Résumé :
- La note de la dette française passe de Aa2 à Aa3
- La dégradation survient le jour même de la nomination de François Bayrou
- Les analystes pointent la fragmentation politique comme facteur de risque
- La France conserve néanmoins des atouts économiques majeurs
La nouvelle est tombée comme un couperet le 14 décembre 2024. L’agence de notation Moody’s a choisi le jour même de la nomination de François Bayrou comme Premier ministre pour abaisser d’un cran la note de la dette française. Un timing qui n’a pas manqué de faire réagir les observateurs et qui souligne l’urgence de la situation économique du pays.
Dans un mouvement qui témoigne de la gravité de la situation, l’agence de notation américaine a dégradé la note souveraine française de Aa2 à Aa3, assortie cette fois d’une perspective stable. Un changement qui intervient après une première alerte en octobre dernier, lorsque Moody’s avait déjà assombri ses perspectives sur la dette française.
Une décision motivée par l’instabilité politique française
La censure du projet de loi de finances 2025 a manifestement pesé lourd dans la balance. Les analystes de Moody’s ne cachent pas leur inquiétude face à ce qu’ils qualifient de « fragmentation politique » susceptible d’entraver toute tentative sérieuse de redressement des comptes publics. La décision impacte également la Société de Prise de Participation de l’État (SPPE), dont la note suit mécaniquement celle de l’État français.
Les marchés financiers, déjà nerveux, observent avec attention l’évolution de la prime de risque entre la France et l’Allemagne, qui s’établit actuellement à 77 points de base. Un écart qui pourrait se creuser davantage si les investisseurs venaient à douter plus sérieusement de la capacité française à maîtriser ses finances publiques.
Des risques systémiques pointés du doigt
L’agence de notation met en garde contre un scénario particulièrement préoccupant : celui d’une spirale négative où la hausse des coûts de financement alimenterait des déficits plus importants, eux-mêmes conduisant à une nouvelle augmentation du coût de la dette. Un cercle vicieux que le nouveau gouvernement devra absolument éviter.
🚨 Moody's déclenche l'alerte rouge sur la France
— MoneyRadar (@MoneyRadar_FR) December 5, 2024
👉 "environnement politique fracturé"
👉 "défis fiscaux aggravés"
👉 "coût de la dette en hausse"
L'agence de notation voit le pire : déficit à 6.3% en 2024, loin des 5% promis.
La note de la France est sur un fil… pic.twitter.com/EPYIXEWdD5
La France conserve néanmoins des atouts majeurs
Malgré ce tableau préoccupant, Moody’s reconnaît à la France des forces structurelles indéniables. Son économie, classée au septième rang mondial, reste « large, riche et diversifiée ». L’agence souligne également l’avantage démographique français par rapport à d’autres économies avancées, ainsi que la qualité de ses institutions publiques, qualifiées de « hautement compétentes ».
La réponse politique ne se fait pas attendre
Antoine Armand, ministre démissionnaire de l’économie, s’est empressé de réagir, mettant en avant la nomination de François Bayrou et « la volonté réaffirmée de réduire le déficit » comme réponses aux inquiétudes de Moody’s. De son côté, le nouveau Premier ministre a évoqué sans détour un « Himalaya budgétaire » à gravir, soulignant que « les déficits et la dette posent un problème moral. »
L’agence Moody’s a annoncé le changement de la note de la France à Aa3, en mettant en avant les récents développements parlementaires et l’incertitude actuelle qui en découle sur l’amélioration de nos finances publiques.
— Antoine Armand (@antoine_armand) December 13, 2024
J’en prends acte.
La nomination du Premier ministre…
Ce n’est certainement pas pour rien que François Bayrou a paraphrasé François Mitterand lors de sa nomination en déclarant : “Enfin les ennuis commencent”, même si en étant le troisième premier ministre en moins de 6 mois, on est en droit de penser que les ennuis ne l’ont pas attendus…