Résumé :
- La BCE pourrait baisser son taux de dépôt à 2% d’ici fin été 2025, selon François Villeroy de Galhau (actuellement à 2,5%)
- Les marchés anticipent une baisse probable en avril et certaine d’ici juin, suivie d’une autre entre septembre et décembre
- Six baisses de taux ont déjà été effectuées depuis juin 2024, mais la BCE reste prudente sur ses prochaines décisions
- Justification des baisses : désinflation « solide », approche de l’objectif de 2%, et contrebalancer la hausse des rendements obligataires européens
- Les projets allemands d’augmentation des dépenses de défense et d’infrastructure ne devraient pas créer de risque inflationniste, la demande intérieure restant faible en Europe
François Villeroy de Galhau a lâché une bombe dans un entretien accordé au quotidien allemand Frankfurter Allgemeine Zeitung : le taux de dépôt de la BCE, actuellement fixé à 2,5%, pourrait chuter jusqu’à 2% d’ici la fin de l’été.
« Je pense qu’il y a encore de la place pour un nouvel assouplissement, mais le rythme et l’ampleur restent ouverts », a déclaré le banquier central français, offrant ainsi un espoir tangible aux emprunteurs de la zone euro.
Un calendrier qui se précise
La BCE ne chôme pas depuis l’année dernière. L’institution a déjà procédé à six baisses de taux depuis juin 2024, marquant un changement radical de cap après la période de resserrement monétaire.
Si la banque centrale s’est montrée prudente lors de sa dernière réunion, préférant ne pas donner d’indications précises sur sa prochaine décision en raison d’une « incertitude trop élevée », les marchés, eux, ont déjà leur petite idée.
Les opérateurs financiers estiment actuellement à environ 60% la probabilité d’une baisse des taux dès avril. Et ils sont quasiment certains qu’une réduction sera annoncée d’ici juin. Le scénario le plus probable selon eux ? Une dernière baisse entre septembre et décembre, qui ramènerait effectivement le taux de dépôt à 2% d’ici la fin de l’année.
Villeroy lui-même semble valider cette lecture : « Vu d’aujourd’hui, les marchés s’attendent à un taux directeur de la BCE d’environ 2% au cours de l’été« , avant d’ajouter avec une pointe d’humour technique : « C’est un scénario possible, étant donné que l’été en Europe dure de juin à septembre. »
Des banquiers centraux divisés, mais optimistes
L’unanimité n’est pas totale au sein de l’institution monétaire européenne. Certains responsables, comme l’Italien Piero Cipollone et le Grec Yannis Stournaras, plaident ouvertement en faveur d’une accélération de l’assouplissement monétaire.
D’autres, comme l’Irlandais Gabriel Makhlouf et le Slovaque Peter Kazimir, se montrent plus prudents, préférant attendre de nouvelles données économiques avant de trancher.
Cette divergence d’opinions reflète la complexité de la situation économique actuelle. D’un côté, les pressions inflationnistes s’atténuent progressivement, avec une « tendance à la désinflation solide » et une hausse des prix qui se rapproche enfin de l’objectif sacro-saint des 2%.
De l’autre, des facteurs comme la récente hausse des rendements obligataires, particulièrement en Allemagne, ont contrecarré une partie des efforts déployés par la BCE pour assouplir les conditions de financement.
L’impact potentiel des dépenses allemandes
Le projet allemand d’augmentation des dépenses en matière de défense et d’infrastructure représente une nouvelle variable dans l’équation. Ces investissements massifs visent à combler le vide potentiel que pourrait créer un retrait américain de la sécurité européenne, ainsi qu’à maintenir le soutien à l’Ukraine face à l’invasion russe.
Si ces dépenses supplémentaires pourraient théoriquement stimuler la croissance économique, elles soulèvent aussi des interrogations quant à leur impact inflationniste potentiel, surtout si elles sont financées par de nouvelles émissions de dette.
Sur ce point, François Villeroy de Galhau se veut rassurant : « Non, pas nécessairement, car la demande intérieure reste faible en Europe », a-t-il répondu lorsqu’interrogé sur un possible regain d’inflation.
Que signifie cette baisse pour vous ?
Pour les particuliers et les entreprises, cette perspective de nouvelles baisses de taux représente une bouffée d’oxygène bienvenue. Les emprunteurs pourraient voir leurs mensualités diminuer, tandis que l’accès au crédit devrait théoriquement se fluidifier.
Pour les investisseurs, ces indications offrent une précieuse visibilité sur l’évolution future de la politique monétaire européenne, permettant d’ajuster leurs stratégies en conséquence.
En définitive, si les prévisions de François Villeroy de Galhau se concrétisent, l’été 2025 pourrait bien marquer une nouvelle étape dans la normalisation de la politique monétaire européenne, avec des taux directeurs revenant progressivement à des niveaux plus compatibles avec une croissance économique durable.
Reste à savoir si cette détente monétaire suffira à relancer une économie européenne qui peine encore à retrouver son dynamisme d’avant-crise. Affaire à suivre.