Résumé :
- Le dollar atteint son plus haut niveau depuis plus de deux ans face à l’euro, à 1,0301
- Les marchés réagissent fortement à la perspective du retour de Trump à la présidence
- La Fed ne prévoit plus que deux baisses de taux en 2025
- Les données économiques américaines surprennent positivement
- Les autres grandes banques centrales mondiales adoptent des stratégies divergentes
Le marché des changes connaît actuellement une période de turbulences exceptionnelles. Ce jeudi 3 janvier 2025, le dollar américain a démontré une fois de plus sa domination sur les principales devises mondiales, atteignant des sommets qui n’avaient plus été observés depuis fin 2022. Cette ascension spectaculaire intervient dans un contexte particulier, alors que Donald Trump s’apprête à retrouver son fauteuil présidentiel, bouleversant les anticipations des marchés financiers.
Les facteurs de la hausse du dollar
L’effet Trump se fait indéniablement sentir sur les marchés des changes. Comme l’explique Russ Mould, analyste chez AJ Bell :
« Il s’agit simplement de la continuation de la tendance à la hausse du dollar observée au cours de la deuxième partie de l’année dernière, en particulier après la victoire de Donald Trump. »
Cette analyse met en lumière l’impact considérable que le futur président exerce déjà sur les marchés financiers.
Les données économiques américaines viennent par ailleurs renforcer cette tendance haussière. Le département du Travail a en effet rapporté une baisse significative des demandes d’allocations chômage, qui ont atteint leur niveau le plus bas depuis avril 2024, avec seulement 211 000 demandes enregistrées pour la semaine s’achevant le 28 décembre. Ce signal positif pour l’économie américaine a contribué à propulser le dollar vers de nouveaux sommets.
Les disparités des politiques monétaires mondiales
Face à cette situation, les grandes banques centrales mondiales adoptent des stratégies différentes, creusant davantage les écarts de valorisation entre les devises. La Réserve fédérale américaine a revu ses projections, ne prévoyant plus que deux baisses de taux pour 2025, contre quatre initialement envisagées. Cette posture plus conservatrice contraste nettement avec l’approche de ses homologues.
Du côté européen, la BCE se trouve dans une position délicate. Confrontée à une croissance atone et une inflation qui se rapproche de sa cible de 2%, l’institution monétaire européenne devrait adopter une politique plus accommodante que son homologue américaine. Cette divergence de trajectoires monétaires explique en grande partie la faiblesse actuelle de l’euro face au dollar.
La situation n’est guère plus reluisante au Royaume-Uni. La livre sterling subit de plein fouet les inquiétudes liées à une économie en stagnation, avec une croissance nulle au troisième trimestre. Les perspectives d’augmentations significatives d’impôts annoncées par le gouvernement travailliste ne font qu’ajouter à la morosité ambiante, pesant lourdement sur la devise britannique.
Le Japon présente quant à lui un cas particulier. Alors que le yen progresse modestement face au dollar, les analystes du Japan Times anticipent un changement majeur dans la politique monétaire nippone. La Banque du Japon pourrait procéder à plusieurs relèvements de taux en 2025, une première depuis trois décennies. Cette perspective de normalisation monétaire, combinée à la faiblesse persistante du yen, pourrait pousser la BoJ à agir dès janvier, comme le suggère Lee Hardman, analyste chez MUFG.