Résumé :
- Une déclaration d’urgence énergétique nationale donnera à Trump accès à 150 pouvoirs spéciaux
- Le président veut faciliter massivement l’exploitation des énergies fossiles
- Les mesures environnementales de Biden sont directement visées
- Des batailles juridiques se profilent sur plusieurs fronts
- Le développement de l’intelligence artificielle est au cœur du projet
Donald Trump s’apprête à bouleverser le paysage énergétique américain en utilisant des pouvoirs exceptionnels rarement employés en dehors des situations de crise majeure. Une décision qui pourrait avoir des conséquences radicales sur l’environnement et l’économie du pays.
L’information, révélée par l’agence Bloomberg, fait l’effet d’une bombe dans le secteur énergétique américain. Donald Trump s’apprête à déclarer « l’urgence énergétique nationale » dès son discours d’investiture, une mesure exceptionnelle habituellement réservée aux catastrophes naturelles ou aux attaques terroristes. Cette décision, qui lui donnera accès à pas moins de 150 pouvoirs spéciaux, marque une rupture nette avec la politique environnementale de son prédécesseur.
Les pouvoirs exceptionnels de l’urgence énergétique
Selon le centre Brennan pour la justice de l’Université de New-York, la déclaration d’urgence nationale constitue l’un des outils législatifs les plus puissants à la disposition d’un président américain. En temps normal, ces pouvoirs sont activés pour faire face à des situations de crise majeure, comme des catastrophes naturelles ou des menaces terroristes. Trump entend cependant les utiliser dans une perspective totalement différente : transformer en profondeur le secteur énergétique américain.
🚨 TRUMP sur le point de déclarer une "urgence énergétique nationale" dès son retour.
— MoneyRadar (@MoneyRadar_FR) January 20, 2025
Une décision EXPLOSIVE qui permettrait de DÉMANTELER toute la politique climatique de Biden.
Trump veut doubler la production d'énergie US, autoriser les forages pétroliers sur les terres… pic.twitter.com/aTB1FVfV06
C’est lors d’un discours à la Capital One Arena, devant une foule de 20 000 personnes, que le président élu a dévoilé une partie de ses ambitions. « Nous allons utiliser nos pouvoirs d’urgence pour permettre aux pays, aux entrepreneurs et aux personnes qui ont beaucoup d’argent de construire de grandes usines, des usines d’intelligence artificielle », a-t-il notamment déclaré, liant directement sa politique énergétique au développement technologique du pays.
Un programme de transformation radicale
Le programme énergétique de Trump s’articule autour de plusieurs axes majeurs. En premier lieu, il prévoit de lever le moratoire sur les nouvelles licences américaines d’exportation de GNL, une mesure phare de l’administration Biden. Cette décision vise à relancer massivement les exportations de gaz naturel liquéfié.
Parallèlement, le nouveau président compte supprimer les incitations fédérales en faveur des véhicules électriques, marquant un revirement complet par rapport à la politique de transition énergétique mise en place ces dernières années. Les réglementations concernant la pollution des véhicules et l’économie de carburant, qui avaient permis de réduire significativement les émissions de gaz à effet de serre, sont également dans le collimateur.
Le bras de fer sur les forages offshore
L’un des points les plus controversés du programme concerne l’annulation de ce que beaucoup considèrent comme « le dernier geste pour l’environnement » de Joe Biden. Début janvier, le président démocrate avait interdit tout nouveau forage pétrolier ou gazier offshore sur une zone maritime colossale de plus de 2,5 millions de kilomètres carrés, couvrant la côte Atlantique, la côte Pacifique, l’est du golfe du Mexique (prochainement golfe de l’Amérique, d’après la volonté de Trump) et le détroit de Bering en Alaska.
Cette interdiction, justifiée par Biden comme une nécessité de « protéger ces côtes pour nos enfants et petits-enfants », s’appuie sur une solide base juridique : le « Outer Continental Shelf Lands Act » de 1953. Cette loi, qui donne autorité au gouvernement fédéral sur l’exploitation des ressources du sous-sol marin, ne prévoit pas explicitement la possibilité pour un président d’annuler une telle interdiction sans passer par le Congrès.
L’expérience passée de Trump dans ce domaine n’est d’ailleurs pas de bon augure pour ses projets. Lors de son premier mandat, sa tentative d’annulation d’un retrait similaire des eaux arctiques, décidé par Obama, s’était soldée par un échec devant un tribunal fédéral d’Alaska. Selon Bloomberg, la légalité de cette nouvelle tentative d’annulation sera très probablement tranchée par les tribunaux fédéraux, laissant planer une importante incertitude sur l’avenir de cette mesure.