Résumé :
- Von der Leyen annonce une Commission composée de 40% de femmes
- Stéphane Séjourné, proche de Macron, hérite du portefeuille stratégique de l’industrie
- La transition écologique confiée à l’Espagnole Teresa Ribera
- Création d’un nouveau poste dédié à la défense et à l’espace
- Des nominations controversées qui promettent des débats houleux au Parlement européen
Une Commission plus féminine, mais pas paritaire
La nouvelle Commission européenne, fruit de négociations acharnées, affiche un visage résolument plus féminin que ses prédécesseurs. Avec 11 femmes sur 27 commissaires, soit 40% de l’effectif, Ursula von der Leyen n’a pas atteint la parité tant espérée, mais a néanmoins réussi un tour de force.
« C’était complètement inacceptable », a déclaré la présidente allemande en évoquant les propositions initiales des États membres qui ne comportaient que 22% de femmes. Son insistance a payé, même si elle reconnaît qu’il y a « encore beaucoup de travail à accomplir » pour atteindre une véritable égalité.
Dans un geste symbolique fort, von der Leyen a attribué quatre des six vice-présidences à des femmes. L’Espagnole Teresa Ribera, la Finlandaise Henna Virkkunen, l’Estonienne Kaja Kallas et la Roumaine Roxana Mînzatu se voient ainsi confier des responsabilités de premier plan. Cette répartition stratégique des pouvoirs envoie un message clair sur la volonté de la présidente de placer les femmes au cœur du processus décisionnel européen.
Des nominations stratégiques et controversées
La nomination qui fait le plus de bruit est sans conteste celle de Stéphane Séjourné. Ce proche d’Emmanuel Macron, jusqu’alors chef de la diplomatie française, se voit confier le portefeuille-clé de la stratégie industrielle. Un choix qui n’est pas sans rappeler les ambitions françaises en matière de souveraineté économique européenne.
Cette nomination intervient dans un contexte particulier, après la démission fracassante de Thierry Breton la veille de l’annonce. Les relations exécrables entre Breton et von der Leyen auraient précipité ce changement de dernière minute. « Je connais très bien Stéphane Séjourné et je pense qu’il sera un grand commissaire », a affirmé la présidente, balayant d’un revers de main les critiques sur ce choix surprise.
I would like to express my deepest gratitude to my colleagues in the College, Commission services, MEPs, Member States, and my team.
— Thierry Breton (@ThierryBreton) September 16, 2024
Together, we have worked tirelessly to advance an ambitious EU agenda.
It has been an honour & privilege to serve the common European interest🇪🇺 pic.twitter.com/wQ4eeHUnYu
L’Espagnole Teresa Ribera, spécialiste reconnue des questions climatiques, hérite d’un large portefeuille consacré à la transition écologique. Cette nomination est un signal fort envoyé aux défenseurs de l’environnement, inquiets de voir les ambitions climatiques reléguées au second plan face aux enjeux économiques.
Ribera, qui était jusqu’alors ministre dans le gouvernement de Pedro Sanchez, pourrait bien devenir l’une des figures de proue de cette nouvelle Commission. Son expertise et sa détermination seront cruciales pour maintenir le cap sur les objectifs climatiques européens, tout en naviguant dans les eaux troubles de la compétitivité économique.
La nomination de l’Italien Raffaele Fitto au poste de commissaire chargé de la cohésion et des réformes ne manque pas de faire grincer des dents. Membre du gouvernement d’extrême droite de Giorgia Meloni, Fitto cristallise les inquiétudes de la gauche et du centre européens.
Si Meloni s’est félicitée de cette nomination qui « confirme le rôle central retrouvé par notre pays au sein de l’UE », les oppositions ont d’ores et déjà annoncé leur intention de s’y opposer. Cette controverse promet des auditions parlementaires houleuses et pourrait mettre à l’épreuve la cohésion de la nouvelle équipe dès ses premiers pas.
Macron propose Stéphane Séjourné pour remplacer Thierry Breton… Les réactions de l'opposition sont d'une violence :
— MoneyRadar (@MoneyRadar_FR) September 16, 2024
💥"Macron envoie son clone à la Commission"
💥"Le coup de force permanent se poursuit"
💥"Le clan avant tout"
💥"Un jeu de chaises musicales"
💥"L’art de… pic.twitter.com/tp53htonfS
Les nouveaux défis de l’Union Européenne
Dans un contexte géopolitique tendu, marqué par la guerre en Ukraine et la montée des tensions internationales, von der Leyen innove en créant un poste de commissaire à la défense et à l’espace. C’est le Lituanien Andrius Kubilius qui en hérite, avec pour mission de renforcer l’autonomie stratégique européenne face à la menace russe.
Ursula von der Leyen a placé au cœur de son programme la construction d’une « économie compétitive, circulaire et décarbonée« . Cette ambition s’articule autour de trois piliers pour les cinq années à venir : « la prospérité, la sécurité et la démocratie ».
Cependant, cette orientation suscite des inquiétudes chez certains observateurs qui craignent que la priorité donnée à la compétitivité économique ne se fasse au détriment des ambitions climatiques. Von der Leyen a tenu à rassurer en affirmant que la lutte contre le réchauffement climatique resterait une priorité, mais « toujours dans le contexte de la compétitivité ».
Les prochaines étapes et les enjeux à venir
Le chemin vers l’investiture de cette nouvelle Commission est encore long. Les commissaires désignés devront passer l’épreuve des auditions devant les eurodéputés, un exercice qui s’annonce particulièrement délicat pour certains d’entre eux.
Le cas du candidat hongrois cristallise déjà les tensions. Accusé d’être peu à l’écoute du Parlement européen et trop proche des positions du Premier ministre nationaliste Viktor Orban, il pourrait faire les frais de la volonté du Parlement d’affirmer son pouvoir face à la Commission.
L’absence remarquée d’Orban au Parlement européen, officiellement due à la tempête Boris qui touche l’Europe centrale, ajoute une couche de complexité à ce jeu politique déjà tendu. Cette absence prive temporairement la Hongrie, qui assure actuellement la présidence de l’UE, d’une voix dans ce débat crucial.