Résumé :
- Trump suspend des droits de douane de 25% contre le Mexique et le Canada le 3 février 2025, après une seule journée de menaces qui a fait chuter Wall Street
- Le Mexique accepte de déployer 10 000 gardes à la frontière contre le trafic de fentanyl, tandis que le Canada s’engage sur un plan frontalier de 1,3 milliard de dollars
- Les droits de douane auraient augmenté le coût des véhicules neufs de 3 000 dollars aux États-Unis en perturbant les chaînes de production automobile
- Cette stratégie de menaces commerciales érode la crédibilité diplomatique des États-Unis, notamment car Trump ne respecte pas l’accord qu’il avait lui-même négocié
- Wall Street a joué un rôle clé dans ce revirement, la chute des marchés ayant poussé Trump à rapidement trouver un accord avec ses voisins
Une journée de montagnes russes pour Wall Street
La journée du 3 février 2025 commence dans la panique à Wall Street. Les investisseurs, qui n’avaient jusqu’alors jamais pris au sérieux les menaces tarifaires de Donald Trump, voient soudain le spectre d’une guerre commerciale se matérialiser. L’annonce de droits de douane de 25% sur les importations mexicaines et canadiennes fait plonger les marchés.
Mais le scénario prend un tournant inattendu après un entretien entre Trump et la présidente mexicaine Claudia Sheinbaum. Le Mexique s’engage à déployer 10 000 membres de la garde nationale à sa frontière nord pour lutter contre le trafic de fentanyl. En contrepartie, les États-Unis suspendent leurs menaces tarifaires pour un mois et promettent d’agir contre le trafic d’armes vers le Mexique.
Le soulagement des marchés est palpable : l’indice S&P 500 limite sa baisse à 0,76%, tandis que le Nasdaq termine en recul de 1,2%.
Le Canada contraint de plier
Quelques heures plus tard, c’est au tour du Canada de négocier sous la menace. Le Premier ministre Justin Trudeau annonce un plan frontalier de 1,3 milliard de dollars, incluant de nouveaux hélicoptères et technologies de surveillance. Ottawa s’engage également à nommer un responsable de la lutte anti-fentanyl et à inscrire les cartels mexicains sur sa liste des entités terroristes.
Les conséquences d’un bluff risqué
Cette stratégie de la tension soulève de nombreuses questions. Les droits de douane auraient eu des répercussions majeures sur l’industrie automobile nord-américaine, augmentant le coût des véhicules neufs d’environ 3 000 dollars aux États-Unis. Une mesure paradoxale pour un président qui affiche son soutien aux constructeurs de Detroit.
Larry Summers, ancien secrétaire au Trésor, voit dans cette approche un « cadeau stratégique à Xi Jinping ». Le président chinois pourrait en effet exploiter cette démonstration d’instabilité américaine pour renforcer ses liens avec les alliés traditionnels de Washington.
L’effet boomerang d’une diplomatie de l’intimidation
Trump poursuit sa rhétorique agressive, critiquant notamment l’absence de voitures américaines dans les rues européennes. Mais cette politique du rapport de force pourrait se retourner contre les États-Unis. En ne respectant même pas l’accord de libre-échange qu’il avait lui-même négocié avec le Canada et le Mexique lors de son premier mandat, Trump érode la crédibilité diplomatique américaine.
Les limites de la méthode Trump
Cet épisode met en lumière les contradictions de la stratégie commerciale de Trump. Si elle peut arracher des concessions à court terme, elle génère une instabilité chronique pour les investisseurs et les partenaires des États-Unis. La suspension rapide des mesures de rétorsion, sous la pression des marchés, pourrait également affaiblir la crédibilité des futures menaces américaines. Une victoire apparente qui pourrait avoir un coût diplomatique et économique bien plus élevé sur le long terme.