Résumé :
- L’Indonésie interdit la commercialisation des derniers modèles d’Apple et Google sur son territoire
- Le pays exige 40% de composants locaux pour toute vente de smartphones
- Plus de 22 000 Google Pixel circulent déjà illégalement dans le pays
- Samsung et Xiaomi montrent l’exemple avec leurs usines locales
- Le marché représente un enjeu colossal avec 350 millions de téléphones actifs
Dans un coup d’éclat diplomatique et économique, l’Indonésie vient de porter un nouveau coup aux géants américains de la technologie. Après avoir banni l’iPhone 16 la semaine dernière, le gouvernement indonésien a annoncé le 1er novembre 2024 l’interdiction totale des smartphones Google Pixel. Cette escalade dans la confrontation avec les mastodontes de la Silicon Valley marque un tournant décisif dans la politique industrielle du pays.
Une décision sans précédent qui ébranle le marché
Le ministère de l’Industrie indonésien n’y est pas allé par quatre chemins. « Nous poussons ces règles pour qu’il y ait une équité pour tous les investisseurs en Indonésie », a déclaré sans ambages Febri Hendri Antoni Arief, porte-parole du ministère. Cette position ferme s’applique désormais aux derniers modèles des deux géants américains, considérés comme non conformes aux exigences locales.
La réaction des entreprises concernées illustre bien leur différence d’approche. Tandis que Google affirme simplement que ses Pixel ne sont pas officiellement distribués en Indonésie, Apple a rapidement sollicité une réunion avec le ministre de l’Industrie Agus Gumiwang Kartasasmita. Une divergence de stratégie qui révèle l’importance variable du marché indonésien pour ces acteurs.
Pourtant, la situation sur le terrain est plus complexe qu’il n’y paraît. Environ 22 000 Google Pixel circulent déjà dans le pays, introduits via des envois personnels ou dans les bagages des voyageurs. Face à cette réalité, les autorités envisagent des mesures drastiques, notamment la désactivation des appareils importés illégalement.
Le bras de fer avec les géants de la tech
La règle est claire : les fabricants doivent intégrer 40% de composants locaux dans leurs appareils vendus en Indonésie. Cette exigence peut être satisfaite de plusieurs manières : production locale, développement de firmwares, ou investissement dans l’innovation sur le territoire. Samsung et Xiaomi ont parfaitement compris l’enjeu en établissant des usines locales, s’assurant ainsi une position dominante sur le marché.
Apple, pour sa part, a tenté une approche différente en créant des académies de développeurs dans le pays. Cependant, avec un investissement de 1,5 trillion de roupies (95 millions USD), le géant californien reste en deçà de son engagement initial de 1,7 trillion, ce qui explique en partie le blocage de l’iPhone 16.
La situation est d’autant plus remarquable que ni Apple ni Google ne figurent parmi les cinq premières marques de smartphones du pays. Le marché est dominé par OPPO et Samsung, qui ont su adapter leur stratégie aux exigences locales.
Les enjeux d’un marché convoité
L’importance du marché indonésien ne peut être sous-estimée. Avec plus de 350 millions de téléphones mobiles actifs pour une population de 270 millions d’habitants, le pays représente un potentiel de croissance extraordinaire. Cette statistique révèle non seulement une forte pénétration mobile, mais aussi une propension des consommateurs à posséder plusieurs appareils.
Les chiffres du premier trimestre 2024 confirment la domination des marques ayant investi localement. OPPO et Samsung, grâce à leur conformité aux exigences nationales, continuent de renforcer leur emprise sur ce marché lucratif.
🇮🇩 L'Indonésie a interdit la vente de l'iPhone 16 en raison du non-respect par #Apple d'une réglementation clé.
— Cointribune (@CoinTribuneFR) October 29, 2024
📱 Cette décision représente un coup dur pour Apple, qui comptait sur l'iPhone 16 pour stimuler ses ventes mondiales.https://t.co/WeNRPXx6H2
Entre protectionnisme et développement industriel
La vision gouvernementale est claire : développer un secteur manufacturier national autonome et compétitif. Cependant, cette approche ne fait pas l’unanimité. Bhima Yudhistira, directeur du Centre d’études économiques et juridiques, qualifie ces mesures de « pseudo » protectionnisme, alertant sur leurs conséquences néfastes pour les consommateurs et la confiance des investisseurs.
Les critiques pointent notamment le risque de voir cette politique créer un « sentiment négatif » chez les investisseurs potentiels. Pourtant, le gouvernement maintient le cap, considérant que le développement d’une industrie technologique locale vaut bien quelques frictions diplomatiques.