Trois jours après les élections législatives, l’agence de notation Moody’s garde un œil vigilant sur la France. Entre fragmentation politique et défis économiques, la note de crédit française reste sur la corde raide. Plongée dans les coulisses d’une surveillance financière qui pourrait impacter votre portefeuille.
Résumé :
- Moody’s maintient sa vigilance sur la situation politique et économique française
- La note de crédit Aa2 de la France reste sous pression potentielle
- Les marchés financiers scrutent la capacité du nouveau gouvernement à mettre en œuvre des réformes
- La dette publique française atteint des niveaux préoccupants
Le 15 juin dernier, l’Agence de notation Moody’s avait décidé de mettre la note de “aa2” à la France malgré l’instabilité liée à l’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron, suite à la victoire du Rassemblement National aux élections européennes. Trois jours après les législatives anticipées qui se sont tenues les 30 juin et 7 juillet, l’heure est au bilan.
Si les urnes ont parlé, les marchés financiers, eux, restent sur le qui-vive. L’agence de notation Moody’s, qui avait déjà exprimé ses inquiétudes en juin, maintient la France sous haute surveillance. Entre fragmentation politique persistante et défis économiques colossaux, la note de crédit française pourrait bien se retrouver sur la sellette.
Le paysage politique post-élections
Contrairement aux espoirs du président Macron, les élections législatives anticipées n’ont pas permis de dégager une majorité claire. L’Assemblée nationale reste morcelée, avec trois blocs principaux : le Nouveau Front Populaire, le groupement présidentielle et le Rassemblement National. Une configuration redoutée par Moody’s dans son analyse du mois dernier.
Le nouveau gouvernement devra donc composer avec cette réalité politique complexe. La capacité à former des alliances ponctuelles et à négocier des compromis sera cruciale pour faire avancer les réformes économiques tant attendues par les marchés.
Face à cette fragmentation, le risque d’instabilité politique souligné par Moody’s en juin reste d’actualité. La multiplication potentielle de motions de censure et les difficultés à faire voter des textes importants pourraient entraver l’action gouvernementale. Cette situation est particulièrement préoccupante alors que la France fait face à des défis économiques majeurs.
La situation économique sous le microscope
La situation budgétaire de la France, déjà critique avant les élections, reste un point de vigilance majeur pour Moody’s. Avec une dette publique qui a atteint 110,6% du PIB en 2023 et qui pourrait grimper à 115% d’ici 2027 selon les projections, la soutenabilité des finances publiques françaises est plus que jamais remise en question.
Le nouveau gouvernement devra rapidement présenter un plan crédible de réduction du déficit et de maîtrise de la dette. L’objectif de ramener le déficit public à 3% du PIB d’ici 2027, maintenu pour l’instant, semble de plus en plus difficile à atteindre dans le contexte politique actuel.
La Commission européenne, qui avait déjà exprimé ses inquiétudes avant les élections, devrait accentuer sa pression sur la France pour qu’elle respecte enfin les règles budgétaires communautaires. Le nouveau ministre des Finances aura la lourde tâche de convaincre Bruxelles de la détermination française à redresser ses comptes publics, tout en composant avec les promesses électorales et les contraintes politiques internes.
La note de crédit française sur la corde raide
Si Moody’s maintient pour l’instant la note de crédit française à « Aa2 » avec une perspective stable, l’agence reste particulièrement attentive aux développements politiques et économiques des prochaines semaines. La capacité du nouveau gouvernement à mettre en œuvre des réformes structurelles et à présenter un budget crédible pour 2024 sera déterminante.
Le risque d’une dégradation de la note, évoqué en juin, n’est donc pas écarté. Moody’s rappelle que tout « engagement moins fort sur la consolidation budgétaire augmenterait les pressions à la baisse sur la note ». L’agence de notation a d’ailleurs fait savoir que tout retour en arrière sur des mesures comme l’âge de la retraite ou l’assurance chômage pourrait avoir des conséquences sur la notation.
Les autres grandes agences de notation, Fitch Ratings et Standard & Poor’s, qui avaient déjà abaissé la note française à « AA- » respectivement en 2023 et mai 2024, scrutent également de près la situation française. Les marchés financiers restent donc sur le qui-vive, ce qui pourrait se traduire par une hausse des taux d’intérêt auxquels la France emprunte.