Résumé :
- CZ, fondateur de Binance, a commencé sa peine de 4 mois dans une prison fédérale pour violations de la loi bancaire
- Binance ont payé une amende record de 4,3 milliards de dollars suite aux accusations des régulateurs
- La condamnation de CZ est intervenu peu après celle de Sam Bankman-Fried, fondateur de FTX, à 25 ans de prison
Il fut un temps où Changpeng Zhao, plus connu sous ses initiales CZ, régnait en maître sur l’empire Binance, devenant l’une des figures les plus influentes et admirées de l’industrie des crypto-monnaies. En quelques années, cet entrepreneur d’origine chinoise a bâti la plus grande plateforme d’échange de cryptos au monde, attirant des millions d’utilisateurs séduits par sa success story et sa vision d’une finance décentralisée.
Mais aujourd’hui, le roi CZ se retrouve déchu, contraint de troquer son trône pour une cellule de prison. Sa condamnation à 4 mois de détention marque un tournant brutal et vient rappeler que même les géants des crypto-monnaies ne sont pas au-dessus des lois.
Elle illustre aussi la volonté croissante des autorités de réguler et d’assainir une industrie longtemps considérée comme une zone grise propice aux dérives. Retour sur la chute d’une icône des cryptos, de la genèse de Binance aux coulisses de son incarcération, un séisme qui ébranle tout le secteur.
La condamnation de CZ et son incarcération
C’est par un plaidoyer de culpabilité que Changpeng Zhao a scellé son sort en novembre dernier. Le fondateur de Binance a reconnu avoir enfreint la loi bancaire américaine (Bank Secrecy Act) en omettant de mettre en place un programme adéquat de vérification de l’identité des clients (KYC) et de lutte contre le blanchiment d’argent (AML) sur sa plateforme.
Une négligence qui a permis à des acteurs malveillants, dont des groupes terroristes comme Al-Qaïda et l’État Islamique, d’utiliser Binance pour leurs activités illicites. Condamné à 4 mois de prison, une peine en deçà des réquisitions des procureurs, CZ a d’abord transité par le centre de détention de SeaTac près de Seattle.
Son statut de ressortissant canadien le rendait en effet inéligible aux prisons moins restrictives réservées à la plupart des délinquants en col blanc américains. Il a finalement été écroué à la prison de Lompoc en Californie, un établissement à sécurité minimale au régime moins sévère où les détenus passent leurs journées à travailler dans des fermes équestres..
Les accusations contre Binance et les conséquences pour l’échange
Mais la condamnation de CZ n’est que la partie émergée de l’iceberg des déboires judiciaires de Binance. La plateforme a elle aussi plaidé coupable pour blanchiment d’argent et violations des sanctions internationales. Les procureurs accusent Binance d’avoir délibérément ciblé les utilisateurs américains et d’avoir contourné la réglementation dans une stratégie assumée de croissance à tout prix.
L’ardoise est très salée pour l’exchange qui a accepté de payer 4,3 milliards de dollars pour solder ses comptes avec les autorités. Un montant record qui témoigne de l’ampleur des malversations identifiées. Outre cette amende, Binance a dû se séparer de son emblématique leader. CZ a été contraint de démissionner de son poste de PDG, laissant les rênes à Richard Teng, jusque-là en charge des opérations de l’entreprise hors des États-Unis.
Ces développements laissent planer de sérieuses incertitudes sur l’avenir et la stabilité de Binance, même si la plateforme tente de rassurer sur sa solidité financière. Les révélations sur ses pratiques douteuses ont sévèrement écorné sa réputation et sa crédibilité. Reste à savoir si le mastodonte des échanges crypto parviendra à encaisser ce scandale et à regagner la confiance sous sa nouvelle direction.
Les déboires judiciaires des fondateurs de exchanges, symbole d’une industrie crypto sous pression
La descente aux enfers de CZ n’est pas un cas isolé dans le monde des crypto-monnaies. Quelques semaines avant lui, c’est un autre grand nom du secteur qui est tombé de son piédestal. Sam Bankman-Fried (SBF), fondateur de FTX, a écopé d’une peine autrement plus lourde : 25 ans de réclusion. Il a été reconnu coupable d’un vaste système de fraude et de détournement des fonds de ses clients atteignant 8 milliards de dollars.
Avec les nombreux krachs et faillites retentissantes, de Terraform Labs à Celsius en passant par le hedge fund Three Arrows Capital, l’industrie des actifs numériques doit composer avec une pression régulatrice de plus en plus marquée.
Les crypto-monnaies et leurs plateformes d’échanges sont désormais dans le viseur des gendarmes financiers. Aux États-Unis, la SEC (Securities and Exchange Commission) multiplie les actions et pousse pour un encadrement strict de ce far west spéculatif. Une tendance qui se reflète dans le durcissement des législations un peu partout dans le monde, de l’Union européenne à la Chine.
Les poids lourds du secteur, comme Binance et FTX, en ont fait les frais. En s’attaquant à ses figures les plus emblématiques, la justice entend adresser un message clair : l’ère de l’impunité est révolue pour les crypto-monnaies. Un défi existentiel pour un écosystème bâti autour de la promesse d’une finance sans permission.