable séisme financier, dont les répliques se sont fait sentir de New York à Tokyo, en passant par Londres et Francfort. Au cœur de cette tempête, les géants de la technologie, piliers de la croissance américaine ces dernières années, ont vu leurs valorisations fondre comme neige au soleil. Face à ce tableau pour le moins inquiétant, tous les regards se tournent désormais vers la Réserve fédérale américaine, sommée d’agir rapidement pour éviter le pire.
Le VIX atteint des sommets : l’anxiété s’empare de Wall Street
La montée en flèche de l’indice de la peur a marqué un tournant brutal sur les marchés financiers. Le VIX, baromètre de la volatilité et souvent surnommé « l’indice de la peur », a bondi de près de 10 points pour atteindre 28,25, son niveau le plus élevé depuis octobre 2022. Cette hausse spectaculaire traduit un changement radical dans la perception du risque par les investisseurs.
Ce revirement est d’autant plus frappant qu’il contraste fortement avec la période de calme qui prévalait depuis le début de l’année. De mai à mi-juillet, le VIX s’était maintenu sous la barre des 15, reflétant une confiance solide des marchés. Cette stabilité avait permis au S&P 500 de progresser régulièrement, portant les valorisations à des niveaux historiquement élevés.
This is absolute insanity. VIX at 30 is usually for like insane events. 9% inflation. Covid… big events.
— Wizard Of SoHo (🍷,🍷) (@wizardofsoho) August 2, 2024
A bad unemployment report sending us to 30 is kinda ridiculous. pic.twitter.com/uDN3TI7hSN
Plusieurs facteurs expliquent cette soudaine montée d’anxiété. Outre le rapport sur l’emploi décevant, les signes de faiblesse dans le secteur manufacturier américain et la baisse des nouvelles commandes de biens manufacturés en juin ont contribué à assombrir les perspectives économiques. De plus, les résultats mitigés des entreprises technologiques, piliers de la croissance américaine, ont jeté un froid sur l’ensemble du marché.
Un rapport sur l’emploi alarmant sonne le glas de l’optimisme économique
Le département du Travail américain a lâché une véritable bombe le 2 août en publiant son rapport mensuel sur l’emploi. Les chiffres ont dépassé les pires craintes des analystes : seulement 114 000 emplois créés en juillet, soit bien en deçà des 175 000 attendus. Plus inquiétant encore, le taux de chômage a grimpé de 4,1% à 4,3%, une hausse qui n’avait pas été observée depuis le début de la pandémie de Covid-19.
Ces chiffres alarmants ont eu un impact immédiat sur les prévisions économiques. De nombreux économistes ont revu à la baisse leurs estimations de croissance pour le troisième trimestre, certains allant jusqu’à évoquer la possibilité d’une contraction du PIB. La confiance dans un « atterrissage en douceur » de l’économie américaine, qui prévalait jusque-là, s’est rapidement érodée.
Le coup de grâce est venu du déclenchement de l’indicateur de récession de Sahm. Cet outil, développé par l’économiste Claudia Sahm, est considéré comme un signal fiable d’une récession imminente lorsque la moyenne du taux de chômage sur trois mois dépasse de 0,5 point son niveau le plus bas sur les 12 mois précédents. Pour la première fois depuis sa création, cet indicateur s’est allumé, renforçant les craintes d’une récession à court terme.
Les géants de la tech trébuchent : un effet domino sur les marchés mondiaux
Au cœur de la tourmente, les géants de la technologie ont particulièrement souffert, entraînant dans leur chute l’ensemble des marchés mondiaux. Intel, le géant des semi-conducteurs, a été le premier à vaciller. L’annonce de résultats bien en deçà des attentes, couplée à un plan de suppression de plus de 15 000 emplois, a fait plonger son action de plus de 28%. Cette chute vertigineuse a eu un effet domino sur l’ensemble du secteur technologique.
Amazon n’a pas été épargné par la débâcle. Le géant du e-commerce a vu son cours chuter de 10% après avoir manqué ses objectifs de ventes et déçu les analystes avec ses prévisions pour le trimestre à venir. Cette contre-performance d’un des piliers de l’économie numérique américaine a renforcé les inquiétudes quant à la santé du secteur technologique dans son ensemble.
BREAKING 🩸
— Radar🚨 (@RadarHits) August 2, 2024
$2.9 TRILLION wiped out from stocks this morning due to fears of a global recession.
THE WORST DAY SINCE 2020 COVID CRASH pic.twitter.com/PIRTYxZpBe
Pour couronner le tout, Nvidia, fleuron de l’intelligence artificielle, a vu son action reculer de 2,7% suite à l’annonce d’une enquête du Département de la Justice. Cette investigation, portant sur d’éventuels abus de position dominante dans la vente de puces pour l’IA, a jeté une ombre sur les perspectives de croissance de l’entreprise, considérée jusqu’alors comme un moteur de l’innovation technologique américaine.
L’onde de choc ne s’est pas limitée aux États-Unis. En Europe, les valeurs technologiques ont atteint leur plus bas niveau en six mois. ASML, leader mondial des machines de production de semi-conducteurs, a vu son cours chuter de 9,6%, tandis que son concurrent ASM International perdait 13,7%. Au Japon, l’indice Nikkei a connu sa pire séance depuis la pandémie de Covid-19, avec une chute de 5,8%.