Scandale d’État en Argentine : Comment le président Milei s’est retrouvé au cœur d’une arnaque à la cryptomonnaie

L'Argentine retient son souffle. Son président libertarien, Javier Milei, vient de déclencher une tempête politique qui pourrait bien ébranler son jeune mandat. L'histoire ? Une promotion présidentielle hasardeuse d'une cryptomonnaie qui s'est transformée en véritable fiasco financier.

Javier Milei arnaque crypto LIBRA
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Résumé :

  • Le président argentin Javier Milei a promu une cryptomonnaie ($LIBRA) sur X, provoquant une explosion puis un effondrement de son cours en quelques heures
  • Les créateurs auraient disparu avec 87 millions de dollars, laissant des milliers d’investisseurs avec des pertes massives
  • Le scandale a déclenché des poursuites judiciaires pour fraude et des appels à la destitution du président
  • Milei a tenté de se distancer du projet et lancé des enquêtes internes, tout en reconnaissant avoir eu deux réunions préalables sur le sujet
  • L’incident s’inscrit dans une série de décisions controversées alignées sur Donald Trump, après le retrait de l’OMS et avant un possible retrait des accords de Paris

Tout commence vendredi soir, quand Milei décide de partager sur son compte X personnel un message enthousiaste à propos d’une nouvelle cryptomonnaie baptisée $LIBRA – un nom qui fait écho à son parti « La Libertad Avanza ». Le président y vante un projet qui, selon lui, va « stimuler la croissance de l’économie argentine » et aider les petites entreprises locales. « L’Argentine libérale est en pleine croissance !!! » s’enflamme-t-il, assurant que « le monde veut investir en Argentine. »

L’effet est immédiat. La cryptomonnaie, jusqu’alors quasi inconnue, s’envole littéralement. En quelques minutes, sa capitalisation atteint les 4 milliards de dollars. Les investisseurs, galvanisés par le soutien présidentiel, se ruent sur ce nouveau token. Parmi eux, Agustín Pantano, un avocat de 28 ans et supporter de Milei, qui confie avoir misé sur $LIBRA uniquement à cause du tweet présidentiel.

Mais l’euphorie est de courte durée. Des experts en sécurité crypto commencent à tirer la sonnette d’alarme. Pablo Sabbatella note que le site web du projet a été enregistré la veille même, un signal d’alerte typique des arnaques. Dans les faits, 82% des tokens sont détenus par un seul groupe de portefeuilles. Le château de cartes s’effondre en quelques heures. Le cours plonge de 89%, laissant des milliers d’investisseurs sur le carreau

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Cinq heures après sa publication initiale, Milei supprime son message et tente de se distancer du projet. « Je n’étais pas familier avec les détails », plaide-t-il, « et après m’être informé, j’ai décidé de ne plus le diffuser. » Mais le mal est fait. Les créateurs de $LIBRA auraient déjà disparu avec environ 87 millions de dollars en USDC et SOL, dans ce qui ressemble à une arnaque classique de type « rug pull ».

La classe politique argentine s’enflamme. L’opposition crie au « scandale sans précédent » et réclame la destitution du président. Cristina Fernández de Kirchner, sa principale opposante, dénonce des « millions de dollars perdus » par des citoyens qui faisaient confiance à leur président, « pendant que certains s’enrichissaient grâce à des informations privilégiées. »

Face à la tempête, la présidence tente de reprendre la main. Elle annonce la création d’une unité spéciale d’investigation et saisit le Bureau anticorruption. Milei reconnaît avoir eu deux réunions concernant ce projet, en octobre et janvier, mais nie toute implication dans son développement.

Le dimanche, l’affaire prend un tournant judiciaire. Des avocats et opposants politiques, dont l’ancien directeur de la Banque centrale argentine Claudio Lozano, déposent des plaintes pour fraude. Ils accusent Kelsier Ventures et son PDG Hayden Davis d’avoir orchestré l’arnaque avec la complicité du président.

Cette affaire intervient dans un contexte politique déjà tendu, alors que Milei multiplie les décisions controversées alignées sur Donald Trump – qui a lui-même lancé sa cryptomonnaie meme le mois dernier. Après avoir retiré l’Argentine de l’OMS, le président envisage maintenant un retrait des accords de Paris sur le climat.

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L’Argentine attend désormais de voir si ce scandale crypto pourrait précipiter la chute de son président libertarien, alors qu’un tribunal doit se prononcer lundi sur la suite à donner aux poursuites engagées.

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