Résumé :
- L’économie chinoise ralentit après des décennies de croissance fulgurante
- Les secteurs immobilier et bancaire traversent une zone de turbulences
- Une transition vers une économie axée sur la consommation intérieure est amorcée
- Des faiblesses structurelles persistent, notamment en matière d’énergie et de démographie
- L’innovation et l’économie des seniors sont au cœur de la stratégie de relance
- Les choix économiques de Pékin auront des répercussions à l’échelle planétaire
Le miracle économique chinois, qui a marqué les quatre dernières décennies, semble avoir atteint un point d’inflexion. Après avoir métamorphosé son paysage socio-économique et arraché des centaines de millions de ses citoyens à la pauvreté, le géant asiatique se trouve aujourd’hui confronté à des défis d’une ampleur inédite. Le modèle qui a propulsé la Chine au rang de deuxième puissance mondiale montre des signes d’essoufflement.
Les piliers traditionnels de sa croissance, à l’instar du secteur immobilier, vacillent dangereusement, entraînant dans leur sillage d’autres pans de l’économie. Face à cette situation, les dirigeants chinois sont contraints de repenser en profondeur leur stratégie de développement. L’heure n’est plus à la simple gestion de crise, mais à une véritable refonte du modèle économique. Les décisions qui seront prises dans les mois à venir pourraient non seulement redessiner l’avenir de la Chine, mais aussi remodeler l’échiquier économique mondial.
Le réveil difficile du dragon économique
L’époque où la Chine affichait une croissance annuelle à deux chiffres semble révolue. Après des années de performances exceptionnelles, l’économie du pays montre des signes de ralentissement. Le Congrès national du peuple a fixé un objectif de croissance du PIB de 5% pour 2024, un chiffre qui, bien que respectable, est loin des sommets atteints par le passé.
Ce ralentissement n’est pas sans conséquence. La Chine, principal partenaire commercial de plus de 120 pays, voit son influence économique mondiale remise en question. Un fléchissement de l’activité chinoise pourrait avoir des répercussions sur près de 80% de la planète, soulignant l’interdépendance croissante de l’économie mondiale.
Au cœur de cette décélération économique se trouve une crise immobilière qui perdure depuis trois ans. Le secteur, longtemps considéré comme le moteur de la croissance chinoise, traverse une période de turbulences sans précédent. Les chantiers abandonnés et les complexes résidentiels déserts sont devenus le symbole d’un modèle de développement à bout de souffle.
Cette crise a des ramifications profondes. Les gouvernements locaux, qui ont massivement investi dans des projets immobiliers et d’infrastructure, se retrouvent aujourd’hui avec une montagne de dettes. On estime que ces dettes officieuses atteignent la somme astronomique de 11 000 milliards de dollars. Ces investissements, autrefois source de croissance, sont devenus un fardeau financier considérable.
🚨 Le secteur bancaire chinois vient d'imploser !
— MoneyRadar (@MoneyRadar_FR) July 10, 2024
40 banques ont disparu en UNE SEMAINE
La Chine fait face à une crise bancaire silencieuse qui va secouer l'économie mondiale. 👇
Les petites banques chinoises sont en train de tomber les unes après les autres.
On parle de 55… pic.twitter.com/XJ4NgblssF
La crise immobilière a inévitablement contaminé le secteur bancaire. Les petits établissements de crédit, qui représentent 13% du système bancaire chinois, sont particulièrement vulnérables. Certains d’entre eux affichent des taux alarmants de prêts non performants, allant jusqu’à 40% de leurs portefeuilles.
Face à cette situation, les autorités ont opté pour une stratégie de consolidation. En juin 2024, pas moins de 40 petites banques ont été absorbées par des établissements plus importants. Cette approche, bien que nécessaire, soulève des questions quant à la stabilité à long terme du système financier chinois. Les experts estiment que l’assainissement du secteur bancaire pourrait prendre au moins une décennie.
Les points faibles de la superpuissance économique
La Chine, en tant que plus grand consommateur d’énergie au monde, fait face à un défi de taille : sa dépendance aux importations de pétrole. Avec une production domestique plafonnant à 4 millions de barils par jour, le pays doit importer en moyenne 10 millions de barils quotidiennement pour satisfaire ses besoins énergétiques.
