Résumé :
- L’inflation en zone euro pourrait passer sous la barre des 2% dès septembre 2024
- La BCE envisage une nouvelle baisse des taux lors de sa réunion d’octobre
- La reprise économique fait face à des « vents contraires » malgré un marché du travail résistant
- Certains critiquent la « politique des petits pas » de la BCE, jugée trop lente
Une inflation en chute libre dans la zone euro
L’inflation, ce spectre qui hantait l’économie européenne, semble enfin battre en retraite. Les chiffres parlent d’eux-mêmes. En Allemagne, locomotive économique de l’Europe, l’inflation a chuté à 1,6%. La France n’est pas en reste avec un taux de 1,2%. L’Italie et l’Espagne affichent respectivement des taux de 0,7% et 1,5%. Ces chiffres, impensables il y a encore quelques mois, dessinent une nouvelle réalité économique.
Les analystes, pris de court par cette évolution rapide, prévoient désormais une inflation à 1,8% pour l’ensemble de la zone euro en septembre 2024, après un taux de 2,2% en août. Christine Lagarde elle-même a admis que l’inflation pourrait frôler les 2% dès septembre, bien en deçà du scénario de base établi par la BCE. Cette chute pourrait marquer un tournant historique : pour la première fois depuis mi-2021, l’inflation en zone euro pourrait passer sous l’objectif sacro-saint des 2%.
📈📉 L'épisode inflationniste est passé !
— MoneyRadar (@MoneyRadar_FR) September 29, 2024
L'inflation est retombée a 1.2% en septembre, son plus bas niveau depuis plus de 3 ans
La baisse est plus forte et plus rapide qu'attendue initialement
La BCE va pouvoir baisser ses taux ? 👀 pic.twitter.com/HYxvDIgopW
La stratégie de la BCE face à cette nouvelle donne
Face à cette situation inédite, Christine Lagarde ne cache pas sa satisfaction. « Les derniers développements renforcent notre confiance dans le fait que l’inflation reviendra à son objectif en temps voulu », a-t-elle déclaré lors d’une audition au Parlement européen. Cette confiance affichée n’est pas anodine. Elle laisse présager des changements importants dans la politique monétaire de la BCE.
La réunion d’octobre 2024 s’annonce cruciale. Les marchés, enhardis par les récentes déclarations de Lagarde, anticipent déjà une nouvelle baisse des taux. Plusieurs facteurs viennent étayer cette hypothèse : la détérioration rapide des perspectives de croissance, la baisse des prix de l’énergie, et des indicateurs économiques peu encourageants. Une réduction des taux de 25 points de base semble désormais probable, un mouvement qui aurait été impensable il y a encore quelques mois.
Les défis économiques persistants
Malgré ces signes encourageants sur le front de l’inflation, l’économie européenne n’est pas encore sortie d’affaire. Christine Lagarde elle-même a reconnu que « la reprise est confrontée à des vents contraires ».
Le marché du travail, bien que résistant, montre des signes de modération. La croissance des salaires, longtemps pointée du doigt comme un facteur inflationniste, commence à ralentir. Les entreprises, quant à elles, absorbent une partie de ces augmentations salariales, pesant sur leurs marges. Cette situation paradoxale – une inflation en baisse mais une économie qui peine à redémarrer – place la BCE face à un dilemme cornélien.
Débat autour de la politique monétaire de la BCE
La stratégie de la BCE ne fait pas l’unanimité. Sa « politique des petits pas » est vivement critiquée par certains observateurs qui estiment que l’institution agit trop tard et trop lentement. Eckhard Schulte, analyste chez MainSky Asset Management, n’a pas mâché ses mots :
« La politique monétaire reste inutilement et trop longtemps en zone restrictive. Ce n’est pas une bonne nouvelle pour la zone euro dont la dynamique de croissance ne connaît actuellement qu’une seule direction – celle de la baisse ».
Ces critiques mettent en lumière le délicat équilibre que doit maintenir la BCE. D’un côté, elle doit s’assurer que l’inflation est durablement maîtrisée. De l’autre, elle ne peut ignorer les signaux de faiblesse de l’économie européenne. Chaque décision de la BCE a des répercussions majeures sur l’ensemble de la zone euro, affectant aussi bien les ménages que les entreprises.
Les défenseurs de la prudence de la BCE arguent que l’institution a tiré les leçons du passé. Ils rappellent que l’inflation peut être un phénomène volatile et que des hausses temporaires ne sont pas à exclure, comme l’a d’ailleurs souligné Christine Lagarde pour le quatrième trimestre 2024. Dans ce contexte, une approche mesurée pourrait s’avérer plus bénéfique à long terme pour la stabilité économique de la zone euro.