Résumé :
- Le gouvernement propose une augmentation du temps de travail pour combler le déficit de la Sécurité sociale
- La suppression d’un jour férié fait partie des options envisagées
- Cette mesure vise à compenser 5 milliards d’euros de suppressions d’allègements de charges
- Un retour sur les 35 heures n’est pas exclu du débat
- L’objectif final est d’atteindre un déficit public de 5% du PIB en 2025
En cette période de tensions budgétaires, le gouvernement semble prêt à prendre des mesures radicales. C’est dans une interview accordée aux Échos que le ministre de l’Économie, Antoine Armand, a dévoilé son plan pour redresser les comptes publics. Sa solution ? Faire travailler davantage les Français, une annonce qui intervient alors même que le budget de la Sécurité sociale revient dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale.
Une réforme aux multiples visages
Le gouvernement reste encore flou sur les modalités exactes de cette augmentation du temps de travail, mais plusieurs pistes se dessinent déjà. En effet, l’exécutif jongle avec différentes options, chacune ayant ses implications propres. Parmi elles, l’instauration d’un nouveau jour de solidarité, la suppression d’un jour férié supplémentaire, ou encore la réduction du nombre de jours de congés.
Mais la proposition la plus “audacieuse” vient peut-être de Gérald Darmanin, qui n’hésite pas à mettre sur la table la question sensible des 35 heures. Une remise en cause qui pourrait marquer un tournant historique dans l’organisation du travail en France, près de 25 ans après l’instauration de cette mesure emblématique.
Les motivations du gouvernement sont clairement affichées : il s’agit avant tout de « financer notre modèle de protection sociale », comme l’a souligné Antoine Armand. Cette augmentation du temps de travail permettrait, selon un conseiller ministériel, d’assurer « une hausse des recettes de l’État et plus d’indépendance ».
Plus concrètement, cette réforme vise à compenser la suppression de 5 milliards d’euros d’allègements de charges prévue dans le budget 2025. Une mesure qui inquiète particulièrement les entreprises et le groupe EPR (Ensemble pour la République), craignant son impact potentiel sur l’emploi.
🗣️ Temps de travail : actuellement, "on est à 35 heures payées 35, on pourrait passer à 37 heures payées 37", pointe @ChrisSaintEtien, qui propose "un effort supplémentaire accompli par les travailleurs". pic.twitter.com/49BBOAqams
— LCI (@LCI) October 3, 2024
Les enjeux politiques et économiques derrière cette réforme
Cette initiative n’est pas anodine sur le plan politique. Selon un proche du ministre, elle vise notamment à « rassurer le secteur économique » et à démontrer que la politique pro-entreprise d’Emmanuel Macron « n’est pas morte ». Une fois l’épreuve du budget passée, Bercy n’exclut d’ailleurs pas d’aller encore plus loin dans cette direction.
Les propositions d’Antoine Armand, transmises au Premier ministre Michel Barnier, s’inscrivent dans une stratégie plus large de réforme économique, avec la volonté affichée de maintenir la confiance des acteurs économiques tout en préservant les finances publiques.
Pour rassurer les différents acteurs économiques, le gouvernement a tenu à poser certaines limites. Ainsi, le ministre assure qu’il n’est pas question de toucher au Pacte Dutreil sur les successions d’entreprises, ni de modifier le crédit impôt recherche, deux dispositifs considérés comme des piliers du dynamisme économique français.
Par ailleurs, un comité sera prochainement réuni pour évaluer les modèles économiques de Bercy. Cette décision fait suite au dérapage inopiné du déficit public cette année, qui a conduit à la création d’une commission d’enquête parlementaire. L’objectif reste ambitieux : atteindre un déficit public de 5% du PIB l’année prochaine, quitte à mettre en place de nouvelles économies en cours d’année si nécessaire.