Résumé :
- Un réseau criminel impliquant 200 personnes et 400 sociétés démantelé
- Des saisies record de plus de 520 millions d’euros à travers l’Europe
- Une fraude massive estimée à 1,3 milliard d’euros
- L’implication directe de la mafia italienne dans le système frauduleux
Le 14 novembre 2024 restera gravé dans les annales de la lutte contre la criminalité financière en Europe. Alors que le soleil se levait sur plusieurs capitales européennes, des centaines d’enquêteurs se déployaient simultanément dans neuf pays de l’Union Européenne. Leur cible : un vaste réseau de fraude à la TVA, dont les ramifications s’étendaient des rues de Palerme jusqu’aux buildings de Dubai.
Cette opération d’une envergure sans précédent a rapidement porté ses fruits. En quelques heures, les autorités ont mis la main sur un butin colossal : des centaines de comptes bancaires gelés, des dizaines de voitures de luxe saisies, et des biens immobiliers d’une valeur astronomique confisqués.
Une opération d’envergure européenne sans précédent
L’opération « Moby Dick » illustre parfaitement la nouvelle capacité de frappe des autorités européennes. Sur requête des antennes du Bureau du procureur général européen (BPGE) à Milan et Palerme, un juge milanais a déclenché une vague de perquisitions sans précédent. De l’Espagne aux Pays-Bas, en passant par le Luxembourg, la République tchèque, la Slovaquie, la Croatie, la Bulgarie et Chypre, aucun territoire n’a échappé au filet des enquêteurs.
L’opération s’est même étendue au-delà des frontières de l’Union, touchant la Suisse et les Émirats arabes unis. Sept personnes ont été visées par des mandats d’arrêt européens, dont quatre ont déjà été interpellées en République tchèque, aux Pays-Bas, en Espagne et en Bulgarie.
Dans les coulisses d’une fraude tentaculaire
Le système mis en place relevait d’une ingéniosité criminelle remarquable. La fraude dite « carrousel » à la TVA, spécialisée dans le commerce de produits informatiques et électroniques, reposait sur un principe aussi simple qu’efficace : obtenir des remboursements de TVA sur des livraisons intracommunautaires fictives, alors que cette TVA n’avait jamais été versée aux administrations fiscales concernées.
Mais ce qui rend cette affaire particulièrement préoccupante, c’est l’implication directe d’organisations mafieuses de premier plan. Des clans de Cosa Nostra, la redoutable mafia sicilienne, et deux familles de la Camorra napolitaine ont investi massivement dans ce système, recyclant ainsi des revenus provenant d’autres activités criminelles.
Un coup dur pour le crime organisé
Les chiffres des saisies donnent le vertige. Rien qu’en Italie, les autorités ont gelé 129 comptes bancaires et saisi 192 biens immobiliers. La flotte de véhicules de luxe confisquée comprend 44 voitures et bateaux haut de gamme, témoignant du train de vie fastueux des criminels.
Laura Kövesi, cheffe du parquet européen, n’a pas caché sa satisfaction :
Moby Dick est une enquête déterminante pour le BPGE. Nous faisons aujourd’hui la lumière sur une première affaire d’envergure qui montre qu’il n’existe pas deux mondes criminels distincts. Le crime organisé et la délinquance financière sont intimement liés.
Europol supported @EuProsecutor in a €520M VAT fraud bust.
— Europol (@Europol) November 14, 2024
43 suspects linked to mafia networks were detained, with millions in assets seized.
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Les implications économiques et politiques
L’ampleur de cette fraude met en lumière un problème majeur : chaque année, la fraude à la TVA coûte près de 50 milliards d’euros à l’Union européenne. En Italie, l’évasion fiscale représente plus de 80 milliards d’euros annuels, soit près de 4% du PIB du pays.
La Première ministre italienne Giorgia Meloni a saisi l’occasion pour réaffirmer son engagement : « Cette opération témoigne de l’engagement du gouvernement à lutter contre l’évasion fiscale ». Une déclaration qui prend tout son sens alors que l’Italie intensifie sa lutte contre la criminalité financière.