La SEC frappe fort : Invesco écope d’une amende record pour avoir menti sur ses investissements ESG

La finance durable vient de connaître un séisme majeur. Le géant de la gestion d'actifs Invesco vient de se faire épingler par le régulateur américain pour des allégations trompeuses sur l'intégration ESG. Une décision qui secoue le monde de la finance durable et révèle les dessous d'une course effrénée au "greenwashing".

Invesco scandale ESG
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Résumé :

  • Une amende de 17,5 millions de dollars imposée par la SEC
  • Une surestimation massive des actifs intégrant des critères ESG (70-94% annoncés)
  • L’inclusion trompeuse d’ETF passifs dans les calculs ESG
  • L’absence totale de politique écrite définissant l’intégration ESG

Les racines d’un scandale financier

Tout commence à l’automne 2019, lorsqu’une analyse interne d’Invesco sonne l’alarme. Le constat est alarmant : des clients représentant plus de 370 milliards de dollars d’actifs menacent de quitter le navire. Face à cette pression commerciale, Invesco accélère précipitamment son effort d’intégration ESG, cherchant à tout prix à maintenir sa position sur un marché en pleine transformation.

Cette course effrénée va rapidement conduire à des dérives. Entre avril 2020 et juillet 2022, Invesco multiplie les communications marketing affirmant qu’entre 70% et 94% des actifs de sa société mère intègrent les critères ESG. Des chiffres impressionnants, mais qui cachent une réalité bien différente.

L’enquête de la SEC révèle un système bancal reposant sur des fondations fragiles. Au cœur du problème : l’inclusion d’ETF passifs dans le calcul des actifs « ESG intégrés ». Le cas le plus flagrant est celui du QQQ Trust d’Invesco, un ETF suivant simplement l’indice Nasdaq 100, sans aucune considération ESG dans sa stratégie d’investissement.

Pour justifier ces inclusions contestables, Invesco s’appuie sur deux arguments : la surveillance des indices et les politiques de vote par procuration. Des justifications que la SEC va rapidement balayer, soulignant que la surveillance des indices se concentrait sur les aspects opérationnels plutôt que sur les critères ESG, tandis que le vote par procuration ne s’appliquait même pas à tous les ETF de manière systématique.

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Plus préoccupant encore, l’enquête révèle qu’Invesco ne disposait d’aucune politique écrite définissant clairement ce qu’est l’intégration ESG. Les évaluations reposaient parfois sur des outils informels, comme une simple « carte thermique » développée par un seul employé.

Une sanction qui fait trembler le secteur

La sanction imposée par la SEC va au-delà de la simple amende de 17,5 millions de dollars. L’ordonnance inclut également une censure et une injonction de cesser toute pratique trompeuse. Comme le souligne Sanjay Wadhwa, Directeur par intérim de la Division de l’application de la SEC : 

Invesco voyait un intérêt commercial à affirmer qu’un pourcentage élevé des actifs était intégré ESG. Mais le dire ne le rend pas vrai.

Cette sanction intervient dans un contexte de durcissement réglementaire. Quelques semaines auparavant, WisdomTree Asset Management écopait déjà d’une amende de 4 millions de dollars pour des allégations trompeuses similaires. La dissolution récente de la task force climat et ESG de la SEC en septembre 2024 ne signifie pas un relâchement de la surveillance. Au contraire, la Division des examens de la SEC vient d’alerter sur la multiplication des cas de caractérisation erronée des facteurs ESG par les sociétés d’investissement.

L’affaire Invesco marque un tournant. Sans même admettre ou nier les conclusions de la SEC, la société a déjà modifié ses pratiques, déclarant ne plus publier de rapports sur l’intégration ESG au niveau de l’entreprise depuis fin 2022. 

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