Cette dépendance rend l’économie chinoise vulnérable aux fluctuations du marché pétrolier mondial et aux tensions géopolitiques. Les principaux fournisseurs de la Chine – l’Arabie saoudite, la Russie, l’Irak et l’Angola – sont tous situés dans des régions sujettes à l’instabilité. Une perturbation majeure de l’approvisionnement en pétrole pourrait avoir des conséquences désastreuses sur l’économie chinoise.
Au-delà de la question énergétique, la Chine fait face à plusieurs défis géopolitiques qui pourraient impacter son économie. Les tensions persistantes autour de Taïwan, bien que légèrement apaisées par une majorité pro-chinoise au parlement taïwanais, restent une source d’inquiétude pour les investisseurs internationaux.
Par ailleurs, les différends territoriaux en mer de Chine méridionale, notamment avec les Philippines, représentent un risque potentiel pour la stabilité régionale. Ces tensions pourraient perturber les voies commerciales maritimes cruciales pour l’économie chinoise.
Côté démographie, les projections indiquent que le pays pourrait perdre jusqu’à 200 millions d’habitants d’ici 2050 (contre 1,4 milliards en 2022). Cependant, ce qui apparaît comme un défi pourrait aussi être une opportunité. Le marché de la « Silver économie », lié aux seniors, pourrait atteindre 2000 milliards de dollars par an en Chine. De plus, le pays est leader mondial dans l’adoption de robots, une solution potentielle pour compenser la diminution de la main-d’œuvre active.
Les signes d’une transition économique en cours
Les chiffres du premier semestre 2024 offrent une image contrastée de l’économie chinoise. D’un côté, le PIB a augmenté de 5,0% sur un an, atteignant l’objectif fixé par le gouvernement. De l’autre, l’inflation reste faible, à 0,2% en glissement annuel en juin, bien loin de la cible de 3%.
Les prix à la production sont en baisse depuis 21 mois consécutifs, signe d’une demande intérieure encore fragile mais les prix à la consommation ont, de leur côté, augmenté de 0,3%. Les ventes au détail ont augmenté de 2%, en deçà des 3,4% attendus, tandis que les ventes automobiles ont chuté de 6,2% au deuxième trimestre.
Malgré ces difficultés, de nouveaux moteurs de croissance émergent. Le marché chinois évolue vers des produits plus haut de gamme, et la production de robots, de véhicules électriques et de produits high-tech maintient une croissance à deux chiffres.
L’attractivité de la Chine pour les investissements étrangers reste forte, avec une augmentation de 14,2% du nombre d’entreprises étrangères créées au premier semestre 2024. Cette confiance renouvelée des investisseurs internationaux est un signe encourageant pour l’avenir économique du pays.
La Chine cherche à réorienter son économie vers un modèle davantage axé sur la consommation intérieure. Cette transition est cruciale pour réduire la dépendance du pays aux exportations et aux investissements dans les infrastructures.
L’épargne considérable des ménages chinois, qui représente environ 110% du PIB, pourrait jouer un rôle clé dans cette transition. Le défi pour le gouvernement est de créer les conditions propices pour que cette épargne se transforme en consommation, stimulant ainsi la demande intérieure.
Les stratégies de Pékin pour relancer la machine
Le gouvernement chinois mise sur la modernisation de son complexe industriel et l’innovation technologique pour maintenir sa compétitivité. Le président Xi Jinping insiste sur l’importance de trouver de « nouvelles forces productives », soulignant l’engagement du pays dans la recherche et le développement de technologies de pointe.
Dans le domaine des semi-conducteurs, crucial pour l’économie numérique, la Chine investit massivement. L’entreprise SMIC (Semiconductor Manufacturing International Corporation) est devenue le deuxième fondeur mondial de semi-conducteurs.
Les autorités chinoises ont entrepris une série de réformes visant à stabiliser et à rendre plus attractif le marché financier. Des mesures ont été prises pour renforcer la régulation, notamment en restreignant les ventes à découvert et en sanctionnant plusieurs fonds quantitatifs.
L’objectif est de créer un environnement plus favorable aux investisseurs particuliers, ce qui pourrait à terme stimuler la consommation grâce à l’effet de richesse. Cette stratégie s’inscrit dans la volonté plus large de Pékin de valoriser le rôle des mécanismes de marché dans l’économie.
Parallèlement, le pays mise sur la robotisation pour compenser la diminution de sa population active. La Chine est déjà le premier pays au monde en termes d’adoption de robots, une tendance qui devrait s’accentuer dans les années à venir.