Résumé :
- Les entreprises du CAC 40 ont généré 77,3 % de leur chiffre d’affaires à l’étranger en 2023, principalement en Europe (52 %).
- Avec un chiffre d’affaires de 1 736 milliards d’euros, une marge opérationnelle de 202 milliards d’euros et un bénéfice de 149 milliards d’euros, 2023 a été une année exceptionnelle.
- Des investissements records de 100 milliards d’euros (+10 %) ont été réalisés grâce à un endettement maîtrisé.
- 97 % des entreprises ont augmenté ou maintenu leurs dividendes en 2023, bien plus que dans d’autres marchés.
- La Bourse de Paris a battu des records début 2024 avant de chuter suite à la dissolution de l’Assemblée nationale.
- Les investisseurs s’inquiètent des programmes économiques des oppositions et de l’augmentation des déficits.
Les géants du CAC 40 ont une fois de plus prouvé leur résilience et leur capacité à générer des profits malgré un contexte économique incertain. Leurs résultats financiers pour l’année 2023 témoignent de la solidité de leurs fondamentaux et de la pertinence de leur stratégie de développement à l’international.
Cette mondialisation à marche forcée ne date pas d’hier, mais elle s’est révélée particulièrement payante ces dernières années. En diversifiant leurs zones d’implantation et en réduisant leur dépendance au marché français, nos fleurons tricolores ont su trouver de nouveaux relais de croissance et amortir les chocs conjoncturels.
Forts de cette assise globale, les ténors du CAC 40 ont continué à investir massivement dans leur outil de production et leur R&D, tout en choyant leurs actionnaires avec des politiques de distribution de dividendes généreuses. Une équation gagnante qui pourrait toutefois être mise à mal par les récents soubresauts politiques français et les inquiétudes qu’ils font peser sur les marchés financiers.
Alors que les législatives consécutives à la dissolution surprise de l’Assemblée nationale s’annoncent particulièrement incertaines, l’heure est à la prudence pour les investisseurs. Mais les entreprises du CAC 40 semblent armées pour résister aux turbulences à venir.
Une activité largement tournée vers l’international, gage de solidité
🇫🇷 Seulement 15% du CAC 40 a une exposition directe au marché français.
— MoneyRadar (@MoneyRadar_FR) June 19, 2024
Qu'est-ce que ça veut dire ?
Si un nouveau parti arrive au pouvoir et chamboule tout, les plus grosses entreprises françaises continueront quand même de générer des profits en dehors de la France. pic.twitter.com/17Ca0u05MC
La recette du succès des entreprises du CAC 40 en 2023 ? Une présence internationale forte et diversifiée. Avec 77,3% de leur chiffre d’affaires réalisé hors de France, dont 52% sur le Vieux Continent, nos grands groupes nationaux ont su tirer leur épingle du jeu en limitant leur dépendance au marché hexagonal. Une stratégie qui leur permet de lisser les performances et de réduire l’exposition aux aléas conjoncturels nationaux.
Toutefois, l’internationalisation n’est pas un remède miracle et son intensité varie fortement d’une entreprise à l’autre. Ainsi, quand Bouygues réalise encore près de la moitié de ses ventes en France, STMicroelectronics y réalise moins de 1% de son chiffre d’affaires. Une disparité qui reflète la diversité des modèles économiques et des secteurs d’activité des membres de l’indice parisien.
Des fondamentaux économiques robustes malgré une conjoncture incertaine
Si les performances financières des entreprises du CAC 40 ont marqué le pas en 2023 après une année 2022 exceptionnelle, elles n’en demeurent pas moins solides. Avec un chiffre d’affaires de 1 736 milliards d’euros et une marge opérationnelle de 202 milliards d’euros, les grands groupes français ont su maintenir un niveau d’activité élevé tout en préservant leur rentabilité. Une prouesse qui leur a permis de dégager 149 milliards d’euros de bénéfices tout en maîtrisant leur endettement.
Mieux, les entreprises du CAC 40 ont continué à investir massivement dans leur développement futur. Avec 100 milliards d’euros consacrés à des investissements en 2023, soit 10% de plus que l’année précédente, elles démontrent leur confiance dans l’avenir et leur volonté de renforcer leurs avantages compétitifs. Une stratégie offensive qui n’a pas empêché une large majorité d’entre elles (97%) de choyer leurs actionnaires en maintenant ou augmentant leurs dividendes, là où nombre de leurs concurrentes européennes ou mondiales ont dû revoir leurs politiques de distribution.
Des incertitudes politiques qui pèsent sur les marchés depuis début juin
Après un début d’année 2024 prometteur où la Bourse de Paris enchaînait les records, atteignant même un pic historique à 8 256,71 points le 10 mai, l’horizon s’est brusquement assombri pour les entreprises du CAC 40.
La dissolution surprise de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron le 9 juin, au lendemain des élections européennes, a fait l’effet d’une douche froide sur les marchés. En quelques séances, l’indice phare parisien a perdu tous ses gains depuis le 1er janvier, pénalisé par les incertitudes entourant la future majorité et le cap économique du pays.
Car les programmes portés par les oppositions, qu’il s’agisse du Nouveau Front populaire à gauche ou du Rassemblement National à l’extrême droite, ne sont pas de nature à rassurer les investisseurs.
Entre la volonté affichée des premiers d’abroger la réforme des retraites et les promesses de baisses massives d’impôts des seconds, les marchés redoutent un dérapage des déficits publics et une dégradation de la trajectoire budgétaire française. Comme le souligne Christopher Dembik, de Pictet AM, « les investisseurs, surtout étrangers, estiment que le prochain gouvernement, quelle que soit sa couleur, aura peu de marge de manœuvre budgétaire et devra renoncer aux mesures les plus coûteuses« .